L’Église catholique et la communauté Bassa-Bati-Mpoo du Département de la Sanaga-Maritime s’affrontent de nouveau au sujet de la grotte de Ngog Lituba. Après que les seconds aient repris le contrôle de ce lieu saint, fin janvier 2017, les catholiques ne sont pas restés bras croisés.
Le vendredi 17 février 2017, l’Évêque d’Edéa, Jean-Bosco Ntep, accompagné des autorités locales et des forces de l’ordre, est allé replanter la croix chrétienne et la statue de la vierge Marie qui avaient été ôtées du sanctuaire.
Les Mbombog, leaders spirituels initiés de la communauté Bassa-Bati-Mpoo n’en démordent pas pour autant. Ils affichaient déjà leur détermination peu avant le retour des chrétiens.
«L'église catholique du Cameroun à Edéa va enfin se rendre compte que rien ne sera plus comme le passé. Plus jamais elle ne fera de pèlerinage à Ngog Lituba, plus jamais elle n'y mettra sa croix de fer et d'acier. Nous aiderons nos frères Bati, gardiens de notre sanctuaire à lutter sans merci, physiquement, spirituellement, mystiquement, contre toute tentative de l'église d'y remettre la croix, même en notre absence en ces lieux», déclarait le Mbombog Simon Mbog Bassong.
Il disait redouter notamment une extinction de la religion traditionnelle de sa tribu.
«En y remettant la croix romaine, l'église empêchera les Bati de bénéficier de l'insertion de Ngog Lituba au Patrimoine culturel mondial ainsi que des ressources du tourisme dont le village Nyambat a besoin pour se développer. La croix romaine n'est pas un patrimoine Bassa-Bati-Mpôô. Le mythe de l'invincibilité de la croix est terminé. Notre lutte contre l'imposture historique de l'évêché d'Edéa sera méthodique, continue, durable et sans répit juridique, jusqu'à réparation des injustices et de la violence endurée en assassinant Um Nyobé, notre guide», réagit le Mbombog Simon Mbog Bassong.
La grotte de Ngog Lituba est située à 800 m d’altitude sur le flanc d'une montagne qui culmine à 1 500 m. Elle est située à Nyanon, à 80 km de la ville d’Edéa.
C’est une «montagne percée» par une ouverture naturelle. Elle est considérée comme sacrée par les peuples Bassa-Bati-Mpoo. Ceux-ci s’y rendent pour des pèlerinages.
La querelle entre les catholiques et les populations autochtones au sujet de la grotte s’est déclenchée en 1959. À cette époque, l’évêque, Monseigneur Thomas Mongo, agissant au nom de l’Église catholique, érige une grande croix et une statue de la vierge Marie au sommet de la montagne dans le but d’instituer le pèlerinage diocésain de Ngog Lituba.
Les autochtones mécontents vont dénoncer un viol de la sacralité de Ngog Lituba à l’Organisation des Nations Unies en 2006.