Diaspora News of Friday, 7 February 2025

Source: www.camerounweb.com

12 000 diplômés camerounais ont quitté le pays en 2024

La fuite des talents camerounais atteint un niveau critique La fuite des talents camerounais atteint un niveau critique

Le Cameroun est confronté à une vague sans précédent de fuite des cerveaux. Face au chômage élevé, aux bas salaires et à la précarité économique, de nombreux jeunes diplômés choisissent de s’expatrier vers des destinations plus attractives, notamment le Canada et l’Europe. Selon le journal L’Économie, cette tendance s’est accélérée ces dernières années, mettant en péril le développement socio-économique du pays.

Le taux de chômage réel au Cameroun atteint désormais 74 %, bien au-dessus des chiffres officiels qui minimisent souvent l’ampleur du phénomène en incluant les emplois informels et sous-employés. Le pays affiche un salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de seulement 41 875 FCFA (environ 63 euros) par mois, insuffisant pour couvrir le coût de la vie dans un contexte marqué par une inflation croissante, qui a atteint 5,7 % en 2024.

Cette situation pousse de plus en plus de jeunes diplômés à envisager une carrière à l’étranger, où les perspectives d’emploi sont plus prometteuses et les conditions de travail plus avantageuses. Selon une étude de la Banque Mondiale, plus de 40 % des jeunes diplômés camerounais aspirent à quitter le pays dans les cinq prochaines années.

Le Canada s’impose comme la destination privilégiée des Camerounais en quête d’opportunités professionnelles et académiques. Entre 2022 et 2023, le nombre de départs de jeunes qualifiés vers le Canada est passé de 5 200 à 15 700, soit une augmentation de plus de 200 % en une seule année. En 2024, le Cameroun est devenu le deuxième plus grand pourvoyeur de main-d’œuvre immigrée au Canada, derrière la France. Cette année-là, plus de 12 000 diplômés camerounais ont obtenu un permis d’étude ou un visa de travail dans le cadre des programmes d’immigration canadienne.

Ce phénomène est largement alimenté par les politiques d’immigration attractives du Canada, notamment les programmes de résidence permanente pour les travailleurs qualifiés et les étudiants étrangers.

L’exode des compétences pose un défi majeur pour le Cameroun, notamment dans les secteurs stratégiques tels que la santé, l’ingénierie et les technologies de l’information. Selon des estimations de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus de 30 % des médecins formés au Cameroun exercent aujourd’hui à l’étranger, contribuant à une pénurie croissante de professionnels de santé dans le pays.

Face à cette situation, des initiatives ont été lancées pour retenir les talents, telles que des incitations fiscales pour les entrepreneurs et des partenariats public-privé pour dynamiser l’emploi des jeunes. Toutefois, les efforts restent insuffisants pour freiner cette hémorragie qui menace le développement du pays. Le défi pour les autorités camerounaises est désormais de créer un environnement économique et social propice à l’épanouissement des jeunes talents, afin d’éviter que le Cameroun ne continue à perdre ses ressources humaines les plus précieuses au profit des pays occidentaux.