« Je fais partie des producteurs qui ont le plus travaillé pour que le Bikutsi devienne une musique internationale. Malheureusement, je n'ai reçu qu'ingratitude et le Bikutsi, je dois l'avouer, m'a appauvri » confiait-t-il quelques temps avant sa mort.
Cheville ouvrière de la production des artistes Bikutsi, Claude Tchemeni a largement contribué à l’éclosion de ce rythme et ne doit pas sombrer dans l’oubli. Vous devez tous reconnaitre ce nom et mettre un visage sur ce nom.
Né le 26 juin 1956 à Douala, Claude Tchemeni fait ses études primaires à l’école publique de Deido. Il abandonne les études et s'initie au petit commerce, puis devient transitaire au port. Il devient employé dans un atelier de dépannage d’appareils qu'il quitte pour ouvrir son propre magasin. Vers la fin des années 70, le makossa commence à asseoir son hégémonie sur la scène musicale camerounaise.
Les kiosques de vente disques pullulent dans tous les coins de rue, diffusant à longueur de journées les tubes en vogue.
Le tout jeune Claude Tchemeni se rend compte que la musique est en train de devenir un secteur très porteur. Il devient entrepreneur culturel et organise des concerts notamment au Centre Culturel Français de Yaoundé entre autres.
On se souvient encore du succès éclatant du concert de Mama Ohandja qu'il organisa au Centre culturel français. Il eut une telle affluence que la salle ne put contenir tout le monde au point où les fans avaient même arraché le portail d'entrée.
Sa rencontre avec Jean Marie Ahanda sera déterminante. En effet, c'est ce dernier qui lui suggère de se lancer dans la production. Claude souhaite pour ses premiers pas produire Anne Marie Nzié et Narcisse Kouokam, un humoriste prometteur mais Jean Marie Ahanda lui propose avec insistance à la place Les Vétérans; un groupe en vogue qui se produit à Escalier bar.
Le nom du Label est trouvé; c'est Jean Marie Ahanda qui le propose : Ebobolo Fia ( bâton de manioc et avocat en langue Béti) pour illustrer la modestie des moyens du début. La première expérience de Claude Tchemeni dans la production musicale se solde par un succès fulgurant.
Pour un coup d’essai, c'est un coup de maître. L'album Me ne Ngon Oyap des Vétérans sort en 1983 avec comme titre phare Kulu la tortue qui se hisse au sommet du hitparade national. A l'international, Kulu est classé 20ème au Hitparade sur La Voix de l'Amérique (VOA).
L'album est consacré disque d'or au Cameroun. Clo Clo Tchemeni se rend alors compte que ses jours sont destinés à la production musicale.
Clo Clo Tchemeni va produire quatre autres albums des Vétérans : Wa Dug ma, Au village, Traditions et Emvumvut Mininga.
Il a produit et mis en lumière plusieurs artistes de Bikutsi : Anne Marie Nzié, Messi Martin, Ange Ebogo Emérent, Meyong Ambroise, Ohandja Etranger, Mbarga Soukouss,Sala Bekono, Marc Nkodo, Noah Essimi Guy,Etémé Faustin, Manga Mbarga, Marco Star, Chantal Ayissi, Mana Zang, Owona Anderson et bien d'autres.
Celui qu'on appelait affectueusement "Clo Clo" s'est illustré sur plusieurs registres dans la production; il a même produit le célèbre humoriste camerounais Jean Miché Kankan et s'est fortement intéressé à l'humoriste Narcisse Kouokam. Âgé de 53 ans, Claude Tchemeni est mort le 14 juillet 2009 à Yaoundé dans le dénuement. Il laisse une veuve et cinq enfants.
"Je fais partie des producteurs qui ont le plus travaillé pour que le bikutsi devienne une musique internationale. Malheureusement, je n'ai reçu qu'ingratitude et le bikutsi, je dois l'avouer, m'a appauvri", confiait-t-il quelques temps avant sa mort. En effet, à la tête du Label Ebobolofia, il a produit plus de 50 albums de bikutsi; sans gain réel.
( son histoire relatée dans le livre Les icônes de la Musique Camerounaise)