À la mutante Mani Bella. Chère Mani mutante, ici Casimodo. Je t’écris cette lettre en l’an de grâce 2024. Je t’écris 50 ans trop tôt, mais tu la recevras 50 ans plus tard.

Quand les produits chimiques oxydatifs t’auront déjà volé tes neuf vies, jusqu’à ta réincarnation. Aujourd’hui, mi-humaine mi-alien, tu es obligée de vivre sous les droits épineux de regrets, et souhaites même une superbe journée internationale aux albinos, après moult tentatives d’avoir rêvé posséder cette peau magnifique.

Tu es obligée de vivre à l’ombre de toi-même en admirant les autres arborer ton ultime rêve de la peau blanche. Même en étant égérie des marques douteuses, ta peau n’a pas trouvé de quiétude, ton épiderme sera à jamais tourmenté par les stigmates d’un blanchiment raté.

Chère Mani mutante, au moins il te reste un peu de folie pour amuser la galerie, parler de sexe à longueur de journée et te saouler avec du mauvais vin vendu dans ton boui-boui.

Je sais que quand tu pleures, ce sont des larmes d’hydroquinone qui coulent, tes nuits sont acides. Chère Mani mutante, toi qui toute ta vie, as misé sur ta beauté et obscénité, l’une te fait défaut, l’autre est l’héritage que tu laisseras.

Chère Mani mutante, je ne suis jamais fâchée contre toi, tu es ta propre punition, condamnée à vivre avec toi-même, te supporter, voir les autres avoir le beau rôle.


Une photo (surement montée) postée par La coach blonde

Si tu décidais de devenir transgenre, je te soutiendrai, ton corps a subi plus d’expériences qu’un laboratoire chimique. À côté de toi, Frankeistein est un enfant de cœur. Bisous. Casimodo.