La 43è édition du Festival Ndwet To’oh se tient du 26 au 31 mars. La rédaction est allée à la rencontre de Sa Majesté Momo Soffack 1er qui nous présente ici tous les contours de ce festival grâce auquel le peuple Foto souhaitent affirmer son identité et se projeter comme un peuple ouvert au monde.
Vous l’aviez promis, nous y voici en fin. Quel courage, Sa Majesté !
Courage certes, mais davantage de volonté. Ne dit-on pas que lorsque vous avez de la volonté, vous pouvez déplacer des montagnes ! Depuis notre accession au trône de la Chefferie supérieure Foto, l’idée du festival était déjà dans l’esprit des populations qui voulaient qu’on le relance aussitôt. Et au regard de l’environnement socioculturel de l’heure, surtout de l’ouverture du peuple Foto vers l’extérieur, nous avons estimé qu’il fallait bien se préparer pour cet événement. Comme vous le savez, chez nous on dit que lorsque vous voulez accueillir des hôtes, vous devez préparer des verres pour partager une goutte d’eau avec eux, des assiettes pour les graines d’arachide. C’est cette disposition-là que nous étions entrain de prendre pour préparer la rencontre.
Nous avons commencé par la rénovation du palais. Ensuite il fallait un cadre où nos hôtes pourront apprécier l’art de la localité. D’où l’entame des travaux du musée. Il y avait déjà un musée, mais qui était exigu. Et lorsque j’ai parcouru des magasins du palais je me suis rendu compte de l’existence d’une abondante richesse cachée. J’ai donc voulu construire une nouvelle maison pour mettre ce riche patrimoine en exergue.
Parlez-nous du thème de ce musée.
Le thème du musée… Je préfère le moment venu me prononcer là-dessus. La femme occupe une place dans le thème du musée. Pour l’instant je préfère vous laisser dans votre soif, sachant que le moment venu vous en serez informé.
Parlons de la cérémonie de son inauguration. Elle intervient quand exactement ?
Comme je l’ai dit tantôt, le festival sera une occasion pour nos hôtes de découvrir un important pan de notre patrimoine immatériel et matériel. Déjà les aires culturelles qu’on va démontrer constituent le patrimoine immatériel. Le matériel va être conservé dans le musée. Le musée certes ne sera pas achevé. Parce que vous savez aujourd’hui il y a toute une science pour la disposition des objets dans un musée. Cela s’appelle la scénographie. Nous allons, après le festival, faire appel à un artiste pour qu’il puisse nous faire ce travail qui consiste à mieux disposer les objets, de créer un circuit dans le musée. Le musée ne sera pas inauguré pendant le festival, mais on va offrir à nos hôtes l’opportunité de faire une petite visite de découverte et repartir avec une idée de ce qu’il sera une fois terminé. Parce que le musée est une institution pour laquelle les gens viendront souvent à Foto.
Pour quoi avez-vous baptisé ce festival Ndwet To’oh ?
Comme je l’ai dit tantôt il ne s’agit pas d’un événement que j’ai créé. Je relance un festival qui date de 1957. Il fallait donc remonter jusqu’aux origines pour comprendre pourquoi on a instauré la fête. L’histoire nous apprend qu’après la pendaison du roi Nelo, en 1915, par les Allemands, avant de rendre l’âme il a interdit que le peuple Foto travaille avec l’administration. Après plusieurs années, on s’est rendu compte qu’il était difficile d’évoluer en marge des rangs. D’où l’organisation d’une cérémonie de sacrifice, d’expiation, enfin de lui demander de lever sa mesure. Vous êtes sans ignorer que chez nous « les morts ne sont pas morts ». Et lorsque cette cérémonie a été organisée en 1956, les résultats ont été visibles avant la fin de l’année. Fort de cette réponse positive, les populations étaient tellement contentes qu’elles se sont retrouvées le 1er janvier 1957 pour la fête de réjouissance à la place royale. Ça été, en réalité, une occasion pour purifier le village, pour le bénir afin que désormais le peuple soit un pour affronter la modernité.
Et nous, lorsqu’on a décidé de relancer cette fête, il a fallu lui trouver un nom de baptême. Cette origine nous a largement édifié, si bien que le nom Ndwet To’oh noua a paru le plus indiqué pour marquer d’empreintes indélébiles cette page de notre histoire. Comme vous le savez, le ndwet est une herbe de bénédiction, de paix chez nous. Il était le meilleur substantif pour qualifier notre festival.
Quelles sont les activités qui meubleront cette édition du festival ?
Aujourd’hui, comme on a l’habitude de dire, le monde est devenu une petite planète où on ne peut plus se cacher pour faire des choses. C’est ce monde-là où chacun cherche à ce que sa voix soit entendue. Et nous avons pensé qu’à travers ce festival la voix de Foto devrait être entendue et elle devra retentir à travers le monde entier. Nous avons pris en compte tous les pans d’activités dans notre royaume. L’agropastorale avec la foire, des primes d’excellence pour la jeunesse appelée à prendre la relève, l’élection de Miss Ndwet To’oh parce qu’il y a une morale qu’on doit désormais inculquer à notre jeunesse. Vous le savez, c’est très compliqué avec la dépravation des mœurs, avec les dérives de la société d’aujourd’hui. Il faut donc quelqu’un en avant-garde pour rappeler à la jeunesse le bon chemin. Les danses patrimoniales, l’artisanat ne sont pas en reste.
On n’a pas oublié les journées médicales car, comme vous le savez, pour travailler il faut être en santé. Nous avons donc prévu une semaine où tous nos fils qui ont appris le métier reviendront au bercail pour s’occuper de leurs parents, de leurs frères, de leurs amis. Le sport et santé vont de pair. Vous comprenez que tous les secteurs ont été touchés et nous espérons que la sensibilisation qui a été faite permettra à tous nos hôtes, nos amis, nos invités de ne pas être déçus. Dans tous les cas, vous savez quand on organise un événement il faut, à un moment, s’arrêter pour faire l’évaluation pour savoir si on est sur le bon chemin ou pas.
Dans ce cas précis, vous êtes sur le bon chemin ?
Les statistiques nous font croire que les choses se passeront bien, du moins en ce qui nous concerne.
Nous parlons aujourd’hui de la 43è édition. Qu’est-ce qui peut expliquer la longue hibernation ?
Je vous ai dit qu’il s’agit d’un festival qui a démarré en 1957. La première édition c’était le 1er janvier 1957. A cette époque tout le monde était au village. Les gens étaient à côté et on le célébrait chaque année. C’était davantage une réjouissance des Foto entre eux. Avec le temps, à la recherche du bien-être, les gens sont allés à l’extérieur et hors du pays.
Et vous conviendrez avec moi qu’un événement comme celui-ci nécessite beaucoup de moyens : de sacrifices en ressources humaines, financières, et en temps. On s’est donc rendu compte qu’on ne pouvait plus faire la fête tous les ans. A un moment donné il fallait marquer un temps d’arrêt, évaluer le chemin parcouru, pour mieux avancer.
Sa Majesté, vous parlez d’énormes sacrifices, et on sait que vous avez sillonné le Cameroun, que vous êtes allé à la rencontre de la diaspora. Quel est le message que vous leur portiez ?
Le message c’était davantage un message de développement. Parce que le développement de chaque localité incombe aux forces vives de cette localité, au premier chef. Il fallait donc conscientiser nos enfants qui sont partout dans le monde, pour les mettre devant leurs responsabilités. Nous avons donc entrepris cette tournée, et heureusement avec les commodités des TIC (Technologies de l’information et de la communication) on est désormais connecté et en symbiose. Ils ont compris que le royaume Foto doit être développé par eux. Je suis un chef assez comblé aujourd’hui parce que la mobilisation, l’intérêt qu’ils portent à cette cause…On est désormais connecté et en symbiose. Cela me prouve qu’ils ont compris le message.
J’en suis fier et je leur dit : « on est ensemble. Vous pouvez compter sur votre chef ; tout comme votre chef sait pouvoir compter sur vous pour la construction, le développement de notre royaume. »
Pensez-vous que votre tournée dans les villages était une formule magique pour mobiliser les chefs de village et les notables ?
Les sous-chefs ont été impliqués dès le début. Il leur revenait de faire le travail de sensibilisation, et ils se sont parfaitement acquittés de ce travail. Mais communier avec le peuple avant ce grand jour m’a semblé nécessaire. On n’a pas souvent le temps, compte tenu des autres contraintes administratives, d’être à leurs côtés. Nous avons estimé que pour un événement aussi important on ne pouvait pas seulement faire passer le message par les chefs de village. Il était de bon ton que nous puissions faire une descente sur le terrain pour communier, pour encourager et soutenir leurs efforts pour que les choses se passent comme elles doivent se passer. Je constate que le peuple n’attendait que cela. Car l’accueil chaleureux et enthousiaste qui nous a été réservé à cette occasion a démontré que si cette tournée n’avait pas été programmée, ç’aurait été un tort.
Quelle est la touche particulière que vous avez apportée à ce festival, par rapport à ce qui se faisait avant ?
La touche particulière, comme je l’ai déjà dit, c’est le rendre plus économique. Aujourd’hui, vous le savez très bien, tout tourne autour de l’économie. Si à travers ce festival les filles et les fils Foto peuvent avoir un plus, ce serait une bonne chose, et le chef serait satisfait. Parce que c’est ça qui va leur permettre de venir soutenir les projets au village, chacun dans sa localité. Personne n’a de taxe à payer pour le développement. Donc je pense que la touche particulière c’est l’adhésion massive et de toutes les forces vives du groupement. Les autres aspects c’est de la chorégraphie et la bonne tenue, etc.
Puisque vous parlez de la mobilisation, qu’en est-il des notabilités disséminées à travers le monde. Je pense notamment à l’ambassadeur Faustino Troni, au Professeur Vittorio Colizzi, à son Altesse royale de Bonandalè Jacqueline Ikollo?
Ils sont également sensibilisés. Puisque désormais ils sont notables de la cour royale. Et vous savez quand on parle de notables de la cour royale, c’est des gens qui sont autour du chef comme ses conseillers dans les domaines assez précis. Et c’est tout à fait normal que les grandes décisions du royaume soient analysées au préalable par eux, avant que le chef ne décide. Donc tout ce beau monde est sensibilisé et sera là. Le professeur Colizzi, vous le savez, est avec nous de tout temps. Tous les grands projets que ce soit Foto, la Menoua, ou le Cameroun, il est là et fait effectivement notre fierté. C’est l’occasion pour nous de lui témoigner, une fois de plus, notre gratitude, notre reconnaissance pour tout ce qu’il fait pour le Cameroun et pour la Menoua. Ces notabilités viendront tous pour vivre ce moment inoubliable, ce moment de grandes réjouissances au sein de notre communauté.
Quelles sont les opportunités qui s’offrent aux jeunes et à la population de Dschang qui seraient tentés par les conférences scientifiques annoncées ?
Aujourd’hui, les enfants qui ont pris le pas sur les autres doivent retourner au village pour livrer, pour partager avec les autres ce qu’ils ont appris. L’enfant élève toujours le parent, et c’est normal que ce qu’il a appris, il puisse le partager avec ses frères, pour leur montrer de nouvelles perspectives. A travers les conférences, nous voulons informer toutes nos populations, voire les populations de la Menoua et du Cameroun sur l’évolution du monde d’aujourd’hui. Certains grands thèmes d’actualité, qui peuvent nous aider dans notre quotidien, vont être développés. Mais j’insiste sur le pan culturel parce qu’il est notre identité. J’insiste sur le fait que tous nos enfants, partout où ils se retrouvent, qu’ils n’oublient pas d’où ils viennent. Il faut qu’ils sachent qu’ils sont de dignes fils Foto. Et notre culture doit être perpétuée à tous les niveaux.
Effectivement, on se souvient que dans votre discours d’accession au trône vous preniez l’engagement de veiller sur la pérennisation et la promotion des us et coutumes de votre royaume.
Vous savez, avec le modernisme qui nous envahit la mission n’est pas aisée. Nous sommes un royaume ouvert en grande partie sur la zone urbaine. Le brassage avec les autres peuples, avec les autres cultures qui ne connaissent rien de notre culture fait en sorte que la mission devient difficile. Mais comme je l’ai toujours dit, il revient aux fils Foto de montrer que Foto est un peuple hospitalier, que le vivre ensemble est bien matérialisé dans notre royaume. Quand vous arrivez quelque part vous êtes obligé de vous arrimer au rythme de la localité. Cela n’est pas par la force, mais par votre manière de faire. Nos fils doivent être d’abord des modèles afin que les autres puissent respecter nos us et coutumes. Pour l’instant nous n’avons pas de soucis particuliers. Bien sûr il y a quelques soubresauts ici et là.
Ailleurs, on saisit ces genres d’opportunités pour organiser des rites d’initiation des jeunes. Vous n’y avez pas pensé ?
Certes des cérémonies d’initiations… Mais disons des cérémonies de récompense. Parce que l’initiation peut se passer à tout moment, lorsque l’occasion se présente. Les initiés savent quoi faire. A un moment donné, quand les enfants se sont illustrés dans les travaux de développement, ils doivent recevoir des récompenses. Je suis encore entrain d’observer. Le peuple Foto sait que de ce côté-là je ne suis pas distrait. Je sais ce que chacun est entrain de fournir pour la postérité et le rayonnement de notre communauté. Le moment venu chacun sera récompensé à sa juste valeur.
Au-delà du caractère exhibitionniste, quel impact ce festival voudrait-il avoir concrètement sur le groupement Foto ?
Avec des événements comme le Ndwet To’oh, il ne s’agit plus d’une affaire culturelle. Il faut un aspect économique fort. Ce sera l’occasion de découvrir les grands artisans Foto.
J’ai un projet qui a été mis en berne avec l’ouverture du CETIC de Fialah, étant donné que j’avais prévu de transformer la place royale en village artisanal, afin que cet endroit qui généralement n’est exploité que de manière sporadique serve à quelque chose en tout temps. Aujourd’hui elle est utile aux élèves, en attendant que le CETIC soit construit. Une fois cela fait, mon projet suivra son cours.
A travers le festival on va découvrir tous les fils Foto dans leurs secteurs respectifs. On a organisé une mini foire agro pastorale pour permettre à chacun de venir étaler son talent aux yeux du monde entier. Il s’agit d’une façon de vendre ce que nous savons faire et qui certainement intéresse les autres.
Quel message aux sous-chefs, au comité d’organisation, etc. ?
Déjà un message de remerciements à chacun et à tous pour l’engouement observé partout, par rapport à l’organisation. En suite un message d’encouragement, un message de félicitations. On n’est pas encore arrivé au jour J, mais je peux déjà les féliciter pour le travail abattu sur le terrain.
Les sous-chefs ont eu à mobiliser les populations comme je l’ai relevé tantôt. Je suis allé soutenir leurs actions sur le terrain. Le comité d’organisation quant à lui est à pied d’œuvre. Je tire un coup de chapeau particulier au président général pour son dévouement. Vous savez, un homme d’affaires qui abandonne ses activités professionnelles pour se consacrer aux activités communautaires, ce n’est pas donné. Il est à Dschang tous les weekends, pour y passer trois ou quatre jours. Je dis que c’est un sacrifice énorme, et il le fait parce qu’il aime sa communauté. Vous savez, il encadre une grosse machine qu’on a mise en marche pour les préparatifs de cet évènement. Il faut que cette symbiose dans laquelle nous travaillons puisse être pérenne. Ce n’est que le début d’une longue aventure. Je sais que de plus en plus ils se sentent acculés, mais je leur dis que la vie ne vaut que lorsqu’on relève des défis. Si vous croisez les bras, elle ne vaudra plus la peine. Chacun a eu à faire beaucoup de sacrifice, et beaucoup d’autres choses restent à faire. Dans tous les cas, quand on a même bien fait, on cherche à perfectionner. Avec nous, nous essayons de tout faire pour que Foto soit au-devant de la scène, pour que Foto occupe la place qui est la sienne dans le concert des communautés. Les enfants doivent fournir davantage d’efforts pour parvenir à cette fin.
Les Italiens, à travers Dr Sanou Sobzé Martin, apportent beaucoup pour ce festival. Quelle appréciation ?
Il s’agit d’un des fils prodige de notre communauté. Vous imaginez, Dieu seul sait comment il fait ses choses. Voilà un monsieur qui aime son groupement. Voilà un monsieur qui aime ses frères et sœurs. Voilà un monsieur qui aime son pays. C’est mon fils certes, mais c’est le fils du Cameroun. Parce que ce qu’il a eu à apporter aussi bien pour le Cameroun que pour la communauté mérite bien d’être relevé. Vous savez, si aujourd’hui vous dites il a fait ceci il a fait cela, les gens vont dire « oh le chef commence déjà à positionner Dr Sobzé », alors que c’est une réalité. Vous savez, on dit que les faits sont têtus. C’est des choses réelles. Il ne s’agit pas d’une invention. On parle de ce qu’on a fait, donc de ce qui est. Je lui dis tout simplement merci. Qu’il continue. Il a tout notre soutien. Déjà le gouvernement a commencé à récompenser ses efforts. Je le dis, quitte à ce que gens interprètent mes propos comme ils veulent. Le gouvernement a commencé à recompenser nos efforts, ses efforts et ce n’est que le début. Ça va se poursuivre, et comme je l’ai dit il peut compter sur notre soutien.
Quel appel vous voudriez passer, à travers sinotables.com, à tous ceux qui vous liront ?
C’est de dire à nos invités que le peuple Foto, qui est désormais le vôtre, vous attend pour festoyer avec vous. Parce qu’il s’agit des moments de réjouissances. Et dans la vie Dieu seul sait, ces moments nous manquent. On se retrouve parfois dans des occasions malheureuses, mais pour une fois qu’on veut mettre en exergue notre vécu quotidien à travers la culture, j’invite tous nos amis, tous nos frères, toutes nos sœurs, tous nos partenaires à ne pas être absents à ce grand rendez-vous qui sera désormais périodique. Le peuple Foto a pris du recul et désormais sera sur la scène. Je peux vous rassurer que vous ne serez pas déçus. Chez nous on dit vaut mieux matérialiser les choses par les actes que par la parole. Je ne pense pas que nous pouvons inviter les gens pour venir nous ridiculiser.
Parlant de la fréquence du festival vous dites qu’il est périodique, qu’est-ce que cela signifie ?
La question va être davantage mûrir au sein du conseil. Comme je l’ai déjà dit, il ne pourra pas être annuel, compte tenu des sacrifices consentis par tous. Il va falloir laisser le temps aux gens de se reconstituer. Parce que pour un événement de cette nature il y a d’énormes sacrifices en ressources humaines, financières, et en temps. Pour cela le temps de reconstitution est nécessaire.