Boubacar Sadiki a rendu l’âme dans des circonstances troubles, alors qu’il tentait de rallier Yaoundé dans un bus de transport en provenance de Ngaoundéré.
Pour son dernier voyage comme être vivant, Boubacar Sadiki n’arrivera jamais à destination. Sa dernière prière sur terre a été faite à Bagofit, petite localité située à quelques encablures de la ville d’Abong-Mbang, dans le département du Haut- Nyong, région de l’Est Cameroun. C’est ici, à mi-chemin, que son corps a été découvert, gisant sur l’asphalte, non loin d’une touffe d’herbe encore recouverte de la rosée matinale de ce mardi 30 novembre 2021.
Il se serait écroulé après avoir accompli la première des 5 prières quotidiennes de l’islam. Celle de l’aube (Fajr).Tout allait pourtant bien jusqu’ici, dans ce bus de transport de la compagnie Touristique Express, parti de Ngaoundéré, dans la région de l’Adamaoua, autour de 18 heures la veille.
La soixantaine de passagers embarquée à bord se rendait à Yaoundé. Assis à l’arrière de Boubacar Sadiki, Albert M. ne se doutait de rien. « À chaque arrêt, il descendait pour se dégourdir les jambes et acheter des amuse-gueules », confie-t-il.
À 5 heures passées de 30 minutes, le bus avait entamé la région de l’Est, lorsque le chauffeur a immobilisé de nouveau son véhicule pour satisfaire la besogne des fidèles musulmans, comme il est de coutume sur cette route nationale N° 10.
« Tous les passagers sortis sont revenus à leurs places. Nous l’attendions impatiemment depuis plus de 30 minutes », fait savoir un autre voyageur . Quelques personnes se sont mises à sa recherche. Son corps sera retrouvé à 150 mètres du point d’arrêt, inerte.
Boubacar Sadiki effectuait ce déplacement pour la capitale en compagnie de sa fille. Une jeune étudiante, la vingtaine à peine dépassée. Père et fille étaient côte à côte sur le même siège. Albert M., le voisin de l’arrière, témoigne qu’ils ont échangés durant la nuit, sans interruption. Pour elle, le choc a été violent.
Billet retour à Ngaoundéré
Avec la dépouille de Boubacar Sadiki comme colis encombrant, les autres passagers ne pouvaient plus prétendre à un voyage sans histoires. L’alerte a été donnée au poste de gendarmerie de Bagofit. Les pandores en faction ont aussitôt accouru.
Après quelques coups de fils passés et une série d’interrogatoires, le voyage pour Yaoundé pouvait enfin reprendre à 7 heures et demie. Le corps de Boubacar Sadiki quant à lui, a été apprêté pour le chemin du retour à Ngaoundéré. Aux dernières nouvelles, il y sera inhumé même si les circonstances de son décès demeurent obscures. Triste réalité.