La première édition au Cameroun de la rencontre des écrivains africains, rencontre organisée par l’Association « La truelle sociale » basée à Nantes, s’est tenue du 13 au 20 janvier 2025 à l’Ouest Cameroun sous l’appellation « Bangoulap au cœur du Livre ».
Une célébration unique en son genre des littératures africaines au cœur des zones rurales de Bangoulap, une localité située dans le département du Ndé, région de l’Ouest-Cameroun, il fallait le faire. Cet évènement, fruit d’une collaboration exceptionnelle de l’Association pour la Promotion des Bibliothèques Rurales autrement dit « La truelle sociale » avec la Fondation Jean-Félicien Gacha et le Centre culturel français (Ccf), vise à rapprocher le livre des populations rurales et notamment la tranche jeune, tout en mettant en lumière les richesses culturelles locales.
Sous le regard scrutateur des historiens du présent, une vingtaine d’écrivains venus de divers pays d’Afrique et de l’hexagone, se sont donnés rendez-vous à la somptueuse villa Boutanga de la Fondation JeanFélicien Gacha située sur les collines de Bangoulap, question de se recueillir, puis aller à la rencontre des populations rurales et notamment les plus jeunes, afin de leur inculquer le goût de la création littéraire et artistique. Au menu des travaux et des échanges, des résidences et des randonnées littéraires, partage d’expériences entre les auteurs, des ateliers éducatifs, des ateliers d’écriture et de dessins avec les adolescents, visite des musées, des activités ludiques sur le patrimoine artistique et culturel camerounais, ainsi que des activités culturelles immersives.
Combattre l’illettrisme et la fracture numérique
Pour la présidente de l’association « La truelle sociale » organisatrice de la randonnée, Rosine Deumaga dit travailler essentiellement à la promotion du livre, les bibliothèques rurales et la lecture, pour lutter contre l’illettrisme mais également l’éradication de la fracture numérique, en essayant de rapprocher les populations très éloignées du livre et du numérique. « Nous faisons également dans la valorisation des cultures africaines via les arts et la culture », ajoute-t-elle. Avant d’entamer cette première édition au Cameroun, le festival international des littératures africaines qui se tenait chaque année à Nantes était rendu à sa 10e édition. Avec l’apport des partenaires locaux, Rosine Deumaga a pensé qu’il était temps d’organiser quelque chose de semblable au Cameroun. En dépit de la modicité des moyens et des ressources, « Bangoulap au cœur du Livre » a pu se tenir, avec juste un peu de volonté et la passion qui anime la promotrice.
Activités lucratives et professionnelles
La Fondation Jean-Félicien Gacha qui est partenaire de l’initiative, a été créée en 2002 par dame Ly Dumas pour répondre à un besoin social, celui d’occuper les jeunes désœuvrés, les former dans diverses activités lucratives et professionnelles. Pendant la construction de sa résidence privée en 1996, dame Ly Dumas va se rendre compte que le chantier absorbe un flot de manœuvres sans qualifications professionnelles, c’est ainsi que lui vient l’idée d’encadrer les jeunes désœuvrés qui gravitent autour du chantier. Elle décide alors d’étendre l’espace de son chantier pour en faire des ateliers pratiques aux petits métiers, se rendant compte de ce que la cause principale de ce désœuvrement est entre autres l’illettrisme et la sous-scolarisation des jeunes.
Elle va d’ailleurs faire venir des ingénieurs pour transmettre des connaissances pratiques à ces jeunes, tout en pensant à la création d’un Centre de formation professionnelle. Et comme les idées et les individus se rencontrent, les deux initiatives ont pu fusionner pour créer l’évènement dénommée « Bangoulap au cœur du Livre ». Cela a été une expérience enrichissante pour les populations locales de même que pour les participants qui sont allés à la découverte des localités avoisinantes, riches en trésors artistiques, culturels et touristiques.