Culture of Friday, 24 February 2017

Source: cameroon-tribune.cm

Dina Bell célèbre 4 décénnies dans la musique

Artiste Camerounais,Dina Bell play videoArtiste Camerounais,Dina Bell

Qui ne connaît pas « Sophie » ? Tout le monde connaît « Sophie ». Pourtant, Dina Bell, c’est tellement plus que « Sophie ». En effet, on n’acquiert pas le titre « chanteur de charme » avec une seule ballade.

On n’obtient pas non plus quatre disques d’or avec un seul succès. Et au bout de quatre décennies d’une carrière officiellement débutée par le 45 tours « Yoma Yoma », directement disque d’or à sa sortie en 1978, au bout d’une douzaine d’albums, Charles Dina Ebonguè au civil a décidé de communier une fois de plus avec un public fidèle.

Entre ceux, adultes, qui ont assisté à son éclosion dans les années 70, faire ses premiers pas musicaux accompagné par Toto Guillaume et Aladji Touré, cadors de l’équipe nationale du makossa, ceux qui ont grandi avec ses airs, ceux qui l’ont découvert à travers leurs mélomanes de parents, etc.

Une célébration donc, en deux dates d’abord, ce 25 février 2017 à Douala-Bercy et le 7 mars prochain au Castel Hall. Deux dates dans la cité économique camerounaise qui sont un peu le reflet du chanteur à la casquette.

Février, mois des amours, mars, mois de la femme. Lui le sexagénaire, grand timide, qui chante l’amour, qui célèbre la gent féminine. Sa célébration est d’ailleurs intitulée : 40 ans de romance. Car à côté du très connu « Sophie », le patrimoine musical de Dina Bell déborde d’autres inestimables trésors : « Na Tondi », « Wala Longo », « Ala », « Nyu Wé », « Son Esèlè Nika », « Na O Ba Mba ». Des douceurs en harmonie avec le tempérament de « Bazor », de son sobriquet.

Parce que, comme James Brown se sentait l’âme d’une « sex machine », Dina Bell a lui une âme de « slows machine » ou plutôt de « soft machine ». Oui, ce dernier terme lui convient mieux. En effet, dans la carrière de Dina Bell, il n’y a pas eu que des morceaux au tempo lent. Des rythmes de makossa plus entraînants aussi, mais pas complètement fous, qui furent tout autant des succès : « Sese O Mulema », « Epupa », « Bobe Na Mbako », « O Si Dia Mba »…Et que dire du magnifique « Elissa » ?

Une exploration de la beauté musicale qui aura laissé indifférent plus d’un sponsor car, comme l’explique Sylvain Kom, l’un des membres du comité d’organisation : « Nous sommes au point zéro de ce côté-là. C’est de l’irrespect pour nos grands artistes. »

Un contre-temps fâcheux qu’on avait déjà observé lors des 30 ans de carrière de Ben Decca en novembre 2015, mais qui n’avait pas empêché que la fête soit belle.

Les espérances sont les mêmes pour « Bazor », qui a l’intention de ravir le public pendant deux heures avec une quinzaine de chansons, avec à ses côtés des artistes de la jeune comme de la vieille génération. Toto Guillaume, Aladji Touré, Ben Decca, Nkotti François sont annoncés, tout comme Nono Flavy ou Nicole Mara.

Dina Bell: « Ma façon de chanter a épousé ma façon d’être »

Vous célébrez vos 40 ans de musique au Cameroun cette fois alors que la célébration de vos 35 ans de carrière a eu lieu en France. Pourquoi ?
La célébration des 40 ans ne va pas seulement se faire ici.


Aux Etats-Unis et en Europe aussi. Le problème pour les 35 ans de carrière, c’est que je n’avais pas trouvé preneur au Cameroun comme c’est le cas cette fois avec Universal qui est organisateur des deux spectacles. Pour mes 35 ans, c’était différent.En France, il y a plusieurs organisateurs.
En novembre, vous annonciez la sortie d’un nouvel album.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Il faut d’abord dire que cet album, je le prépare depuis longtemps. Mais c’est l’enregistrement qui a commencé assez récemment. Là nous sommes encore en studio. Toutes les chansons ne sont pas encore enregistrées, parce qu’avec ma dernière tournée qui était plutôt longue, je n’ai pas pu terminer cette phase, qui a toutefois déjà débuté.Donc il faut encore quelques réglages au niveau de l’enregistrement, du pressage.

Sinon, le public pourra déjà découvrir un morceau inédit de cet opus à venir lors des spectacles de mes 40 ans de carrière.
Pourquoi vous appelle-t-on « Bazor » ?


Comme mon nom d’artiste est Dina Bell, Bazor est mon sobriquet. C’est un petit nom que je me suis donné tout seul. Comme Toto Guillaume s’est donné celui de Toguy, même si c’est le diminutif de ses nom et prénom. En fait, quand on était jeunes au collège, on était dans des clubs. On admirait des artistes comme James Brown, Johnny Halliday, Hervé Villard, Mike Brant. Et certains prenaient des noms d’artistes connus. J’ai décidé de ne pas emprunter le nom de qui que ce soit. J’ai donc moi-même choisi « Bazor ». Avant même de devenir Dina Bell.

N’est-ce pas réducteur pour vous d’être appelé tout le temps « chanteur romantique »?

Absolument pas ! Si c’est ce que mes fans ont constaté, je ne vais pas leur dénier cela. D’ailleurs, je pense que c’est ce qui a poussé les organisateurs à intituler la célébration de mes quatre décennies de musique, 40 ans de romance. Je sais que c’est mon style. Ma façon de chanter a épousé ma façon d’être. Ça reflète, ça traduit l’homme que je suis. Je ne pouvais pas chanter quelque chose qui ne correspond pas à ma personnalité.

Je compose mes chansons, depuis le début de ma carrière, par rapport à ce que je suis. On me dit souvent que je fais du makossa doux, qu’il n’y a pas de brutalité dans mes chansons. Ce sont ceux qui m’écoutent qui le disent.

De votre point de vue, à quoi ressemble la musique camerounaise aujourd’hui ?

C’est un problème en rapport avec l’ère du temps. A notre époque, nous avons écouté ce que les Nelle Eyoum, Tokoto Ashanti, Ekambi Brillant et autres ont fait. Mais, je crois que ceux qui viennent après nous veulent autre chose. On ne va pas leur demander de faire le makossa comme nous le faisions.

S’ils se retrouvent dans la musique urbaine comme ils l’appellent vulgairement, qu’ils continuent sur cette lancée. Mais ça, c’est dévoyer le makossa. C’est même dévoyer la musique camerounaise. Elle fait la particularité de notre culture camerounaise, au même titre que notre alimentation, nos coutumes…

Mais, si la jeunesse veut rentrer dans une autre musique, c’est vraiment déplorable. Je crois qu’il faut qu’ils rectifient le tir.