Il est certainement l’un des meilleurs humoristes camerounais de tous les temps. Ailleurs, on aurait donné son nom à des rues, des écoles, des prix. Un monument aurait même été érigé en son honneur, mais “le Cameroun c’est le Cameroun, on va faire comment ?”
Essindi Mindja est né le 24 mai 1955 à Ekam. Son père était cuisinier chez monsieur Pierre Billard, journaliste français érudit résidant à Douala.
Élève studieux, il dévore les classiques du théâtre. Dès le collège, il se passionne déjà pour le théâtre et monte une équipe d’amateurs de théâtre. Quoique faisant le pitre à l’école, il commence à écrire ses premiers spectacles qui seront présentés au centre culturel français et même à l’institut Goethe.
Passionnés, Essindi Mindja et ses compères sillonnent les quartiers et se produisent en spectacles pour égayer les évènements festifs. Les mariages notamment.
Il a aussi peaufiné son talent à travers l’émission de Radio Cameroun “la roue libre”. Il était alors l’un des premiers à faire des sketchs à la radio. C’était une période de foisonnement culturel, avec un groupe de jeunes artistes très prometteurs parmi lesquels on peut citer : Ottou Marcellin, Claude Ndam, Coco Ateba, Kouokam Narcisse, Bassek Ba Kobhio, etc.
Ce petit groupe d’amis habités par la fougue de la jeunesse avaient envie de réussir, de casser la baraque. Chacun apportait un peu du sien, ce qu’il avait de particulier. C’était un groupe qui partageait vraiment l’amour pour la culture.
Sa passion pour le théâtre le conduit à intégrer la troupe du théâtre universitaire qui a une très grande réputation. En effet, après ses études au Collège François-Xavier Vogt, il intègre l'École normale supérieure de Yaoundé d’où il sortira professeur histoire-géographie.
Il se lance alors dans le théâtre et la comédie. Tout en menant ses activités d’enseignant au lycée de Nkolndongo puis au lycée Leclerc notamment. Il en profitait pour encadrer les élèves dans le domaine artistique. Passionné de lecture, il lisait beaucoup et se cultivait énormément.
C’était un homme pluridimensionnel : professeur, acteur, comédien, humoriste, metteur en scène, parolier et chanteur, écrivain.
Un artiste bourré de talents, de créativité, d’énergie, d’imagination. Naturel et doté d’un sens de l’autodérision raffinée, c’était aussi un forcené de travail.
Seule sa morphologie suscitait déjà de l’hilarité. Comme s’il était prédestiné à faire rire et à divertir. Humour qu’il alliait au comique pour créer ses spectacles. Il faisait rire en suscitant à la fin, une moralité. Comme Molière, il corrigeait les mœurs par le rire.
Doté d’un humour caustique et ravageur, il conquiert le public camerounais avec plusieurs Sketches et pièces à succès : on m’a dit que.., salade france, Monsieur le président du tribunal, Je ne suis pas tribaliste, je m’explose, Intello bar de Warda , Mbere Kaki, Bantou Village, le régime de bananes, le laboureur et ses enfants, loubara, etc.
Un répertoire riche, varié et original. Il est l’auteur du livre : Le mvet : la guerre du fer.
Acteur de talent, ses apparitions cinématographiques demeurent légendaires et anthologiques.
En 1985, on le retouve dans le moyen métrage “Fièvre jaune taximan”.
En 1988, il joue dans le film “Chocolat” de Claire Denis. Toujours en 1988, il apparaît dans “Bikutsi Water Blues” (l’eau de la misère) de Jean - Marie Teno. En 1992, on le retrouve dans le documentaire “Afrique, je te plumerai” du même Jean-Marie Teno.
On l’a aussi retrouvé dans les coopérants de Arthur Si Bita. On se souvient encore de ses passages remarqués dans le film “Quartier Mozart” de Jean-Pierre Bekolo où il incarne Atango, un couturier. En 2000, il joue dans le film “Tiga, l’héritage”. En 2005, il joue le rôle de Essomba dans le film “Les Saignantes” de Jean-Pierre Bekolo. Il joue aussi dans le film “Une vie brisée” de Jude Tsimenkou.
On lui doit aussi des reprises humoristiques de chansons : quand le film est triste, guantanamera, ma plus mauvaise affaire, Biche ma Biche
Essindi Mindja est l’un des précurseurs du One Man Show au Cameroun.
Il a été un mentor et une source d’inspirations pour plusieurs générations de jeunes comédiens. Ce patriote a vendu l’image du Cameroun au-delà de ses frontières.
Atteint d’une grave affection pulmonaire, il avait été évacué en France pour y être soigné.
Un concert de solidarité organisé au Cameroun pour le soutenir avait permis de récolter un peu plus de 22 millions de Fcfa. C’était une initiative de l’association « SOS artiste en danger ».
Malheureusement, Essindi Mindja meurt le 25 juillet 2005 à l’hôpital Saint-Louis de Paris où il était interné. Terrassé par une tumeur pulmonaire.
Son épouse Rosalie, elle-même comédienne, se bat pour perpétuer son œuvre.