Entre le dessin, la peinture, les arts visuels et l’organisation d’évènements culturels, ce Camerounais a trouvé son univers.
Le hall de l’Institut français du Cameroun (IFC) de Yaoundé grouille de monde. Des amoureux se pâment de volupté dans un coin quand Thierry Ntamack, réalisateur, explique à un homme intéressé son projet « Le cinéma au prix d’une bière ». C’est dans cet univers qui sert inversement de bon plan et de tribune à la culture que Landry Mbassi nous a donné rendez-vous.
Dans ce hall bruyant, cet artiste camerounais de 35 ans est dans son milieu. « L’art m’a chopé au berceau », explique Landry Mbassi, qui croit dur comme fer à ce destin qui a fait de lui une des figures les plus en vue des arts plastiques et visuels sur le triangle national.
Gamin, Landry Mbassi étonne déjà ses proches par la finesse de son coup de crayon. Cette passion pour le dessin finit par convaincre son père de lui baliser la route vers les beaux-arts. En entendant parler de beaux-arts, Landry Mbassi découvre alors qu’il peut transformer ses heures ludiques en gagne-pain. En 1998, il intègre la filière Arts plastiques et histoire de l’art de l’université de Yaoundé I, après une inscription manquée aux Beaux arts de Paris.
« Ce n’était malheureusement pas ce que j’avais imaginé », se souvient Landry Mbassi. Il quitte les amphithéâtres de Yaoundé en 2002 pour creuser son sillon dans l’étroitesse du monde de la culture au Cameroun. Un an après, il fonde avec Rass, un ami de fac, le collectif Onom.art.opé. Leur premier projet « Garage », soutenu par l’Institut Goethe, est un succès. « On présentait des installations qui étaient vues avec des sons. Rass, qui est ingénieur de son, faisait les sons et moi les installations », se souvient Landry Mbassi.
En plus de le révéler au public et à la critique, « Garage » met en lumière l’artiste pluriel qu’il est. Car Landry Mbassi vogue entre les arts plastiques et les arts visuels tout en reconnaissant qu’il ne peint plus et ne dessine plus comme avant. « L’art n’est pas figé. Quand on est artiste, il faut se laisser bercer. Je refuse donc de me laisser réduire au seul dessin », fait-il savoir.
Après « Garage », Landry Mbassi s’ouvre les portes de la reconnaissance et d’une carrière à l’international en 2009 avec « Egotracking ou avis de recherche », sa première exposition personnelle. Depuis, ce père d’une « magnifique fille de 14 ans », comme il le dit lui-même a des idées pleines la tête. Il travaille sur un livre sur le plasticien Jean Francis Sumegne. « J’espère que ce livre sera disponible d’ici 2016, voire 2017 », projette-til, un sourire en coin.
Landry Mbassi veut aussi ouvrir un espace culturel autour des arts visuels. En attendant de concrétiser ce rêve, il tend volontiers la main aux plus jeunes artistes en quête de visibilité. Il prépare d’ailleurs cette année une nouvelle édition des Rencontres des arts visuels de Yaoundé (Ravy).