Se débrouiller est devenu si fréquent dans le quotidien camerounais, que le métier le plus populaire est celui de débrouillards. Un pays où la seule chose que la jeunesse est appelée à faire c’est de faire ce pourquoi elle n’a jamais été appelée.
Ils deviennent enseignants pour fuir les épreuves de la vie, pasteurs pour se délivrer du démon de la misère, infirmiers pour se guérir des maux de tout genre, artiste pour s’inventer une vie qui ne leur appartient pas….
Rare sont ceux qui font quelque chose pour autrui, tout le monde veut, avec une telle froideur, tirer la couverture de son côté. Les artistes plus artisans qu’autre chose, ne font plus de l’art…ni même pour l’art encore moins l’art pour le progrès. Ils font l’art pour soi. L’égoïsme a atteint un niveau bestial où on refuse de partager même le peu de ce qui nous manque.
Mais dans cette guerre de chacun contre chacun, où les vieux veulent tout avoir et tout emporter et les jeunes, rien chercher mais tout détruire, certains sortent du lot, de l’eau, genre Neg Bello.
Faire du Rap pour ne pas vendre, pour ne pas se vendre, ni pour acheter les consciences et emprunter une vie à la supercherie est devenue très rare. C’est déjà un risque de faire ce genre de musique marginalisée, c’est un risque encore plus grand de le faire à la manière de Neg Bello.
Rapper comme à ses débuts à la fin du 20e siècle, dans une langue créolisée qui n’est accessible qu’à une catégorie très faiblement représentative, avec des thèmes qui ne font ni rire ni danser, il faut avoir du courage pour le faire. Rapper encore en ce temps et en ce lieu pour essayer de changer quelque chose en quelques uns, parce que conscients que les vieux sont occupés à autre chose, est un courage rare et précieux et à apprécier.
Ce jeune rappeur qui rêve d’un nouveau type de société, et qui s’engage non seulement à travers son art mais au moyen ses grandes idées et ses gros bras sur le terrain, mérite notre attention pour créer de nouvelles piste d’invention de soi, pour une nouvelle manière de vivre dans ce pays.
Nous devons vivre autrement ! Changer d’angle de vue et d’attaque. Changer de manière de se coucher, de dormir et de rêver…de se réveiller, de marcher et de travailler.