La scène tragique se passe le 14 novembre 2016 au quartier Obili à Yaoundé lorsque le maréchal-de-logis chef Manga Désiré, occupe le siège de Assougou Ndzana André, à un point de jeu de « songo » situé à la cour du substitut du chef traditionnel du bloc avant le carrefour de la Garde présidentielle.
Il y a presqu’un an, le 14 novembre 2016, le quartier Obili à Yaoundé a vécu une tragédie commencée comme un roman de gare. Cette après-midi, il est 14 heures lorsqu’ à en croire des témoignages, feu Assougou Ndzana André, 57 ans, quitte le siège qu’il occupait à un point du jeu de « songo ». Juste après, nous renseigne-t-on, le maréchal-de-logis chef Manga Désiré, 36 ans et pratiquant d’arts martiaux, le remplace. Nos recoupements laissent alors entendre que revenu du petit coin où il était parti se soulager, Assougou Ndzana André trouve son siège occupé par le gendarme. « Mon fils, c’est ma place », lui avait alors dit le quinquagénaire. « Va te balader et fous-moi le camp », lui répondit le gendarme. Convaincu par l’assistance d’aller s’asseoir ailleurs, Assougo Ndzana André obtempéra. Seulement, la volée de bois vert ne prit pas fin.
L’on raconte alors que les deux hommes qui habitaient tous le quartier Obili, et devaient se connaitre, se livrèrent au dénigrement mutuel. Revenu des Etats-Unis en 2012 où il vivait, Assougou Ndzana André vivait sous le toit d’une de ses sœurs à Obili. « Tu es revenu des Etats-Unis sans un rien, sans un sou », lui aurait alors balancé le gendarme. Et l’homme de 57 ans de lui répondre : « Toi aussi, tu es rien, parce que tu vis chez ta belle-mère avec femme et enfants ».
Toute chose qui envenima alors les joutes verbales. « On ne me manque pas de respect », grogna alors Manga Désiré, menaçant de porter atteinte à l’intégrité physique de Assougou Ndzana André qui aux dires des témoignages, lui répondit : « Mon fils, si tu me frappes, ce ne sera pas un exploit. Tu n’auras seulement frappé qu’un petit vieux ». Scène qui selon notre enquête, se passait au nez et à la barbe de Sa Majesté Abéga Manda, substitut du chef traditionnel de céans, lequel demanda alors au maréchal-de-logis chef, de renoncer à son projet de bastonnade.
Par ailleurs, Camer.be s’est laissé conter que plusieurs joueurs de « songo », pour mettre fin au différend, avaient conduit le gendarme dans un bar où ce dernier prit une boisson Coca-Cola, tandis qu’Assougou Ndzana André lui allait au bar nommé « Réactor », sis au carrefour Obili. Des témoins racontent alors qu’une source aurait renseigné le gendarme sur le bar où se trouvait déjà Assougou Ndzana André qui y sirotait alors une bouteille de Guinness petit modèle. « Quelques temps après, le gendarme qui par ailleurs pratique les arts martiaux, a fait un tour éclair chez lui, et en compagnie de quelques amis, est venu retrouver étrangement Assougou Ndzana André au bar « Reactor ». Des confidences affirment qu’une fois le « vieux » repéré, le gendarme aurait envoyé un des ses amis le provoquer. « Un ami du gendarme s’était levé, et avait arraché la boisson de Assougou Ndzana qui n’avait pas admis cet affront, et avait fait volte face pour recouvrer sa petite Guinness », nous confient des personnes ayant vécu la scène.
Le coup fatal
Il est alors 20 heures lorsque l’irréparable va se produire. Voyant la scène, affirme-t-on, le maréchal-de-logis chef Manga Désiré se lève brusquement, va vers le vieil homme, et tout en lui demandant « encore toi !?», exécute un mouvement appris dans les arts martiaux, pivote sur lui-même, et assomme Assougou Ndzana André d’un terrible tranchant au cou. Le coup est fatal. Violemment frappé et sans s’y attendre, Assougo Ndzana tombe sur son crâne qui se fend alors. L’infortuné a été frappé à mort par le gendarme de 36 ans, et n’émet plus que quelques petits gémissements qui devraient sceller son sort. Voyant l’irréparable, Manga Désiré veut retourner chez lui, et l’assistance lui demande la logique de cette décision, alors qu’il vient de frapper un homme de 57 ans qui ne donne plus signe de vie. Le malheureux qui selon certaines personnes présentes était déjà mort, est transporté dans un taxi pour le CHU de Yaoundé. Un médecin qui passait par là, lui touche le pouls et déclare que Assougou Ndzana est déjà mort. Mais en homme de science appliquée, il avoue ne peut avoir la logistique nécessaire pour être péremptoire dans cette assertion. Inerte, Assougou Ndzana est conduit aux urgences du CHU de Yaoundé, après que le gendarme a obtenu un emprunt de 1000 FCFA auprès de quelqu’un, pour désintéresser le taximan.
Le CHU confirme la mort par arrêt respiratoire (« suite à une simple bousculade ») de l’homme de 57 ans, et demande que le corps soit mis à la morgue. Très remontée contre le rapport médical complaisant du CHU, la famille de Assougou Ndzana André commande une contre autopsie qui selon un membre de la famille contacté par Camer.be, conclut à un « traumatisme crânien grave ». Une thèse unanimement acceptée par tous les témoins d’un heurt banal commencé ce 14 novembre 2016 à 14 heures, et qui six heures plus tard, se terminera par la mort d’un des protagonistes.
Après le CHU, le rôle trouble de la gendarmerie et de la Justice dans des enquêtes qui délaissent une pauvre famille sans influence
Portée à la connaissance du secrétariat d’Etat à la gendarmerie (Sed), les enquêteurs à la stupéfaction générale, parlent alors avec beaucoup de désinvolture et de condescendance, d’ « un saoulard qui serait tombé dans un bar ». Votre journal apprend alors que la brigade de gendarmerie de Mvog-Betsi (Obili, Yaoundé), avait elle, conclu à un « homicide involontaire ».
Larguée par les Hommes de Jean-Baptiste Bokam, la pauvre famille comprend alors que les bérets rouges, ne sentant aucune force menaçante en face d’eux, ont décidé de protéger le maréchal-de-logis chef Manga Didier, et pire, de faire de la mort d’un Homme, une choquante banalité. Marginalisée, la famille du défunt croit alors fermement que la Justice camerounaise lui ferait justice. L’affaire est enrôlée au Tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi à Yaoundé. Meka le procureur de céans, convoque le gendarme, et le laisse repartir libre. « Nous nous sommes constitué partie civile, et nous nous présentions au Tgi tout le temps, et le juge Obama nous refoulait autant de fois», confie choqué, un membre de la famille du défunt. Et de conclure les larmes aux yeux, que « le dossier a été transmis en mai dernier au juge Thieulep ».
Déjà, l’on apprend que c’est quasiment après avoir incessamment importuné le Tgi, que le dossier sur la mort de Assougou Ndzana André, a été sorti des tiroirs. « On nous répondait toujours que c’est (le dossier judiciaire, Ndlr) perdu. Ayant été sorti de la présidence de la République où il travaillait, l’on apprend que le maréchal-de-logis chef Manga Désiré qu’on dit peu discipliné, avait été affecté à Bamenda où trois mois après la décision, il ne s’y était pas encore rendu.
Entretemps, Assougou Ndzana André inhumé en décembre 2016, dans la Mefou et Akono (région du Centre) son village natal, s’est joint à ses pairs.
Vivement une Justice juste, impartiale et équitable pour la vraie promotion de la paix sociale et du vivre ensemble.