Infos Business of Thursday, 19 September 2024

Source: www.camerounweb.com

Économie camerounaise : Célestin Tawamba alerte

Économie camerounaise : Célestin Tawamba alerte Économie camerounaise : Célestin Tawamba alerte

Lors de la rentrée économique du patronat, tenue le 18 septembre 2024 à Douala, Célestin Tawamba, président du Groupement des entreprises du Cameroun (Gicam), a exprimé les inquiétudes des acteurs économiques sur les performances du Cameroun face aux objectifs fixés dans la Stratégie nationale de développement (SND30) pour la période 2020-2030. Tawamba a notamment souligné les écarts importants entre les prévisions de croissance et la réalité économique du pays, évoquant également les défis fiscaux, l’augmentation de la pauvreté et l’émigration massive des travailleurs qualifiés.

Le président du Gicam a rappelé que le gouvernement s’était fixé des objectifs ambitieux de croissance économique dans le cadre du DSCE (Document de stratégie pour la croissance et l’emploi) et de la SND30. Le Cameroun devait atteindre une croissance moyenne de 5,5 % sur la période 2010-2020 et de 6,6 % entre 2021 et 2025. Or, les performances observées sont bien en dessous de ces prévisions, avec une croissance réelle moyenne de 4 % entre 2010 et 2020, et de 3,8 % sur la période 2021-2023. Ces écarts, respectivement de 1,5 % et 2,8 %, posent de sérieuses questions sur la capacité du pays à atteindre les objectifs de développement fixés pour 2030.

Selon Célestin Tawamba, les pouvoirs publics attribuent en partie ces contre-performances à la pandémie de Covid-19, dont les effets continuent de se faire ressentir. Cependant, les patrons camerounais s’inquiètent également de la montée de la pauvreté et du sous-emploi. D’après les données de l’Institut national de la statistique (INS), le nombre de Camerounais vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de plus de 2 millions entre 2014 et 2021, atteignant 10,5 millions en 2021. Cette situation représente un défi majeur pour le développement économique et social du pays.

Comme à son habitude, le président du Gicam a critiqué la fiscalité camerounaise, qualifiée de « confiscatoire ». Tawamba a dénoncé le poids écrasant des taxes sur les entreprises du secteur formel, soulignant que les taux effectifs d'imposition se situent entre 60 % et 80 %. Il a également déploré que des entreprises naissantes, voire en difficulté, soient soumises à des prélèvements fiscaux élevés, souvent accentués par des contrôles fiscaux et douaniers fréquents qui aboutissent à des redressements financiers disproportionnés.

Malgré ce constat, il a relevé quelques avancées dans la gestion fiscale, notamment la digitalisation des procédures et certaines réformes visant à alléger la charge fiscale pour les PME. Ces mesures incluent la baisse de l’impôt sur les sociétés (IS) pour certaines entreprises et la mise en place de mécanismes pour améliorer la transparence et l’équité des contrôles fiscaux.

Face à ces défis, le patronat camerounais appelle à une pause fiscale en 2025. Tawamba a plaidé pour une relance économique à travers une loi des finances qui élargirait l’assiette fiscale sans pénaliser davantage les entreprises déjà lourdement taxées. Il a également proposé une réforme de la taxe foncière et de l’immobilier, tout en saluant la création d’un comité qualité au sein de la direction générale des impôts, destiné à promouvoir l’équité lors des contrôles fiscaux.

Le président du Gicam a enfin tiré la sonnette d’alarme sur la fuite des compétences, un phénomène qui s’est intensifié ces dernières années. Entre janvier et avril 2024, près de 6 000 Camerounais ont émigré vers le Canada, portant à plusieurs centaines de milliers le nombre de personnes ayant quitté le pays pour des destinations telles que le Canada et d’autres pays occidentaux depuis deux décennies. Cette tendance, exacerbée par les crises politiques et économiques que traverse le Cameroun, impacte directement la compétitivité des entreprises locales.

Selon Tawamba, de nombreuses entreprises investissent dans la formation continue de leurs employés, mais se voient privées de ces compétences suite à leur départ à l’étranger. Cette situation nuit à la productivité des entreprises et pose des défis à long terme pour le développement économique du pays.