Culture of Monday, 22 October 2018

Source: cameroon-tribune.cm

Nécrologie: dernier hommage à Da’ak Janvier

Son œuvre, comme celle de tout artiste de sa trempe, restera à la postérité Son œuvre, comme celle de tout artiste de sa trempe, restera à la postérité

Une cérémonie sobre pour dire au revoir à leur camarade. Plusieurs artistes étaient de ce rendez-vous déchirant hier à la morgue de l’hôpital Jamot à Yaoundé. Le dernier hommage à Da’ak Janvier y a débuté, avant de se poursuivre à la Maison du parti de Nkolndongo et va s’achever ce samedi dans son village natal. Quand la terre de la localité de Teng par Sangmélima dans le Sud, se refermera sur la dépouille d’un des guitaristes les plus doués de la sphère du bikutsi, un point final ne viendra pas forcément ponctuer cette riche aventure artistique.

Son œuvre, comme celle de tout artiste de sa trempe, restera à la postérité. Né le 2 janvier 1964 à Meyila (Dja-et-Lobo) de Ernest Zibi et de Germaine Edima, Da’ak Janvier, de son vrai nom Joseph Nkomessila, a gratté de la guitare sur les plus grandes scènes du monde et aux côtés de phénomènes parmi lesquels les Américains BB King ou Paul Simone.

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Sa prestation inédite dans son cinquième album « Akpwo’oh ! » (Explosion de joie !) lui vaudra une invitation spéciale au célèbre festival de jazz international, Montreux en Suisse en 2002. Un artiste-bikutsi dans un grand’messe du jazz ? Une incongruité, pourrait s’offusquer les profanes ou ceux qui ignorent l’adresse presque métaphysique de cet instrumentiste de génie, à mêler le blues, le jazz et parfois le rock’n roll à la fibre bikutsi.

C’est pourquoi sur le territoire national, Da’ak Janvier rentre sans exagération dans la catégorie des légendes du bikutsi, ou comme tous ont rebaptisé son registre : le bikutsi/jazz. Une fois sa guitare bien accrochée, dans une gestuelle vivante, ou dans une posture fière et affirmée, Da’ak Janvier prenait des allures d’Elvis Presley. Il se murmure dans le milieu artistique que c’est de là que lui vient le surnom « The King ».

L’artiste désormais de regrettée mémoire depuis sa disparition des suites de maladie le 3 septembre 2018 à Yaoundé, avait un don pour la guitare. Il en a gratifié les morceaux de nombre de chanteurs de bikutsi des ancienne et nouvelle générations. Eboue Chaleur qui l’a côtoyé sur plusieurs décennies a en mémoire : « Un homme au tempérament calme, au français soutenu et au bagage intellectuel inattendu. » Da’ak Janvier jouait de la guitare évidemment, mais aussi du Mvet et quelques fois des inédits.

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« Mon bikutsi se joue avec de l’accordéon, c’est la fusion des pulsations des cœurs », confiait-il à CT en 2003, après une prestation dans un cabaret réputé de la capitale. Eboue Chaleur se souvient même que ces dernières années, Da’ak Janvier était le principal arrangeur d’un autre cabaret de Yaoundé, où il expérimentait la fusion entre balafons et guitare.

Da’ak Janvier était également un parolier aux textes engagés et même romantiques, comme sur « Eyalan », où il implore sa dulcinée de lui envoyer enfin cette réponse qu’il attend depuis des lustres. On imagine bien qu’il espérait un « oui »… Da’ak Janvier était aussi un adepte de l’ozyla, la funk à l’africaine, qu’il explore au sein du célèbre crew « Les Martiens », mais surtout avec son groupe « Les mollets d’acier », qu’il fonde en 1988 pour le plaisir et les plus belles années du cabaret Eldorado à Nkomo (Yaoundé). Son doigté transparaît au travers de ses différents opus, entre autres « Eyong Mevak » (1988), « Nkussi » (1990), « Black in the Dark » (1992) ou « Symbol» (1996).