Je suis désolée de vous écrire à une heure si tardive… mais je n’en peux plus. Mon cœur est lourd, mes pensées m’épuisent et je ressens le besoin de parler à quelqu’un qui pourrait comprendre. J’ai essayé d’ignorer cette douleur, de me convaincre que ça passera, mais depuis une semaine, je ne dors presque plus. Je tourne en rond, rongée par le regret et la déception…
Je m’appelle Gervine, j’ai 23 ans. L’année dernière, en août, j’ai obtenu mon Master en informatique, option Génie logiciel. Après ma soutenance, pleine d’espoir et de motivation, j’ai postulé dans plusieurs entreprises pour décrocher un stage professionnel. Par chance, j’ai été rappelée par deux d’entre elles et j’ai dû faire un choix.
Après seulement deux mois et demi de stage, une opportunité inespérée s’est présentée : un poste dans une grande entreprise internationale. Ce n’était pas dans mon domaine, mais le salaire qu’on me proposait était le double de ce que je gagnais en tant que stagiaire. J’ai consulté mes proches, espérant qu’ils m’aideraient à prendre la meilleure décision, mais leurs avis étaient partagés. Certains me conseillaient de rester dans mon domaine et d’acquérir plus d’expérience, d’autres me disaient de penser à la stabilité financière. Finalement, j’ai pris cette offre. J’y ai vu une chance, un tremplin. Aujourd’hui, je me demande si ce n’était pas la pire erreur de ma vie.
Dans cette entreprise, j’ai rencontré un jeune homme. Nous sommes entrés ensemble, le même jour. Il était intelligent, ambitieux et nous sommes très vite devenus complices. Plus que des collègues, nous étions des amis, des confidents… peut-être même un peu plus. On se soutenait, on avançait ensemble, main dans la main, comme deux âmes liées par un destin commun.
Mais il y avait une différence entre nous : lui était plus posé, plus stratège. Moi, j’étais peut-être trop impulsive, pas assez patiente. Dès notre arrivée, nous nous sommes démarqués des autres employés, qui avaient pour la plupart un niveau d’études inférieur au nôtre. Nous étions curieux, avides d’apprendre. On voulait plus, on voulait mieux. Alors, on a fait l’effort de s’intéresser au travail de nos supérieurs, d’observer, de comprendre.
Un jour, une opportunité s’est présentée : un poste s’est libéré. On m’a d’abord considérée pour le remplacer. J’y ai cru. J’espérais. Mais au final, c’est lui qu’on a choisi. Lui et pas moi. Pourquoi ? Parce qu’il était plus calme, plus réfléchi, plus adaptable. Moi, je n’ai pas su être à la hauteur. À présent, il est promu, et moi, je reste là à attendre qu’on ait besoin de moi pour remplacer quelqu’un en congé.
Quand notre supérieur a annoncé sa nomination, j’ai ressenti quelque chose d’inexplicable. Une douleur sourde, un vide, une immense déception. J’aurais voulu être fière de lui, et quelque part, je le suis, mais la vérité, c’est que je suis jalouse. Jalouse de ne pas avoir su saisir ma chance. Jalouse de me voir laissée derrière pendant qu’il avance. Jalouse de sentir notre lien se fissurer.
Je lui ai dit qu’il valait mieux qu’on prenne nos distances. Ce n’est pas de sa faute, mais le voir chaque jour me rappelle mon échec. Je sais que rien ne sera plus comme avant… Et ça me fait mal. Atrocement mal. Aujourd’hui, je regrette. Je regrette d’avoir quitté mon stage, où j’apprenais au moins quelque chose. Ici, je me sens inutile. Mon poste me pèse, et mon cœur aussi.
Coach, je suis perdue… Dois-je essayer d’accepter la situation et redevenir son amie, même si ça me brise de l’intérieur ? Ou dois-je prendre mes distances, au risque de perdre définitivement cette relation qui comptait tant pour moi ? Je suis humaine, j’ai des émotions, et en ce moment, elles m’étouffent.