La célèbre chanteuse est tancée par sa famille d’user de subterfuges pour empêcher que la procédure en jugement d’hérédité de leur père n’évolue. Le juge ordonne sa comparution à la barre.
Les successions dans les « grandes familles » sont réputées tumultueuses. La famille Jean Baptiste Ayissi Ntsama avait bénéficié d’un report d’audience de deux mois pour laver le linge sale loin des regards du public. Mais, revenue à la barre du Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif, les tensions sont toujours vives. Certains ayant droits du défunt célèbre boxeur et homme politique continuent de rejeter les résolutions prises par la famille, liées à l’ouverture de la succession de leur père décédé le 5 avril 2016.
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Le 2 avril 2018, comme lors des précédentes audiences, plusieurs célébrités de la famille ont une nouvelle fois manqué à l’appel. Seul l’ainé de la fratrie, l’artiste- musicien Séraphin Fouda Ayissi dit Ayissi le duc, a comparu aux côtés de sa mère Justine Honorine Eyenga, ancienne miss Cameroun, et aussi avec une dizaine d’autres personnes.
Le juge, qui examine le dossier, va rappeler aux parties qu’il avait été décidé à l’audience du 29 janvier 2018 de la tenue d’un « nouveau conseil de famille », auquel devra prendre part tous les ayant-droits du défunt boxeur. Sans attendre, Ayissi le duc va remettre au juge deux copies (manuscrite et saisie) des résolutions du nouveau conseil de famille, qui s’est tenu le 25 mars dernier. Selon les documents, c’est le chef de bloc du lieu du domicile de la famille qui a présidé la réunion à laquelle 23 personnes ont pris part.
Absence de signature
Dans ses observations, l’avocat d’Honorine Marie Chantal Eyenga Ayissi dit Chantal Ayissi va faire remarquer que le document ne comporte que la signature de trois personnes. Avant de souligner que sa cliente et son petit frère, Christophe Ndzana Ayissi, l’ont informé que « le conseil de famille s’est terminé en queue de poisson ». Raison pour laquelle les participants n’ont pas daigné parapher les conclusions prises lors de l’assise pour légitimer les résolutions du conseil de famille dont ils s’en désolidarisent. Et de marteler que les noms portés sur le document sont, en réalité, la liste de présence dressée au début de la réunion.
« Elle-même est où ? », a interrogé le juge, parlant de Chantal Ayissi. L’avocat dira que sa cliente est rentrée en France, son pays de résidence, pour des raisons professionnelles. Il va solliciter un renvoi pour se concerter avec la chanteuse sur la conduite à tenir. « La justice doit donc marcher à son rythme ? », s’est indigné le juge. « Elle ne viendra pas ! Elle a dit devant témoins qu’elle va bloquer la procédure-ci pendant 10 ans ! Elle ne voulait pas assister au conseil de famille, elle est rentrée avant la réunion », va balancer l’ancienne miss Cameroun avant de se voir ramener à l’ordre par le juge.
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Pour attester de la justesse du document, un homme d’un âge avancé se présentant comme l’oncle des enfants Ayissi Ntsama va rassurer le tribunal que le conseil de famille s’est plutôt tenu dans de très bonnes conditions. « La réunion s’est terminée à plus de 22h », fait-il remarquer. En effet, certains enfants du défunt exigeaient que tout soit mis au clair : les hypothèques, les titres fonciers, les locations, les loyers : « Tout ça a été fait», a rassuré le témoin, non sans manquer de regretter que na nièce «Chantal Ayissi est simplement venue régler un compte». Sans plus de détails.
« Chantal dérange »
Dans la même veine, un autre vieil homme dira que les « contestataires » ne souhaitaient pas qu’Ayissi le duc soit seul dans l’administration de la succession. « Il a été décidé de lui adjoindre Imane Ayissi comme coadministrateur des biens. » Il s’est, lui aussi, insurgé contre l’attitude de sa «fille Chantal» : «Parce qu’elle veut déranger, s’il y a donc beaucoup de problèmes, qu’elle vienne ici les débloquer.»
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Malgré les assurances des deux patriarches, le tribunal a voulu savoir pourquoi les copies des résolutions du conseil de famille, dont l’une manuscrite et l’autre saisie, versées par Ayissi le duc, ont un nombre différent de signatures des participants. En réponse, l’un des patriarches va expliquer que la réunion s’est terminée bien tard dans la nuit et ceux des membres de la famille qui reprenaient l’avion le lendemain ont plutôt laissé leur procuration pour la signature de la mouture finale saisie camer.be. L’avocat de Chantal Ayissi va revenir à la charge en sollicitant que le chef de famille qui a présidé la réunion, puisque magistrat, soit purement convoqué. Certains membres de la famille diront en chœur que Christophe Ndzana Ayissi s’est déjà désolidarisé de Chantal Ayissi et a signé les résolutions.
Le juge va finalement décider de la comparution physique de tous les enfants Ayissi Ntsama à la prochaine audience programmée le 7 mai 2018. « Au cas contraire, on tirera toutes les conséquences de droit qui s’imposent », a-t-il prévenu. L’ancienne miss Cameroun, Justine Honorine Ngono, ne s’est pas fait prier pour signifier son indignation au tribunal en quittant la barre. « Vous avez refusé de me donner la parole. Je voulais parler. »