Plus d'un an après la mise en garde du Conseil National de la Communication (CNC) concernant la diffusion de programmes jugés obscènes, la télévision camerounaise se trouve toujours confrontée à des défis majeurs en matière de régulation des contenus.

Le 12 juin 2023, le CNC avait enjoint les chaînes de télévision diffusant au Cameroun de retirer les programmes présentant des scènes d'homosexualité, considérées comme "préjudiciables au bon ordre social, à fortiori à l'enfance et à la jeunesse". Cette directive avait même conduit à la suspension de la chaîne Canal+ Elles en septembre 2023 pour diffusion récurrente de contenus jugés inappropriés.
Malgré ces mesures, de nombreux observateurs, dont le doctorant en sociologie Elvis Essono, constatent que les téléspectateurs camerounais, en particulier les jeunes, restent exposés à des contenus potentiellement problématiques. "L'impossibilité de l'État à offrir une certaine sécurité financière à sa population a poussé la plupart des jeunes à cesser de faire confiance à l'école, au travail et à s'orienter vers un certain nombre de pratiques car exposés à la culture occidentale", explique Essono.
Le débat porte notamment sur l'influence des programmes étrangers, principalement occidentaux, dont les valeurs et les représentations peuvent entrer en conflit avec les normes culturelles et morales camerounaises. Des chaînes comme Syfy, AB3, RTL9, E-télévision et MTV sont citées comme diffusant des contenus pouvant heurter la sensibilité locale.

Cette situation soulève des questions complexes sur l'équilibre entre liberté d'expression, protection de la jeunesse et préservation des valeurs culturelles. Elle met également en lumière les défis posés par la mondialisation des médias dans un contexte africain.

Face à ces enjeux, certains appellent à un renforcement des mécanismes de contrôle, tandis que d'autres soulignent l'importance de l'éducation aux médias. "Le non-respect des filtres dans les médias et même dans les familles est une cause supplémentaire de cet impact de la télévision sur notre jeunesse", note Elvis Essono.

Alors que le débat se poursuit, il apparaît crucial pour les autorités camerounaises de trouver un équilibre entre la protection des valeurs nationales et l'ouverture au monde, tout en veillant à ne pas entraver la liberté d'expression et d'information.