Les camionneurs camerounais sont en grève pour protester contre l'insécurité sur l'axe qui relie Garoua Boulaï à Bangui, la capitale centrafricaine. Depuis plusieurs semaines, les incidents se multiplient. Un routier camerounais a même été tué le 18 juillet dernier dans une attaque alors que le convoi était pourtant escorté par les casques bleus. Résultat : les camionneurs camerounais refusent de desservir Bangui depuis près de deux semaines, les prix flambent et les produits de première nécessité commencent à manquer.
Au marché du PK5, à Bangui, ce n'est pas encore la panne sèche, mais ça ne saurait tarder. Dans son échoppe où il vend des produits de première nécessité, Ibrahim Daouda n'a quasiment plus rien. « Il manque de la farine, du sel, de l’huile. Tout manque ». Ibrahim Daouda estime lui qu'il ne pourra tenir que « deux ou trois jours». « Si d’ici deux ou trois jours, on n’a pas la livraison des marchandises, on sera obligés d’arrêter », s'inquiète-t-il.
Depuis le blocage du corridor qui relie le Cameroun à Bangui, tous les prix ont augmenté. Mohammed en a fait les frais. « Auparavant la farine, on la vendait à 27 000 [CFA] (soit 41 euros), maintenant on vend ça à 37 500 (soit 57 euros). Ça devient cher. Il y a certains clients qui ne sont pas venus (à cause des) prix qui ont monté ».
Les prix ont « doublé »
L'augmentation des prix fait logiquement fuir les acheteurs potentiels. Dans sa quincaillerie, Ibrahim ne vend quasiment plus de boulons, ses prix ont doublé depuis quelques semaines. Son chiffre d'affaires lui n’arrête pas de baisser. « Avant on vendait quasiment 30 000 (45,6 euros), 40 000 francs CFA (60,80 euros). Mais maintenant avec ce qu’il s’est passé les gens ne viennent plus au marché. On ne vend que 15 000 (22,8 euros), 20 000 francs (30,40 euros), 12 500 (19 euros) et c’est tout ce qu’on peut vendre ».
Les commerçants sont unanimes et lancent un appel à la Minusca et au gouvernement : il faut sécuriser cette route martèlent-ils, sinon ils ne pourront plus continuer.