Il est 15h ce samedi 19 septembre 2015 à Yaoundé. Devant le Palais des Sports, une agitation inhabituelle, une foule pressée attend .En effet, le groupe franco-congolais Bana C4 (évoluant sous le label Bomayé Musik du rappeur français Youssoupha) est la vedette du jour, annoncée à grand renfort de publicité.

A l’occasion de leur Pona Yo Africa Tour, une entité intitulée « Bisstitude » et représentée par un certain « Djibril Business » a tenu à les convier dans la capitale politique du Cameroun. Sur place, l’attente est longue; les stars locales annoncées en première partie vont commencer à annuler leur participation au concert, à commencer par l’auteur de « Coller la petite », qui dès samedi matin, informera le public de son absence, « faute d’accord entre son équipe et les organisateurs« .

Puis tout au long de la journée, devant la confusion qui va régner autour du dit concert, d’autres artistes vont progressivement déprogrammer leur participation de leur propre chef. Ce n’est finalement qu’en milieu de soirée que la nouvelle tombe: le concert est annulé. Bana C4, notamment par la voix de son leader Hiro Le Coq, publiera un début d’explication en vidéo sur sa page Facebook.

D’autre part, notre correspondant sur place nous informe que la foule n’est que partiellement informée de la situation et que certains continuent d’arriver sur place, pensant simplement être en retard.

Amateurisme ou escroquerie ?

Après avoir recoupé plusieurs informations reçues de personnes impliquées, nous avons appris que le Palais des Sports n’avait pas reçu de confirmation de booking du lieu pour le concert, et notamment l’équipe en charge de la gestion du Palais n’avait pas reçu la caution demandée. Tout au long de la journée, les organisateurs du concert ont tenté – en vain – de trouver un terrain d’entente pour que le concert ait lieu comme prévu. Or, la salle était préparée pour accueillir non pas un show musical, mais un match de catch, comme le prouve cette photo démontrant un ring installé au centre du Palais.

Davido, T-Pain, P-Square, Eminem… ces derniers mois, le Cameroun a connu de nombreux « concerts fantômes » et la supercherie commence assez souvent de la même manière: « l’info » se propage sur les réseaux sociaux, puis est suivie d’un visuel (supposé être le flyer officiel de l’événement). Par la suite, soit (si les artistes annoncés ont été prévenus) la machine de communication est lancée jusqu’au jour J, soit Facebook et WhatsApp restent les seuls lieux de promotion du dit événement (si les artistes annoncés n’ont jamais été contactés).

Toujours est-il que dans un cas comme dans l’autre, le concert n’a pas lieu et les détenteurs de billets ne savent vers qui se tourner. Cet amateurisme à grande échelle pose de nombreux problèmes et révèle une fois de plus l’absence de fiabilité et d’organisation dans le secteur événementiel camerounais.