A travers ses œuvres, ce sculpteur camerounais, redonne une seconde vie aux arbres morts.
Du bois, Kepfoubé Armand fait jaillir l’humanité des choses. Profondément influencé dans son travail par ses origines sahéliennes, ce fils de l’Extrême Nord Cameroun fait partie de ces artistes qui interpellent parce qu’ils sont en perpétuelle recherche afin d’enrichir leur univers qui évolue au fil des ans.
Installé depuis bientôt deux ans en France, l’artiste qui a exposer ses sculptures sur bois à la Maison des Echanges de Montpellier en janvier dernier figure parmi les jeunes sculpteurs africains à la mode en France.
A travers son travail, Armand Kepfoube partage avec le public l’histoire singulière de sa rencontre avec le bois, lui qui aime souvent si bien le répéter, « la première richesse de l’artiste est la rencontre.» Ses sculptures Armand Kepfoubé les réalise avec du caissedra, un choix qu’il justifie d’ailleurs.
« J’ai choisir de réaliser mes sculptures avec le caissedra, car cet arbre est le synonyme de l’Afrique ces feuilles donnent santé au animaux son écorce nous soigne du paludisme, de la typhoïde, ses fruits nous donne de l’huile qui nous nous soigne de la dysenterie », explique-t-il avant d’ajouter «Ses sont racines également médicinales et très facile à trouver car il veut être utile à l’homme au point de s’oublié tout comme notre pays qui malgré toutes les richesses se retrouve pauvre tout simplement parce qu’il a pensé plus à aider l’étranger au point d’oublier ses propres fils.»
Invitant le public à la découverte de la culture camerounaise, le sculpteur propose ainsi aux visiteurs d’apprécier des silhouettes fines faites à la main, aux membres allongés et représentatifs des peuples sahéliens. « Je souhaite, à travers mes œuvres, mettre en évidence que les rencontres, à l’inverse de nous réduire et de nous enlever une part de notre bien, nous enrichissent, et nous permettent d’accéder à des niveaux de culture, de conscience, et de tolérance supérieurs.
La rencontre entre les Hommes qui symbolisent des cultures différentes, les échanges qu’ils ont, par leurs paroles, leurs sentiments, leurs origines, ou encore leurs traditions, qu’ils acceptent de partager, nourrit en eux un espoir commun, l’espoir de s’élever ensemble vers une société d’échange et d’égalité. Ce partage les magnifie et leur donne la force de se soutenir et de s’entraider pour accéder à ce monde nouveau », explique le jeune artiste qui au travers de ses différentes sculptures égraine de nombreuses thématiques telles que la méfiance, l’ascension féminine, la danse, etc.
Mais ce chemin vers le succès n’est pas sans embûches. « Les difficultés que je rencontre ici en France c’est parfois l’hypocrisie de certaines personnes car si t’u n’est pas Picasso on te considère moins, mais je profite également de cette difficulté pour rappeler à la jeunesse de chez moi de ne pas oublier que notre contenant est tellement riche, et soyons prêt à défendre nos culture parce-que en France ils ont perdu la leur », déclare Armand Kepfoubé.
Autodidacte, Armand Kepfoubé dit entretenir une « relation privilégiée avec le bois » qu’il ne cesse d’admirer et d’apprécier chaque jour. « Nous avons trouvé une complicité nous permettant de rendre visible l’intérieur de nous, moi je ressors la beauté explicite de ses veines, son âme revit à travers les forme que je lui donne et lui, me dirige », indique-t-il.
Et à Garoua, les curieux peuvent d’ailleurs apprécier l’étendu du talent de ce jeune artiste prometteur à travers la sculpture en bois du lion qu’il a réalisé lors d’un récent séjour au Cameroun, et qui trône fièrement à l’entrée du jardin zoologique de la ville.
Il nourrit d’ailleurs plusieurs projets artistiques pour la ville de Garoua qu’il considère à juste titre comme la première ville à lui avoir donné sa chance alors qu’il n’était encore qu’un simple artiste sculptant à l’Alliance française de la même ville.