Le danger rôde un peu partout dans la capitale : devant les hôpitaux, les églises et autres lieux publics.
Pieds nus, sac à main et chaussures abandonnées dans la nature, Denise O., n’arrête pas de crier ce vendredi à Yaoundé. « Je veux ma voiture. Je l’ai garée ici. Je ne suis pas folle », martèle-t-elle devant le Centre hospitalier universitaire de Yaoundé (CHU). Elle explique qu’elle venait rendre visite à un malade et avait effectivement garé sa Carina II, à l’extérieur de la formation sanitaire. A peine 20 minutes passées à l’intérieur, elle revient découvrir que le véhicule acheté il y a un mois s’est volatilisé. « Dans la précipitation, je n’ai pas eu le temps de fixer le bloque-pédales. Je ne pouvais pas imaginer que les voleurs n’étaient pas loin. Il n’est que 11 h », regrette-t-elle, complètement déboussolée. Plusieurs jours ont passé et toujours pas de bonnes nouvelles.
Denise O. n’est pas la seule dans cette situation. A Yaoundé, devant les églises, les stations-services, dans les marchés et même à l’entrée des morgues, des vols de véhicules sont enregistrés. De source policière, les parkings des principaux hôpitaux de la ville sont particulièrement ciblés par les voleurs de véhicules.
« Ces individus n’ont même pas peur de Dieu. Pendant que les gens prient, eux volent. Et même lorsqu’ils sont en train de pleurer durant une levée de corps, ces malfrats aggravent leur peine. C’est ce qui est arrivé à mon neveu récemment et la voiture n’a jamais été retrouvée », explique Bernard A.
Et plus les jours passent, plus les auteurs de ces mauvais coups peaufinent leurs stratégies. Selon les enquêtes des forces de l’ordre, il apparaît que les voleurs de véhicules n’hésitent plus à employer les grands moyens. En effet, ils embarquent désormais les voitures sur des camions, les dépiècent dans des garages spécialisés pour les revendre en pièces détachées.
« Quand ils ont emporté ma voiture au quartier Ahala, il n’y avait pas de restes de verres sur le sol, juste les traces de roues d’un gros-porteur. Ils devaient avoir une remorqueuse. Ma voiture ne démarrait pas. Ils ne pouvaient que la porter », affirme Jocelyne A., une autre victime.
Gendarmes et policiers se disent assaillis au quotidien d’appels pour vols de voiture. « Nous lançons huit à 12 avis de recherche par jour. Parfois plus. Le plus grand nombre est enregistré en fin de semaine. Le vol de voiture est un vrai phénomène à Yaoundé. Et les véhicules les plus prisés par les malfaiteurs sont les Toyota et déjà les Rav 4 », détaille le commissaire de police Brice Germain Nga Ndoua, coordonnateur des Equipes spéciales d’intervention rapide (ESIR). Il conseille ainsi aux propriétaires de véhicules de les doter de systèmes antivol, pour ceux qui le peuvent. Sans oublier d’informer les hommes en tenue immédiatement après le vol. Et non des jours après.