Pour Armand Biyag, d’un instrument à un autre, il n’y a qu’un pas. Littéralement. On parle de la scène, où le musicien camerounais glisse du piano, au balafon, puis au tambour, dans une étonnante coordination. Jamais il ne s’emmêle les pédales.
L’artiste donne l’impression que cette harmonieuse symphonie est innée. « C’est toujours compliqué au début d’aligner autant d’instruments.
Quand on le fait chaque jour, ça devient une routine », souligne le chanteur multi-instrumentiste. Mardi dernier, la journée d’Armand Biyag avait pour point final l’Escale Bantoo, projet initié par Tony Mefe, directeur artistique de Scènes d’ébène, pour offrir un plateau aux artistes d’Afrique centrale.
Ce sera le premier plateau d’Armand Biyag au Marché des arts du spectacle d’Abidjan 2018, avant sa sortie ce jeudi soir sur la scène populaire de l’Esplanade lagunaire au palais de la culture.
Pour lui, Escale Bantoo est « l’une des plus belles choses qui soit arrivée aux artistes de la sous-région dans ce MASA. » En attendant son tour sur ce podium nocturne des fins de soirées chaudes de la capitale ivoirienne, l’homme-orchestre se pose tranquille.
Au bord de la plage, il profite de la belle vue que donne la cour arrière de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) d’Abidjan à tous ses pensionnaires.
Nombre d’artistes sont logés dans ces lieux qui ont accueilli les athlètes des Jeux de la Francophonie en juillet 2017. « On s’y sent bien », confirme Armand Biyag, avant d’entamer une discussion profonde autour de la voix. Car s’il touche à beaucoup d’instruments, sa voix au registre tout aussi pluridisciplinaire, tient une importance capitale.
« La voix est évidemment un instrument incontournable. J’ai commencé d’ailleurs à chanter à 5 ans à l’église, puis j’ai été dans la chorale classique. J’ai même été maître de chœurs », rappelle-t-il.
Son show de 30 minutes à l’Escale Bantoo, avec des titres comme « Afrika Jam », « Na senga bobe », entre makunè et makossa mariés à des sonorités jazz, cède place au constat : il a vraiment plus d’un tour dans son sac. Ce MASA 2018 est le deuxième d’Armand Biyag. Avec la différence qu’en 2016, il était sélectionné dans le festival « off », avant le « in » cette année.
Pour l’auteur-compositeur aux deux albums (« Mut Binam » et « Njan »), c’est la continuité d’un projet entamé il y a six ans. Son futur proche est déjà bien en route, avec sa résidence de trois mois d’ici peu à Paris, grâce à Visa pour la création, bourse octroyée par les Instituts français.
Elle lui permettra de « prendre le temps de continuer la recherche, de travailler avec des chœurs gospel et de peaufiner l’album “Njan”. » C’est tout le mal qu’on lui souhaite.