Une pétition pour maintenir un prêtre camerounais en poste à Hermiès Par Lavoixdunord.fr - 11/08/2016 L’abbé Alexis Marie Onomo est prié de par l’évêché d’Arras de rentrer au Cameroun pour avoir forniqué avec une paroissienne. Le village se mobilise contre cette décision
C’est une histoire aussi délicate que rocambolesque. Le curé d’Hermies est prié par l’évêché d’Arras de rentrer au Cameroun, alors qu’il fait l’unanimité dans la commune française du Sud Arrageois. Une pétition circule, des jeunes se mobilisent. L’abbé a eu quelques moments d’égarement avec une paroissienne…
Un village qui se lève pour garder son curé, on ne voit pas ça tous les jours. Lorsque ce sont des jeunes d’à peine 20 ans qui sont les fers de lance du mouvement, c’est totalement inédit. Avec quelques amis, Dylan Lancelle, étudiant de 22 ans a créé cette semaine la page Facebook «On veut garder notre abbé». Il va aussi prendre la plume pour écrire directement à l’évêque d’Arras, Mgr Jaeger.
Un peu plus âgé, Christophe Martel s’occupe, lui, de faire du porte-à-porte dans le village de 1 200 habitants situé à quelques encablures de Bapaume. Même mot d’ordre sur la pétition qu’il fait signer (la grande majorité des gens accepte, dit-il) : laissez-nous notre abbé !
Aucun d’entre eux n’est paroissien ; ils ne mettent jamais les pieds à la messe. Mais en à peine un an dans la commune (il était auparavant à Bapaume), l’abbé Alexis Marie Onomo est devenu pour chacun «un ami». «Il est venu vers nous, nous a invités chez lui. Il est très avenant, jovial. Il nous raconte des anecdotes sur le Cameroun, on va au presbytère jouer du tam-tam», dit Dylan.
© Droits réservés «Un prêtre moderne»
Un barbecue est prévu ces prochains jours au presbytère. L’abbé de 58 ans a même passé le Nouvel an avec ce groupe de jeunes ! «Il n’avait rien de prévu, raconte Corentin Capelle, 15 ans. Il est venu, il a dansé avec nous, on s’est bien amusé. » Christophe Martel abonde : «C’est quand même mieux d’avoir un prêtre moderne ! Il les a pris en main, c’est exceptionnel. On manque de curés en France mais on le renvoie. Il est temps que l’Église évolue!»
L’abbé Alexis Marie Onomo n’est pas « renvoyé ». La convention liant son diocèse d’origine au Cameroun, Obala, n’a pas été renouvelée par le diocèse d’Arras alors qu’il avait la possibilité de rester trois ans de plus. «C’est une raison interne à l’Église, dit, en langage diplomatique, le vicaire général Vincent Blin. Quand un prêtre africain vient, soit il s’adapte et ça se passe bien, soit il y a des problèmes. Là, on pense qu’il vaut mieux qu’on arrête la collaboration.»
Il s’est «oublié» avec une paroissienne
En vérité, M. Onomo s’est sans doute un peu trop bien adapté et intégré à la population locale. En tout cas aux yeux de l’évêché. Il a confessé s’être «oublié» avec une paroissienne. «Bah… Si on renvoyait tous les curés qui fautent, il n’y en aurait plus beaucoup !», lance Jacques Capelle, maire d’Hermies, mi-amusé, mi-sérieux. L’élu a envoyé la semaine dernière un courrier à l’évêque, réclamant un peu d’indulgence à l’égard du père Onomo. «Avec lui, on a remis le presbytère en état et il y a de nouveau de messes dans le village. Il apporte aussi la communion aux malades et célèbre des offices à la maison de retraite.»
L’abbé aurait bien prolongé son bail dans l’Arrageois. Il avait pour projet de monter une association avec les jeunes. En attendant, il se dit très touché par les soutiens reçus. «Ça me va droit au cœur de voir à quel point ils sont attachés à ma modeste personne.» Sauf retournement de situation, il rentrera au Cameroun à la fin de l’été.
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