Culture of Wednesday, 25 July 2018

Source: journalducameroun.com

Arts plastiques: Marc Padeu interroge les croyances religieuses et ancestrales

Le plasticien Marc Padeu devant une de ses oeuvres Le plasticien Marc Padeu devant une de ses oeuvres

A lire le titre de l’exposition, «Credo In Umum Deum » (nous croyons en seul Dieu), on se croirait tout de suite plongé dans l’histoire de la vie de Jésus. Du moins, celle contée par l’église catholique. Que non ! A bien observer chacun des onze tableaux soigneusement disposés dans le centre d’art contemporain Doual’art, on y décèle des motifs qui renvoient aux coutumes africaines, aux rites ancestraux.

Marc Padeu, l’auteur de ces peintures, a visiblement réécris l’histoire de la vie de Christ en s’écartant de celle jusqu’ici contée et y associant des symboles rituels qui contrastent avec le religieux. Dans sa mise en scène à lui, il redistribue de nouveaux rôles à l’ange Gabriel, à Jésus, à Marie, au pape. A côté des armoiries de l’église, il y place des objets de culte.

LIRE AUSSI: 03 ans après sa 'conversion', K-Tino revient avec ses chansons obscènes

On découvre par exemple un Jésus né adulte. Un autre tableau présente des disciples tenant une bougie, mais dont les visages sont cachés derrière des masques rituels parés de perles. Plus loin, une autre peinture illustre Marie, peinte en bleu, tenant à ses jambes un crâne humain, probablement celui de son fils après sa mort.

Toutes les peintures de « Credo In Umum Deum», fortement colorées et traversées par la lumière, font cette juxtaposition entre la croyance religieuse et les coutumes. Un rapprochement qui peut déranger, mais qui pousse aussi à questionner cette dualité présente dans la vie de nombreux africains attachés à la fois à leur croyance ancestrale et à la vie chrétienne. Et qui, tous les dimanches, récitent le « Credo In Umum Deum » (Je crois en seul Dieu).

Marc Padeu, l’auteur de ces tableaux, en est le prototype. Très jeune, il doit suivre maman très impliquée dans les affaires de l’église. Mais de l’autre côté, papa est notable et membre d’une société secrète à la chefferie traditionnelle. Une double influence qui va accompagner toute la jeunesse du peintre, aujourd’hui âgé de 28 ans.

La passion pour l’art va conduire Marc Padeu à s’inscrire à l’Institut des Beaux Arts de Nkongsamba. Une fois installé dans cette ville située dans le département du Moungo, le jeune artiste est très vite sollicité par des églises la localité pour y réaliser quelques peintures.

«Un jour, une femme est entrée à l’église et s’est prosternée devant une de mes peintures. Là, j’ai compris la force que pouvais avoir une image », indique Marc Padeu, émerveillé. Il sera plus tard appelé à visiter des cases patrimoniales et des musées des chefferies dans la région de l’Ouest du Cameroun. Depuis 2012, il réalise des peintures murales et sur toiles, à la commande des prêtres, de confréries catholiques, ainsi que pour des chefferies traditionnelles.

LIRE AUSSI: 'Après la sortie de mon œuvre, j’ai reçu plusieurs menaces des Ambazoniens'

Est-ce l’origine du déclic pour la préparation de cette exposition ? On s’est tout juste que Marc Padeu a préparé cette grande première exposition individuelle assortie d’une installation pendant un an. Il a bénéficié du concours et de l’encouragement de camarades de promotion. L’exposition ouverte le 20 juillet 2018 dans la capitale économique s’achève le 15 septembre.