Culture of Friday, 9 February 2018

Source: auletch.com

Littérature: regard sur le livre 'La faim ne justifie pas les moyens', de Joseph Mbarga

Couverture du livre Couverture du livre "La faim ne justifie pas les moyens"

On a souvent pris l’habitude d’entendre dire « Ventre affamé n’a point d’oreilles ». C’est devenu banal. Lorsqu’une personne veut justifier une mauvaise action, elle fait de cette expression un mot d’or. Parfois elle se sent obligée de se lancer dans certaines mésaventures pas élogieuses pour remplir ce ventre qui souffre le martyr. Mais Joseph Mbarga, en opposition à leur idée, fait un clin d’œil dans son ouvrage en disant « La faim ne justifie pas les moyens ».

Hum une belle douche froide, que certains n’oseraient accepter prendre. D’autres pourront se demander même si l’auteur peut imaginer la réaction d’un animal quand il est dans le besoin. Demander de ne rien faire, alors qu’on est dans le besoin, ce n’est vraiment pas drôle du tout n’est-ce pas ? Seuls les habitants de Tissoan peuvent penser ainsi.

Comme nous le disions au début de nos propos, l’ouvrage que nous propose Joseph Mbarga est un recueil d’histoires qui nous emmène a la découverte des habitants de Tissoan, un chef-lieu à mille lieux d’être imaginaire. Une province du point de vue de l’auteur abritent des citoyens qui ont des problèmes existentiels qui les obligent à devenir des loups pour les autres. Chaque histoire porte une thématique qui débouche sur une prise de conscience. Si la plupart d’entre elles épousent l’idée du titre, d’autres par contre vont dans un tout autre sens. Alors on s’interroge. L’auteur ne voulait pas juste nous prendre par surprise, en nous entraînant comme des gosses dans une cantine, pour nous offrir un spectacle de musique ? Ou alors de quelle faim parle t-il réellement ? Ou le titre est comme un appât, destiné à nous faire découvrir plusieurs idées développées par l’auteur ? Autant de questions, qui suscitent des interrogations.

Il est clair que le mot «faim» exprimé par l’auteur ici ne doit pas être pris au sens premier du terme, puisque en lui gravite plusieurs significations que chaque lecteur aura le plaisir de découvrir. La première nouvelle qui est assez intrigante, est une mésaventure de deux amis, qui sont étudiants dans une université de Tissoan, comme dit l’auteur lui-même « Qui se ressemble s’assemble », sont unis pour le meilleur et le pire. Quand le pire se produit c’est dans une prison qu’ils le vivent.

L’auteur veut-il dénoncer la dure réalité que vivent les étudiants, qui sont parfois contraint, malgré eux, d’utiliser toutes les armes dont ils ont pour s’en sortir ? Ou encore celle qui parle de ce beau fils qui a refusé le repas qu’on lui a servi, mais a trouvé bon de venir voler le même repas dans la nuit ? Questionne t-il la moralité des intellectuels ? Les hommes sensés être des référents pour notre société, qui oublient leur mission première. Et le sous-préfet de Tissoan qui depuis l’âge de la retraite, avait dénié de partir, il était seul à connaitre comment il repoussait cette échéance, jusqu’au jour où la nouvelle l’a pris de court, comme un coup de poing donné par surprise. On peut se dire ici qu’on parle de faim de pouvoir, ces hommes qui sont prêts à tout pour rester au sommet. Autant de nouvelles qui ne sont pourtant pas inconnues de notre vécu quotient, que l’auteur a su habiller avec des mots.

Dans un style qui nous rappelle celui de Séverin Cécile Abega dans les « Bimanes », qui comme l’auteur dénonce dans un ton hilarant le comportement d’une catégorie de personne, on peut même se risquer de faire une petite comparaison. Pourquoi pas une prolongation, puisque autant qu’hier et aujourd’hui les mêmes causes produisent les mêmes effets. Nous pensons juste que l’auteur est un griot des temps modernes, qui avec sa verve nous raconte pas comme aurait fait celui du village avec un instrument de musique, mais à sa manière avec une maîtrise exceptionnelle du jeu de mots.


Une narration qui tient lieu à la fois de dénonciation, d’aventures, de partage de culture, le tout formant un roman de savoir, et pour le lecteur c’est un apprentissage tout en humour sur les maux de la société qui évoluent dans le temps et l’espace. « La faim ne justifie pas les moyens », est un ouvrage qui séduit tout abord par son aspect visuel au niveau de la première couverture. La lecture est tout aussi agréable qu’un bon vin laissé pendant longtemps en fermentation. Les histoires sont tellement bien écrites, qu’on est en même de les lire en moins d’une heure. Il peut être conseillé aussi aux plus jeunes comme ces bons contes qu’on partage autour du feu au village.

Voila ce qu’on pouvait dire de manière sommaire sur le livre « La faim ne justifie pas les moyens », de Joseph Mbarga. Le livre est actuellement disponible à la Fnac de bali, alors chers letchois nous vous souhaitons une bonne lecture.