Culture of Saturday, 11 July 2015

Source: culturebene.com

L’histoire du petit Raoul Bekono a bercé mon enfance- TAO

Tao Tao

Après un premier album de 11 titres chargés d’alertes, de prise de conscience, d’invite à plus d’humanisme et à l’amour, la gironde et valeureuse ambassadrice de la musique camerounaise, TAO, nous revient avec une signature musicale émotionnellement puissante ; un single dans lequel le triste héros n’est autre que le petit Raoul Bekono.

Arraché brutalement à la vie à l’âge de 5 ans, son souvenir n’a eu de cesse d’inspirer l’artiste qui finira par pencher pour une reprise du sieur Mbida Douglas, ex membre du mythique groupe Kassav et non moins oncle du disparu. Sur un rythme à la fois doux et perçant, le ton sincère et le cœur meurtri, Tao chante…

Après un premier de 11 titres (2013), vous nous revenez avec un single où mélancolie et tragédie se côtoient ; beaucoup de regret et de peine, mais surtout une triste anecdote qui certainement plongera plus d’un dans une émotion profonde. Dites-nous en plus.

Vous avez déjà tout dit, je trouve ; en effet, le single porte le titre Raoul Bekono et c’est l’histoire tragique d’un jeune camerounais décédé en 1982 à l’âge de 5 ans du côté de la France. Ce dernier était aquaphobe et sa mère avait pris le soin de recommander à son institutrice d’éviter de le mêler aux activités qui ont trait à l’eau.

Malheureusement, ce détail a été oublié et un jour lors d’une excursion avec ses camarades au bord de l’eau, ces derniers reviendront tous sauf le petit Raoul. Son corps sera retrouvé le lendemain, flottant sur les eaux… C’est une histoire qui a bercé mon enfance et qui m’avait beaucoup marqué ; et mon père écoutait beaucoup la chanson en hommage à cette tragédie. Alors je me suis promise qu’un jour, je reprendrai ce titre qui à la base est du musicien camerounais Mbida Douglas, ex membre du groupe Kassav.

Pour celui qui n’a pas connu cette histoire, on ne dirait pas qu’il s’agit d’une reprise ; tellement vous vous êtes appropriée la chanson et surtout au regard de la forte émotion que vous y dégagez.

Justement, j’y ai mis tout mon cœur, je me suis mise dans un état d’esprit tel qu’on croirait difficilement que ce drame m’est étranger. Même en studio j’avais des larmes quand je l’enregistrais. Vous savez il est souvent rare qu’une situation vous habite au point de n’en faire qu’un avec vous; je dis encore merci à Mbida Douglas qui m’a fortement influencé et inspiré, et aussi sa sœur qui en réalité est cette mère éplorée que j’incarne dans ce morceau. C’est vrai que seule je n’aurais pu arriver à ce résultat, il a également fallu compter sur l’accompagnement du virtuose André Manga. Il ne reste plus qu’au public de la consommer sans modération, car c’est une chanson qui parle ; elle est inspirée d’une histoire vraie, et renvoi à ce sentiment de douleur relatif à la perte d’un être plus que cher.

Le vidéogramme est d’ailleurs très attendu et il nous est revenu qu’il serait très imminent.

Ça c’est vrai ; j’ai fait confiance à la structure CLAN CONCEPT Pictures de PIPIYOU qu’on ne présente plus. C’est un collectif de jeunes portés sur le dynamisme et le professionnalisme en termes de réalisations des clips. C’est une référence en la matière, et tout ne pouvait que bien se passer. Le clip sera diffusé dans quelques jours seulement car aux dernières nouvelles, tout serait fin prêt.

Il a été tourné à Yaoundé?

Oui, une partie du clip a été tournée à Yaoundé plus précisément à Soa, et l’autre partie du côté de Kribi. Le vidéogramme est très beau et la thématique a été respectée au moindre détail près pour vraiment susciter les émotions.

Raoul Bekono, obéit à la logique du précédent projet.

C’est exact, dans mes chansons je captive les émotions, je partage ce que j’éprouve, ce que je ressens. Le précédent projet, HOLA ME, était aussi un cri de détresse, un SOS ou appel au secours de ceux qui vivent dans des conditions inhumaines. Tout l’album est porté sur un cri de colère contre l’esclavage, la dégradation de la nature, l’indifférence de l’homme face à la douleur de son prochain et la misère de son semblable, les mariages précoces, etc. Mais heureusement tout n’est pas que triste, il y aura toujours de l’espoir, alors j’y conte aussi l’Amour.

Avez-vous souffert particulièrement?

Comme tout le monde… Vous savez, on ne choisit pas de souffrir, les réalités de la vie nous imposent ça. Alors il y a des périodes où on n’a pas le choix que de subir. Mais tout ça reste passager ; ne dit-on pas : Après la pluie, vient le beau temps…