L’interdiction du ‘’concert de l’amitié’’ à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso, suscite de vives polémiques dans le milieu culturel burkinabè et auprès des mélomanes burkinabè, certains y dénonçant une cabale contre le promoteur Ahmed Traoré et d’autres, la présence du Camerounais Franko, auteur de sa célèbre chanson ‘’Coller la petite’’.

Le concert de l’Amitié, avec en tête d’affiche les artistes internationaux comme Sidiki Diabaté (Mali), Shado Chris (Côte d’Ivoire), Franko (Cameroun), Zougnazagmda, Imilo Lechanceux, Malika la Slameuse, Greg, David le Combattant, (Burkina Faso), a annoncé le Secrétaire général du ministère de la Culture Stanislas Méda au journal de 20h de la télévision publique.

‘’Le concert ne pourra pas se tenir tout simplement parce qu’un groupe d’individus a décidé d’organiser une manifestation culturelle sans être soumis à la réglementation.

Il s’agit notamment d’une licence d’entrepreneur qui est exigé à tous les entrepreneurs qui organisent de telles manifestations. En plus de la licence, il y a une autorisation par rapport à la manifestation que l’entrepreneur doit avoir.

Ceux qui organisaient le concert de l’amitié ne se sont pas conformés à la règlementation c’est pourquoi nous avons interdit le concert’’, a-t-il expliqué.

Mais pour de nombreux acteurs culturels et mélomane, les raisons de l’interdiction du concert sont à chercher ailleurs.

‘’Même si pour une question de licence et d'autorisation, ce n'est pas la bonne manière. Il fallait d'abord informer de la mise en vigueur de posséder absolument une licence avant d'organiser un spectacle. J'ose croire qu’à partir de ce jour le ministère lui-même n'organisera plus d'évènement car le ministère ne peut pas être juge et arbitre’’ a réagi Kosta Thégawendé, sur les réseaux sociaux.

‘’On nous annonce l'interdiction du concert sous prétexte que les promoteurs n'ont pas de licence. Je me permets de constater que l'affaire intéresse les plus hautes autorités de ce pays. Je reste convaincu que des lobbies ont pesé, comme souvent, à ce que ce projet soit annulé. Ça me rappelle étrangement les sabotages qu'a subis Boss Playa Burkina à une certaine époque’’, a également écrit un journaliste culturel.

‘’Les raisons évoquées, je les trouve honteuses. Vraiment, il n'y a pas de doute qu'il y a autre chose derrière. C'est clair que Franko n'est pas le bienvenu. Dans ce cas il faudrait aussi éviter de recevoir les Lady Ponce, Dj Arafat et autres Debordeau Lekunfa...

Il faudrait aussi penser à censurer de nombreux artistes chez nous (comme) les David le Combattant, Imilo Lechanceux, Bebeto Bongo... (Je n'ai rien contre vous les mecs, mais c'est juste pour montrer à quelle point cette censure est... inadéquate)’’, s’est plaint une autre journaliste Culturel.

Selon un membre du staff de Black Life, structure organisatrice, ‘’Il y a quelque chose de pas claire dans l'affaire. Je rappelle au ministère de la culture que cette même structure qui n'a pas de licence a organisé le 8 mars dernier un concert avec Sidiki Diabaté et une dizaine d'artistes burkinabè’’.

‘’Dites-nous clairement la vraie raison de l'annulation du concert et les personnes qui sont venues vous mettre la pression pour que vous annuliez le concert au lieu de nous embrouiller avec des explications qui ne tiennent pas la route’’, a-t-il lâché.

A une semaine de la date des concerts initialement prévus le 16 juillet, une campagne contre ce concert a été lancée sur les réseaux sociaux par une artiste chantre, et une pétition à cet effet envisagé.

‘’Nous avons des valeurs et dans ces valeurs je n’ai jamais entendue ce conseil qui dit de coller les sœurs et les tantes, c’est une abomination, c’est grande honte pour nous les femmes, et pour cela je dis haut et fort non à la venue Franco au Burkina pour coller les petites, non à la perversion de nos enfants, oui à l’amitié, l’artiste c’est celui qui éduque et conscientise le Burkina Faso n’est pas un Foutoir’’, avait soutenu.

Pour d’autres artistes, la participation de Franko à ce concert ‘’n'en rajoutera rien à la situation déjà catastrophique’’, estimant qu’il s’agit ‘’d’un faux combat’’.

Pour Jacky El Feno Bassono, Franko est auteur d'un album et de plusieurs singles à succès, précisant que sa chanson ‘’Coller la petite’’ pouvait ne pas être jouée le jour du concert et que sa présence au Faso ne contribue en rien à la dépravation des mœurs.

‘’Si cette musique qui passe tous les jours sur les télévisions et sur les tablettes que vous-même avez mis à la disposition de vos enfants ne les a pas gâté, ce n'est pas concert où ils ne vont même pas participé-là qui va les gâter. Si tu laisses ton enfant aller au concert c'est que toi même tu n'as rien compris de l'éducation’’, a conclu Barry N'Daye, une mélomane.

Cette interdiction ‘’est ridicule on aurait pu simplement demander à l'organisateur de déprogrammer Franko (et) vraiment dommage que même des artistes ne se rendent pas compte de l'impact financier que subira l'organisateur et pour les autres artistes dont plusieurs avaient déjà perçu la moitié de leur cachets’’, lâche-t-elle.

La campagne publicitaire du concert a débuté il y’a trois mois, des conférences de presse organisées, les stades (Ouagadougou et Bobo Dioulasso) où devaient se tenir les concerts loués et c’est à 5 jours de l’événement qu’on interdit le concert ?, s’interroge un présentateur culturel, y voyant un ‘’rigueur sélective’’ sur la question de la licence et une volonté de saper l’initiative des jeunes promoteurs dont Ahmed Traoré.

En rappel, il y’a quelques mois, une coalition d’artistes, de managers et de promoteurs burkinabè avaient tenté de faire annuler un concert des ‘’Monstres sacrés du Coupé décalé’’ avec DJ Arafat, Débordeau Leekunfa et Serges Beynaud au prétexte qu’aucun artiste burkinabè ne figurait à l’affiche du spectacle.