« Les filtres, un mauvais rapport à l’image de soi » Stéphanie Sobgwi. La psychologue présente les conséquences liées à l’utilisation abusive des filtres de beauté par des femmes sur la toile.

De plus en plus, nous remarquons que de nombreuses filles se photographient avec des filtres. D'après vous, qu'est-ce qui est à l'origine de ce phénomène ?

Les filtres, comme le make-up, constituent un moyen de changer, selon les circonstances ou l’humeur, son image. Au départ, le fait d’appliquer des filtres sur ses photos est surtout un jeu.

Ensuite, et compte tenu des résultats « bluffants » obtenus quelquefois, les filles se laissent attirer par l’effet « Photoshop » qui les met à leur avantage. Enfin, il y a l’effet de masse, qui a popularisé ce phénomène.

Peut-on dire que c'est du suivisme ?

Dans la société, on observe les tendances du moment et quand on parle de tendance, cela a trait au suivisme. Il y a les pionniers qui donnent le ton et il y a les suiveurs. Ce n’est pas une affaire de noir qui imite le blanc.

C’est une tendance qui affecte la jeunesse mondiale, dans ce que notre monde est devenu, un village planétaire. Et puis, le principe des réseaux sociaux repose sur l’influence sociale où l’on peut voir un « followé » et des followers, des influenceurs et leurs influencés.

Ce phénomène peut- il avoir des répercussions dans la vie des jeunes filles ?

En réalité, 10 secondes de durée de vie d’une photo dans ces conditions sont sans grande conséquence sur une image. Il y a en effet, un réseau social qui permet d’utiliser ces filtres et sur lequel les photos s’autodétruisent dans un court laps de temps. Ceci reste un jeu, qui fait d’ailleurs ressortir la créativité des jeunes et leur habileté à trouver le plus beau filtre.

Mais pour d’autres filles qui utilisent d’autres applications que celle-là et dont le nombre est sans cesse croissant, appliquer des filtres devient une nécessité. Les répercussions dans ce cas peuvent aller du simple désagrément d’un prétendant déçu par la vraie image de sa dulcinée à des choses plus graves comme la non-acceptation de soi.

Autant dans la vraie vie on a des filles qui ne peuvent se supporter sans make-up, autant dans la vie virtuelle, il y en a qui ont besoin de se « masquer ».

Tout cela a trait à un mauvais rapport à l’image de soi qui est un élément important de la constitution de l’identité. Or toute identité trouble cache, peu ou prou, des troubles de la personnalité.