Il aimait vivre sa musique en acoustique. Il l’aimait pure, belle, brute. Jafa Junior, toujours guitare à la main, s’en est allé le 31 mars dernier à Yaoundé. Des sources proches du regretté musicien parlent d’un combat de plusieurs mois finalement perdu contre la maladie.
Sa carrière, il l’a vécue sans artifices, à l’image du personnage qu’il était, un homme d’une grande discrétion, mais d’une courtoisie certaine. Amabilité pour ses fans, pour les autres artistes, pour tous. « Au bout du tunnel, on verrait finalement la lumière », disait-il ce soir du 21 avril 2017, pendant un show au cabaret Ô Maeva E.A Lounge. Il présentait alors son troisième album, « Voyage au coeur de la lumière », fidèle à son style afro jazz et folk.
Deux opus avaient déjà marqué sa vie musicale. « Prends-moi tel quel » en 2008 (sorti sous le label Alizées Equateur) et « Mfiè » en 2015. Il savait surprendre, avec des titres en ewondo, bulu, eton, manguissa, italien, français, anglais, et bakoko. Au-delà de son talent et de sa maîtrise guitare en main, Jafa Junior vivait ses dernières années, des moments douloureux après la perte de son épouse Nathalie Messina en 2016.
Son dernier album lui rendait d’ailleurs hommage. Ses chansons, à travers des paroles fortes et mélancoliques, se révélaient alors un témoignage à l’amour, au maintien de cette flamme qui reste allumée dans les coeurs même quand la vie s’éteint.
En 1984, sa passion pour les textes se déclenche quand il rencontre le musicologue Jacques Philippe Tsala Tsala, alors qu’il est élève au petit séminaire Sainte Thérèse de Mvolye. Il quitte le sacerdoce pour se vouer à la musique.
En 2009, il est nominé au Prix Découvertes RFI. Sa volonté était de se faire connaître sur le plan national, notamment avec son dernier opus, car la majeure partie de son vécu artistique s’est révélée à l’étranger. Le temps en aura décidé autrement .