Une chefferie marquée par l’histoire d’un homme. Au début du 17e siècle, la chefferie Nepèguè qui s’étend jusqu’au Noun a pour Fo, Tchoungafo. Une dispute éclate un jour entre les princes héritiers sur le partage de l’huile de palme et sur la question concernant la succession de Tchoungafo qui perd sa vigueur de jour en jour.
Et au cours de cette dispute, les princes Notuegom et Wafo (qui fondera plus tard la chefferie Balengou) vont en venir aux mains avec Tayo, mais ce dernier va prendre le dessus sur eux, ce qui va les obliger à quitter le village, de peur d’être tués.
Apres la mort de Tchoungafo, Tayo devient le nouveau chef. Mais son règne est marqué par une mésentente avec la seconde personnalité de la chefferie, Kwipou. Mécontent de la gestion du nouveau chef, il va se retirer de la chefferie.
Puis il va s’installer hors du village. Avec la complicité de certains notables, il va évincer le chef Tayo de la chefferie et procéder à l’annexion des deux chefferies, laquelle va conduire a la création de la chefferie Baleng. Le chef déchu va tout de même garder sa légitimité et sa responsabilité religieuse dans la chefferie. On va même lui octroyer un petit espace sacré hors de la chefferie.
La chute du chef Nepèguè, n’a pas eu l’onction de tous les notables. Ceux qui n’étaient d’accord, vont rejoindre le prince Notuegom qui s’est installé à l’Est de Bafoussam où il est devenu un grand chasseur. Sur ces nouvelles terres, il est aidé par une femme nommée Notyo qui devint plus tard sa nourrice.
Notuegom va agrandir sa chefferie en accueillant les gens de tout horizon, qu’il initie à la chasse. Il va même acheter les esclaves. C’est de là que vient le nom de Bandjoun, car tous ceux qui appartenaient au chef chasseur sont appelés des Pejo qui veut dire les gens achetés.
Le prince Notuegom bien qu’il soit populaire, est considéré comme un sous-chef par les autres chefs. Ceux-ci ne reconnaissent pas en lui une légitimité de chef. Malgré ce handicap, il finit par gagner la confiance du Fo Fouadibou, chef du village Dibou, qui deviendra plus tard son beau-père.
Un jour le jeune prince en hommage à son beau-père, lui a envoyé une bonne réserve de gibiers. Très ému du geste de son beau-fils, il lui rend la politesse par un sac rempli de légumes par l’intermédiaire de sa fille. De retour des funérailles, le Fo Fouadibou se rend compte qu’il n’est plus en possession de son bracelet en cuivre. Lequel symbolise la royauté et le pouvoir qu’il incarne.
La nouvelle se répand ainsi dans tous les environs. Mais un grand mystère tourne tout autour de la manière avec laquelle, Notuegom s’est retrouvé en possession du bracelet de son beau-père au bras. Mais un doigt accusateur désigne la fille du chef Fouadibou, qui aurait volé ce bracelet pour le remettre à son mari.
Etant en possession de cet objet, le prince chasseur est reconnu dorénavant comme un Fo. Ce qui irrite son beau-père, au point de lui déclarer la guerre. Mais cette entreprise est sans issue, puisque Notuegom va battre le chef de Fouadibou. Après cette défaite, Notuegom annexe le village Dibou et devient le Fo de Famleng. De cette annexion va naître la chefferie Bandjoun.
La mort de Notuegom reste un mystère. Mais certaines sources soutiennent que, devenu très vieux, ce dernier se serait noyé dans un petit marigot. Lequel aujourd’hui est considéré comme un lieu sacré pour le peuple de Bandjoun. Il est gardé par neuf notables qu’on surnomme les gens de La’ vu(le village des neufs).
Source : JP Notué et Louis Perrois, contribution à l’étude des sociétés secrètes chez les Bamiléké, institut des sciences humaines de Yaoundé 1984.