Il est 9h35mn ce 3 octobre 2023. Une foule immense a pris d’assaut la chaussée derrière le Palais Polyvalent des sports de Yaoundé, au virage déjà accidenté à l’entrée de la paroisse de l’Église évangélique du Cameroun. La circulation est bloquée sur un sens. Des conducteurs de motos ont abandonné au passage leurs engins pour se hisser sur les bordures en béton du drain sur le fleuve Mfoundi. Dans la capitale politique, le trafic en ce moment de la journée est dominé par des véhicules de bureaucrates et autres travailleurs qui pressent le pas pour rejoindre leurs lieux de service.

Des klaxons à n’en plus finir résonnent. Il faut se frayer un chemin au milieu d’une foule qui a les yeux rivés dans l’eau du fleuve Mfoundi. Un corps sans vie vient d’être découvert dans l’eau. En témoigne le gros sac emballant le «paquet», qui laisse apparaître des pieds humains baignant dans l’eau. Sous le pont, un sac rempli est plongé dans l’eau et ne laisse entrevoir que ces membres inférieurs de ce qui ressemble à un être humain. Au milieu de la foule, Ismaël, un «ferrailleur». Le «chasseur» de barres de fer a fait la découverte en pleine «patrouille», et a alerté les riverains. Pieds trempés, le visage dégoulinant de sueur, le garçon raconte la scène : «J’ai déjà vu beaucoup de choses dans ma vie, mais l’autre découverte-ci, jamais. J’ai peur», se contente-t-il à une foule assoiffée de la réalité de ce qu’il s’est passé ici. Le «débrouillard» inhale quelques bouffées de fumée du bâton de cigarette qu’il tient entre ses lèvres.

Plus rien de consistant à se mettre sous la dent. A en considérer le volume, certains croient voir un adulte d’une taille avoisinant le mètre soixante. Un riverain alerté par le «découvreur», est convaincu qu’«il s’agit d’une personne assassinée et dont le corps a été jeté dans ces eaux». Et d’ajouter que «les événements se sont certainement produits dans la nuit de lundi ou alors très tôt ce matin». Mais le contenu ne sera pas entièrement découvert. Du moins pour les plus pressés. La police et la gendarmerie arrivées sur les lieux, déclinent leurs responsabilités face à la nature de la situation. Au moment où le reporter quittait les lieux, les éléments des Sapeurs-pompiers étaient encore attendus, pour extraire le paquet des eaux.

Aux dernières nouvelles, les soldats du sauvetage sont arrivés peu après midi, et ont extrait le macchabée qu’ils ont déposé à la morgue de l’Hôpital central de Yaoundé. Une enquête a été ouverte à la Brigade de gendarmerie de Madagascar située dans l'arrondissement de Yaoundé II.