Culture of Monday, 8 January 2024

Source: www.camerounweb.com

Le diable avec qui elle a pactisé l'enfonce violemment

Vendre son âme au diable Vendre son âme au diable

Partie 1 : Je m'appelle Nelly. J'ai 28 ans. Ceci est mon testament. J'ai voulu une vie de gloire, de rêve, d'aventure. Je l'ai obtenue. Le prix à payer a été au-dessus de mes attentes. J'ai vendu mon âme au diable.

Oui, je l'ai fait. J'ai menti, j'ai fait des choses inimaginables pour le commun des mortels. J'ai dépassé les limites de ce qu'un être de chair et de sang aurait cru possible. Aveuglée par la gloire, la cupidité et les paillettes, j'ai tout perdu. J'ai perdu mon humanisme, ma sensibilité, ma clairvoyance.

Je ne réclame pas votre pardon. Je ne vous demande pas de me comprendre. J'ai juste besoin d'expier mes péchés. J'ai juste besoin de vous laisser une preuve tangible témoignant de la jeune fille innocente que j'étais. Ne perdez pas votre temps à m'envoyer au diable, j'y suis déjà.

Voici mon histoire, lisez attentivement : Je suis née un matin pluvieux de janvier. Le temps morose était à l'image de cette petite fille qui protestait déjà contre tout. On aurait dit que je ne voulais pas de cette famille. Après deux garçons et une fille, maman Pauline et son époux Gaston étaient heureux d'accueillir une deuxième fille. J'ai refusé de pousser mon premier cri. Les infirmières se sont appliquées à me fouetter le siège pour que je réagisse. Je ne voulais certainement pas de cette famille.

Ma famille était ce qu'on appelle une famille normale. Papa, content de son job de maçon, et maman, soutenant son époux comme elle pouvait. L'argent n'était pas toujours au rendez-vous, mais le bonheur y régnait. Pas pour moi, certes, mais les autres semblaient heureux. Je n'y avais pas ma place. Je le savais au fond de moi. J'ai grandi dans un environnement sain, stable, rien qui puisse justifier un quelconque traumatisme susceptible de changer le cours de ma vie. J'étais censée être équilibrée comme le reste de la famille.

Je ne m'y sentais pas à ma place. J'étais un bébé aux joues joufflues, ronde, qui faisait la fierté de sa maman. En grandissant, j'avais plus gagné en beauté physique qu'en trait de caractère. Je ne ressemblais à aucun de mes parents. Maman disait que je lui rappelais sa défunte sœur cadette décédée 5 ans après ma naissance.

C'est à elle que je dois ce prénom : Nelly. Une fan de romans à l'eau de rose qui était partie trop tôt. Sa photo trônait au beau milieu du salon. Je la regardais, et je nous trouvais effectivement des traits de ressemblance. Son histoire était louche et tragique. J'y reviendrai plus tard. Tout ce que je voulais était de quitter la maison familiale et de m'en aller loin. Je détestais cette vie, oh, je la détestais de tous mes tripes. Je me jugeais trop bien pour cette vie misérable.

J'avais 13 ans lorsque j'ai commencé à mentir et à transgresser la réalité. Je me suis liée d'amitié avec un groupe de filles dont les parents avaient de l'argent. Je devais me fondre dans leur monde pour comprendre. Je leur disais que mes parents étaient des diplomates toujours en vacances. Je vivais chez une tante qui prenait soin de moi. Je mentais effrontément sans sourciller.

Pour intégrer ce lycée au cœur de la ville, j'avais dû recourir à un subterfuge. Il y avait des lycées plus proches de la maison, mais les élèves qui y allaient étaient pratiquement tous issus de notre banlieue de pauvres. Je ne voulais plus voir les mêmes têtes d'enfants de parents tirant le diable par la queue.

J'ai choisi mon lycée seule, à plusieurs kilomètres de la maison. Ma sœur aînée allait au lycée tout près, mes frères aussi. J'étais censée suivre leur pas. Je ne le voulais pas. J'ai dit à papa que j'étais la plus intelligente en classe et que, pour avoir plus de chances de décrocher mon baccalauréat, je devais aller dans ce lycée loin de la maison.

Papa : Mais Nelly, c'est à plus de 30 km de la maison. Comment vas-tu faire pour y aller ? Je ne pourrais pas te payer le transport tous les jours.

Maman : Je ne comprends pas pourquoi tu dois aller dans un lycée si loin alors que nous en avons à profusion ici. Le baccalauréat n'est-il pas le même partout ?

J'ai levé les yeux au ciel. Maman cherchait toujours à tout analyser. Contrairement à papa qui avalait mes mensonges comme des couleuvres, elle avait du flair pour détecter lorsque je mens.

J'ai pu cependant intégrer ce lycée. Les moyens de transport étaient certes difficiles, mais je réussissais à trouver des astuces pour arriver au lycée à l'heure. Entre les auto-stop, dangereux à mon âge, et mon talent de comédienne, je réussissais à quémander de l'argent aux inconnus sans aucune honte.

Moi : -Excusez-moi monsieur, j'ai perdu mon portefeuille avec mon argent de taxi de la semaine, je ne sais pas si vous pouvez m'aider.

Le pauvre type qui me faisait face ne pouvait que voir une petite fille en détresse en tenue de lycée qui avait besoin d'aide. Charitable, il pouvait me donner un billet de 1000 FCFA pour les plus pingres. Les plus généreux allaient jusqu'à 5 000 FCFA.

Non seulement j'avais assez d'argent pour me payer le taxi, en plus je constituais un pactole qui laissait croire que j'étais riche. Mes amies savaient que c'était l'argent de poche donné par mes parents. À la maison, je laissais croire que je traversais des jours difficiles. Ce qui était faux. Personne n'a pu détecter ma supercherie durant des années. Je soupçonne maman de ne pas avoir accepté toutes mes explications, mais elle n'a jamais rien dit.

Je détestais ma vie de famille. J'en voulais à mes parents de m'avoir fait naître dans ces conditions.

Moi : Comment pouvez-vous vivre sans argent et être heureux maman ?

Maman, surprise, m'a regardée ce jour-là.

Maman : Quelle relation l'argent a-t-il à voir avec le bonheur ?

Moi : Mais tout ! Quand on est riche, on est heureux...

Maman : Qu'appelles-tu riche ?

C'est moi qui étais maintenant surprise.

Moi : Mais maman, riche veut dire avoir beaucoup d'argent...

Maman : Qui te l'a dit ?

Moi : Mais, tout le monde le sait...

Maman : Nelly, ma fille, je crois que tu n'as pas encore compris que riche et argent sont deux choses différentes. Et pour être heureux, pas besoin d'argent, mais d'une paix intérieure.

J'ai regardé maman bizarrement. Elle divaguait. Et puis, comment pouvait-elle comprendre ? Elle était née pauvre et allait mourir pauvre !

Rien de surprenant. On ne parlait pas le même langage.

Moi : En tout cas, je sais que l'argent résout tout.

Maman a secoué la tête.

Maman : L'argent complique tout...

Moi : Mais on ne vit pas sans argent !

Maman : L'argent n'est pas notre vie.

J'ai abandonné la conversation car le point de vue de maman différait totalement du mien. Ce n'était pas la peine de me casser la tête à lui faire entendre raison. Et puis, ce n'était pas le plus important pour moi.

Maman a encore eu une fille. J'ai failli piquer une crise. Comment pouvait-on être si démunis et avoir autant d'enfants ?

Je disais à mes amies que j'étais fille unique. Ce qui était vrai dans ma tête.

J'ai passé ma vie à surfer sur cette vie de mensonges, d'illusions, de non-dits jusqu'à mes 18 ans. Je venais alors d'obtenir mon baccalauréat. Cette année-là, tout a basculé. Les choses devaient se préciser.

J'ai commencé à réfléchir à tous les moyens que j'avais à ma portée pour être rapidement riche. J'ai regardé autour de moi. Mes frères étaient devenus des pauvres hommes comme leur père.

Ma sœur aînée s'était entichée d'un pauvre commerçant. Cette famille était partie pour mourir pauvre, mais pas moi.

J'ai décidé de me servir de mon corps.

Oui, j'avais un atout non négligeable, ma beauté fatale. Elle allait être la clé qui m'ouvrirait la porte du paradis.

Je n'allais pas me prostituer, non, c'était trop facile, vulgaire et banal.

J'allais utiliser une autre voie plus rapide et élégante.

Il ne me restait plus qu'à trouver mon pigeon. J'ai tout fait pour me lier d'amitié avec Laurène, la fille d'une grande tête de ce pays. Elle avait accès à des milieux impossibles pour moi à intégrer en temps normal (…).


La suite du récit de Mbakou Ernestine Nadia à suivre toujours sur CamerounWeb.