Diaspora News of Monday, 12 June 2017

Source: www.camerounweb.com

Un Camerounais de la diaspora touche le coeur de Paul Biya

Vous seul, Monsieur Le Président, avez la possibilité de changer la situation -Patrice E. SILO EDIMO Vous seul, Monsieur Le Président, avez la possibilité de changer la situation -Patrice E. SILO EDIMO

La situation socio-politique du Cameroun préoccupe bon nombre de personnes dans la diaspora. Et ces Camerounais restés en majorité en occident contribuent tant bien que mal pour sortir le pays de du gouffre dans lequel il se trouve. C’est dans cette logique que Patrice EKWE SILO EDIMO, militant du Mouvement Progressiste en France et par ailleurs membre fondateur du Conseil des Camerounais de la Diaspora de France, a adressé une lettre digne d’un testament à Paul Biya.

Dans cette lettre ouverte, le fils du pays fait un tour d’horizon de la situation socio-politique de ce pays dont les populations continuent de tirer le diable par la queue. A la situation économique désastreuse du pays, Patrice EKWE SILO EDIMO attire l’attention du Président de la République sur le désordre qui s’installe dans les différents secteurs de la vie du Cameroun comme la justice, la police, la santé et l’éducation pour ne citer que ceux-là. Il fait aussi remarquer que « lorsqu’on regarde la situation économique et sociale du Cameroun aujourd’hui, seuls le Gouvernement RDPC avec les partis politiques qui le soutiennent et les partis de l’opposition, continuent à croire qu’ils détiennent la solution de nos problèmes », ce qui selon lui relève du mensonge.


Après avoir fait la genèse des différents échecs du système Biya et de son RDPC, Patrice EKWE SILO EDIMO montre la voie à suivre pour une sortie de crise qui sera salutaire pour le peuple Camerounais. Ses propositions sont aussi tournés vers l’opposition qui selon lui ne pourra pas tout seul sortir le pays du tunnel dans lequel il se trouve

Voici l’intégralité de la lettre ouverte que Patrice EKWE SILO EDIMO a adressé à Paul Biya.

Monsieur Le Président, Malgré toute la considération que nous devons à vos hautes fonctions, notre rôle en tant que Camerounais, c’est de vous parler sans filets, sans zigzags du marasme dans lequel nous sommes.

Le Cameroun ne va pas bien. Voilà trop longtemps que peu à peu nous sombrons! Depuis longtemps maintenant, l’exercice quotidien des Camerounais est de regarder impuissants nos rues se dégrader, nos talents fuir, nos jeunes exploser, notre pays s’appauvrir: baisse de niveau de vie, le chômage devient héréditaire et croît à une vitesse grand V – surtout le chômage des jeunes - la cohésion sociale en danger etc. Nous vivons aujourd’hui une crise sociale sans précédent – nous vivons aussi une crise politique. La fracture est profonde.

Nous avons aujourd’hui, un peuple démotivé et démoralisé, où les INSECURITES et la VIOLENCE atteignent des niveaux records, des secteurs entiers de la vie de la Nation sont en proie au doute et au désordre: Justice ; Police ; Santé ; Education.

Les Camerounais sont inquiets pour leur avenir, pour l’avenir de leurs enfants. Chaque jour, nous mesurons les difficultés de vivre au Cameroun. Le chômage, la pauvreté, les maladies, l’insécurité, la misère et le mal être font désormais partie de la vie quotidienne des Camerounais. Le Cameroun est aujourd’hui à la dérive ; il suffit de voir le désastre économique, social et politique dans lequel il est plongé. Ce pays, votre pays, notre pays, le Cameroun vous interpelle, interpelle tous les leaders politiques de l’opposition comme ceux de la majorité présidentielle.

Nous sommes arrivés à un point où ni le Gouvernement RDPC et les partis politiques qui le soutiennent, ni les partis de l’opposition ne peuvent plus rien pour l’amélioration des conditions de vie des Camerounais.

Pour les partis politiques et mouvements de la société civile de l’opposition, faire croire à la population camerounaise ou donner de l’espoir à une « ALTERNANCE » en 2018, à laquelle nous ne croyons plus, est un « LEURRE ».

Lorsqu’on regarde la situation économique et sociale du Cameroun aujourd’hui, seuls le Gouvernement RDPC avec les partis politiques qui le soutiennent et les partis de l’opposition, continuent à croire qu’ils détiennent la solution de nos problèmes. Par tactiques pour les uns. Par des buts de conquête du pouvoir, surtout de « REVANCHE », pour les autres. Avec l’objectif à satisfaire à la fois les ambitions de leurs leaders, et la volonté d’hégémonie de certains partis politiques sur les autres.

Conséquence, la situation des Camerounais devient un enjeu détourné vers les manœuvres, arrangements partisans. La Souveraineté du peuple est alors confisquée par les partis politiques qui ne raisonnent plus en fonction de l’intérêt général des Camerounais et du Cameroun, mais simplement au nom de leurs dialectiques propres.

Depuis 1990 que le Cameroun a fait une « Révolution », en se dotant d’une « Démocratie » à partir de la loi sur le multipartisme, aujourd’hui, nous sommes sur le point d’en revenir et à faire appel à un TET’EKOMBO ou à un UM NYOBE pour arracher le Cameroun à ses démons.

Monsieur Le Président,

Ayant gagné l’élection présidentielle en 1992 et les suivantes, acceptez que nous vous fassions remarquer qu’aujourd’hui, qu’il vous faille devenir et rester un véritable Chef de l’Etat, et non plus Chef d’une coalition politique, d’un « clan ». Et surtout l’image que vous avez donnée de vous-même à travers ses trente-trois (33 ans) années de présidence, c’est d’être le Président du seul peuple RDPC. Nous pensons que ce fut votre erreur, surtout au lendemain de votre victoire d’octobre 1992.

Dans la situation socio-économique du Cameroun ci-dessus, vous en conviendrez avec nous, Monsieur Le Président, qu’il faudrait clarifier au plus vite, et vous le pouvez, car beaucoup d’entre nous, et nous sommes nombreux, militants M.P, UDC, SDF et autres, qui vous avons combattu hier, à admettre que nos Institutions sont telles que vous, Président de la République, vous en êtes le Chef de la Nation. Vous assumez la responsabilité de la conduite des affaires du Cameroun.

C’est un atout considérable qui vous est offert, une chance inespérée. Il serait regrettable que vous ne sachiez en tirer le meilleur parti, pour vous-même. Nous pensons que, à partir de ces quelques pages, vous pouvez assurer votre durée, votre continuation, voire votre réélection en 2018, surtout le bénéfice que le pays et les Camerounais peuvent en tirer !

Il s’agit pour vous, surtout pour le Cameroun, Monsieur Le Président, de vous mettre au-dessus des partis politiques. Ils sont aujourd’hui dans un tel état de délabrement, qu’ils soient sous la conduite des Personnalités comme NI JOHN FRU NDI, JEAN-JACQUES EKINDI, NDAM NYOYA AROUNA, etc. y compris même le vôtre, c’est-à-dire le RDPC, qui font l’objet d’un rejet de la population camerounaise.

Dans tous les cas, nous constatons que le régime des partis politiques aujourd’hui au Cameroun, avec le climat de guerre civile qu’il génère, nous conduit, conduit le Cameroun, à la paralysie, à l’immobilisme, voire au déclin.

Si la République du parti unique est morte depuis 1990, va-t-on, Monsieur Le Président, à nouveau sacrifier l’« Etat de droit » et des jeunes générations qui en pâtiront du désordre économique, social et politique qui se découlera, pour avoir oublié de négocier le virage des mutations et restructuration qu’impose le XXIe siècle ? C’est pourtant ce que nous redoutons, Monsieur Le Président, si vous-même et votre parti, le RDPC, persistent à s’en remettre aux partis politiques traditionnels pour régler le sort de l’avenir du Cameroun !

Monsieur Le Président,

Ce n’est pas d’hier que datent nos problèmes, et c’est l’aveuglement - l’inconscience - l’entêtement - l’illusion - de cette classe politique ou son refus de regarder les choses en face qui, depuis 1992, nous ont conduit là où nous sommes, c’est-à-dire dans l’impasse !

Monsieur Le Président,

Ni votre parti, le RDPC, déconsidéré par 33 ans d’exercice d’un pouvoir absolu, ni les partis d’opposition disqualifiés par ses divisions d’aujourd’hui, encore moins la société civile, ne sont crédibles pour assurer la préparation de notre avenir.

Même si l’opposition politique devenait majoritaire demain, nous ne saurons pas en mesure à redresser le processus de dégradation dans lequel nous sommes engagés. Processus qui ne vous est pas entièrement incriminable, même si vous l’avez considérablement aggravé depuis 1992.

Nous pensons que, aujourd’hui, le RDPC n’est pas en mesure de rassembler la majorité des Camerounais, sinon par la « duperie – l’illusion », encore moins les partis de l’opposition, avec sa pléthore de « présidentiables » qui n’ont pas fini de s’entredéchirer pour tenter d’imposer leurs leaderships respectifs.
Il ne vous reste donc plus, Monsieur Le Président, en tant que le Chef de la Nation, qu’à « RASSEMBLER » les filles et fils du Cameroun dans une « Union Nationale ». Nous pensons à une action gouvernementale de nature à mobiliser toutes les énergies, du RDPC au SDF en passant par le M.P, UDC, UPC, ANDP, le MRC, la société civile, etc. dans le redressement de nos tissus économiques, sociaux et culturels. Sans que vous ayez à vous en attribuer le mérite, à vous ou à vos amis politiques. Mais simplement parce qu’il est de votre responsabilité, en tant que Chef de l’Etat, de tout mettre en œuvre pour sortir le Cameroun à ses démons, surtout de ses retards.

Monsieur Le Président,

Ces quelques pages n’ont d’autres visées que de vous convaincre de l’URGENCE et de la nécessité de réunir tous les enfants du Cameroun. Nous appelons aussi au bon sens des Camerounais, cette valeur qui reste la mieux partagée, y compris en ces temps d’éparpillement, mais aussi à la tolérance, au rassemblement, pour s’attacher un peu plus à préparer les voies de l’avenir. Avec une réelle volonté d’espérance.

Le Chef de l’Etat ne doit pas être un Chef de parti, ni de coalition. Il ne vous reste plus, si vous voulez assurez la durée de votre pouvoir qu’à vous placer au-dessus des partis politiques, et votre destin aura trouvé son couronnement, et vous en serez pardonné, si enfin, vous vous décidez à agir dans l’intérêt du Cameroun et des Camerounais.

Vous apercevriez-là, ainsi que nous vous le proposons, l’occasion exceptionnelle de frapper à la porte de l’Histoire, avec une chance réelle qu’elle vous appelle à entrer.

Pendant plus de 33 ans, Monsieur Le Président, nous vous avons contredit–contesté– critiqué–voire même détesté, quelquefois transgressé.

Que l’on vous aime ou que l’on ne vous aime pas, il faut se rendre à l’évidence : vous conduisez les affaires du Cameroun, vous êtes le Chef de la Nation, tandis que les leaders de l’opposition se délaissent aux délices de leurs querelles fratricides. Monsieur Le Président, c’est à vous d’infléchir le cours de nos destins et le cours de l’Histoire.

En politique, rien n’est simple et rien n’est jamais définitif, tant que les hommes et les femmes ne sont pas morts.

Aujourd’hui, l’essentiel, c’est de sortir le Cameroun du marasme et du déclin. Vous seul, Monsieur Le Président, avez la possibilité de changer la situation, pour peu que vous décidiez à prendre de la hauteur et à présider véritablement l’Etat du Cameroun – et vous mettre au-dessus des partis.

Car être du RDPC ou de l’opposition ne signifie plus rien si cela doit conduire, comme c’est le cas aujourd’hui, à la paralysie, à l’impuissance, au désastre.

Il ne s’agit pas de demander les Camerounais à se rallier à une politique qui, vous le savez bien, est un échec. Il s’agit, puisque l’opposition politique n’a plus rien à nous proposer que le triste spectacle de ses magouilles politicardes, de vous inviter à conduire une politique d’« Union Nationale » qui puisse répondre aux inquiétudes des Camerounais !

C’est possible si vous savez être le Président de tous les Camerounais, et non plus Le Président d’une seule composante, le peuple RDPC. Vous vous préserverez en sauvant le Cameroun, et l’Histoire, à qui il arrive d’avoir la mémoire sélective, ne retiendra que ce dernier geste. Elle oubliera alors vos nombreuses erreurs, pour ne retenir que votre COURAGE.

Mais nous sommes adultes et n’avons besoin que de courage et de chef qui sache rassembler les Camerounais dans cet effort de tous, sans sectarisme.

Tel est notre appel !

Dans l’espoir que vous n’épargnerez aucun effort en vue de garantir, le progrès, la justice, la paix et la tranquillité des Camerounais dans toutes ses composantes, nous vous prions de croire, Excellence, Monsieur Le Président, à notre très haute considération.

Patrice EKWE SILO EDIMO
Militant du Mouvement Progressiste en France
Membre fondateur du Conseil des Camerounais de la Diaspora de France