Des automobilistes préfèrent prendre la route de Tongolo à une heure de la nuit pour ne pas se faire surprendre par des personnes mal intentionnées.
« Mon collègue a été agressé à 23 heures au niveau de l’axe présidentiel le mois dernier. Il revenait d’Emana et son taxi est tombé en panne. Il est sorti vérifier la bougie. Trois gaillards ont fait irruption dans le noir pour vider sa caisse et prendre le téléphone d’un client à bord ». Ce témoignage est de David O. nom d’emprunt. Taximan dans la ville de Yaoundé, il racontait les mésaventures de l’axe lourd présidentiel à ses clients il y a quelques jours au niveau du rond-point Nlongkak. Très fréquenté en journée, cet axe fait peur la nuit tombée.
A partir de 23 heures, la psychose s’installe. Les taxis et certains particuliers préfèrent passer par Tongolo pour rallier Emana-Messassi-Olembé. Des taximen connaissent le mode opératoire de ces « patrons de la nuit ». « Quand ils aperçoivent une voiture de loin, puisqu’il n’y a plus d’embouteillages, ils balancent une planche ou morceau de bois sur la chaussée. Si le chauffeur est distrait, il va déraper. Ils vont donc aller le dépouiller. Vous verrez souvent des voitures dans les ravins sur cet axe le matin », témoigne Yves Joël Ntsama, une victime. Il gare désormais son taxi à partir de 19 heures. « Je ne travaille plus à partir de sept heures du soir. C’est trop de risque. Cet axe n’est qu’un cas parmi tant d’autres coins de la ville où l’insécurité est grandissante ».
C’est à partir de 22 heures que certains commencent à travailler ; et jusqu’au matin. Ils évitent l’axe présidentiel au regard de sa réputation. Antoine Kenfack bifurque une fois au feu rouge Tongolo. « Je n’ai pas encore été agressé au niveau de cet axe. Avec les échos reçus, j’évite ce couloir quand je me rends vers Olembé pour ne pas être surpris. Quand on t’agresse à cette heure, vous ne pouvez plus travailler. Ces bandits peuvent même te poignarder si tu résistes ». Parfois, ces agresseurs sont en complicité avec certains taximen, soutient Jonathan Fru : « J’habite à Olembé. Quand je rentre du marché le soir, je demande au taximan s’il passe par Tongolo avant d’entrer. Il peut aller simuler une panne en plein minuit à l’axe présidentiel pour inviter ses amis à nous dépouiller. Même au niveau de la nouvelle gare routière à Olembé, on enregistre déjà de nombreux cas d’agression. Les gars se dissimulent dans les fleurs pour attaquer ».
Les réverbères qui parsèment cet axe présidentiel une fois la nuit tombée ne dissuadent pas les agresseurs. Ils s’en servent d’ailleurs pour mieux identifier leurs proies à distance. De nombreux appellent à l’installation d’un poste de police dans les environs afin de rassurer les usagers dans la nuit.