Culture of Monday, 21 November 2022

Source: www.camerounweb.com

Culture Bamoun : Au pas de course sur le chemin historique du Nsom

Photo de la cérémonie Photo de la cérémonie

Il s’est agi de revisiter les arts de la guerre, de la gastronomie et musical de ce peuple dont la culture est multi centenaire, ce samedi 19 novembre à Foumban.
« Nous approprier notre patrimoine culturel et environnemental pour en faire des atouts de développement économique durables », est le thème général qui guide les activités des élus du Noun en cette fin d’année 2022 et du début d’année 2023. Le Nsom par exemple ! S’il vous était conté ! Le Syndicat des maires du Noun n’a pas dérogé au traditionnel rituel en fin de chaque année. Un retour aux sources de la tactique opérative des guerriers bamoun pour protéger la cité des arts de l’envahissement des cavaliers peuls venus du nord a livré de nouvelles perspectives dans la compréhension de l’histoire de ce peuple. Ces tranchées et fortifications qui ceinturent la cité antique bamoun dont les vestiges sont bien visibles au quartier Mambaing de Foumban. Sa longueur est aujourd'hui estimée à 24 km, une longue faille faite de main d’homme de 10 à 12 m de profondeur et d'une largeur comprise entre 3 et 5 m : une arme défensive ! Le long de cette grande tranchée, des forteresses étaient édifiées non seulement pour surveiller en toute discrétion l'approche de l'ennemi mais aussi pour lui porter des coups mortels par surprise. Cette grande fosse, faut-il le rappeler, a réduit à néant la puissance de la cavalerie peule dans son appétit de conquête territoriale jusqu’au 19ème siècle. Le Nsom s'est vite imposé comme un grand cimetière de la cavalerie ennemie. Quatre siècles après, la nature reprend au jour le jour ses droits. En certains endroits, cette fortification tend à s'effacer mais l'essentiel, plus que des vestiges vivants, est là comme un témoin immortel qui résiste à la force du temps. Cette arme redoutable utilisée par les Bamoun, un siècle avant la Première guerre mondiale de 1914, montre à suffisance l'esprit avant-gardiste de ce peuple sur l'art de la guerre. Dans une tranchée sinueuse, de part et d'autre bordée d'arbres, Patricia Adamou Ndam Njoya et les élus du Noun expliquent l'histoire, aidés en cela par certains patriarches des lieux dont la mémoire historique est toute vive. Pour préserver les lieux, la présidente du Syndicat des communes du Noun a indiqué qu'elle va créer une pépinière d'anacardiers qu’elle va distribuer à la population riveraine. Ces arbres seront plantés le long du Nsom pour la protection de cet héritage historique mais aussi pour procurer un gain financier conséquent à la population de Mambaing tout le long. A l'intérieur de ce trou, même seulement à 4 m de profondeur, on mesure la dimension de la détresse des envahisseurs une fois pris au piège du Nsom. La grande menace qui pèse sur cette arme en ruine, est l'ensevelissement des populations pour y édifier des maisons d'habitation. Pour une immersion de la jeunesse avec ce pan poussiéreux de l'histoire, les élus des quatre coins du département ont jugé opportun d'y convier sa jeunesse à travers le sport. Ainsi, il fallait rallier le Nsom au pas de course, soit à travers la marche, le mini marathon, ou le mini marathon relais (4x4). Chaque discipline concernait aussi bien les filles que les garçons de chaque commune. La distance est évaluée à une dizaine de kilomètres. Sur le site, un espace aménagé accueille un beau monde. Après la course, c'était au tour des élus et des élites de ce peuple de se livrer au sport sous les ovations de la population. Il y a eu de ce fait la course au sac dont le maire de Foumban a fait montre de fraicheur physique tout comme il en est allé de la difficile épreuve de lancée de la flèche.
Au sujet de la gastronomie et de la musique
En début de soirée, sur la Place de la République, le cœur de la ville était noir de monde pour découvrir ce que le Noun a de meilleur sur les plans culinaire et musical. Sur le premier point, il était question de confectionner différents menus avec pour thème central, « le manioc et le pistache ». Les tables achalandées de toutes sortes des victuailles du cru, étaient présentées par les femmes des différents arrondissements du département. Un jury d'une dizaine de personnes, après avoir visité toute cette présentation de la 11ème édition, va jeter son dévolu sur la commune de Foumban. Mets de pistache cuits dans les feuilles de bananier, les tubercules et les bâtons de manioc, du manioc cuit et trempé, le couscous de manioc conservé dans les pots en argile, les sauces de pistache au gombo, les légumes à la pistache, les fruits de pistache, tout y est passé. Le jury a révélé que le but est d'encourager les uns et les autres à revenir à l'art culinaire traditionnel, plus bio et donc plus sain. Avec 18/20, Foumban est sur la plus haute marche du podium accompagnée respectivement par Foumbot avec 16/20 et Koutaba notée à 14/20. En ce qui concerne le concours du meilleur percussionniste, rendu à la sa 15ème édition, ce fut le clou de la soirée. La « guest star » de cette année est sans conteste l'abbé Vladimir Bidzanga, le directeur de l'Académie Sainte Cécile de Yaoundé avec sa team. Cette chorale a tenu en haleine le public de Foumban. A côté, il y avait les chants religieux (musulman et chrétien), les chants des groupes patrimoniaux, le Yaya et bien d'autres. Les Bororos de Koutaba ont également fait sensation. Le concours du meilleur percussionniste a livré la magie de toutes les attentes. Il était en définitive question de faire montre des capacités individuelles de jouer à tous les instruments dans l'art musical du terroir. C'est au petit matin de ce dimanche 20 novembre 2022 vers 3h30 que s’est achevée la cérémonie avec la remise des différents prix de la course vers le Nsom. En définitive, les activités du Syndicat des maires du Noun a mobilisé un grand monde à la Place de la République, le peuple bamoun à l'unisson autour de ses valeurs culturelles. Le cap est mis sur Koutaba ce 21 novembre 2022, avec en prime, la sensibilisation sur les accidents de la route. C’est dans le cadre de la journée mondiale du souvenir des victimes de la circulation routière. On pense entre autres à celui qui a lieu le 27 décembre 2020 à Ndiki avec une cinquantaine de morts sur le carreau.