Parlant d’Afro pop en Afrique et au Cameroun, rares sont ceux qui retiennent aujourd’hui l’attention du public et donnent envie de l’écouter encore et encore…
Le côté soul de Mr léo
Jusqu’à présent, le public a connu trois morceaux de Mr léo. Son histoire avec moi commence avec "E go beta ", de l’instrumentalisation au produit mastérisé en passant par la navigation douce incorrompue et le texte bien élaboré, il m’a mis d’accord. Cette soul et ce côté émotif, librement contrôlé se sont répété dans "On va gérer " avec une montée en cadence dans un Afro pop mixte.
A l’annonce de "Kemayo", j’étais un peu perplexe, car je me demandais ce qu’il allait fournir. A la première écoute je n’ai pas beaucoup été marqué si ce n’est par la thématique. Mais en prenant le temps d’écouter le morceau dans des conditions plus appropriés, j’eus un effet chair de poule. Et oui ! Il s’est démarqué non seulement des deux précédents morceaux, mais aussi des autres artistes de sa génération et du sillage Afrop pop.
Le texte et le thème
La textualité et la progression narrative ici sont réussies. Le message a été transmis avec brièveté de sorte que personne ne trouverai des difficultés à cerner la leçon à retenir. J’ai été marqué non seulement par le fait qu’il l’ait fait en français, mais sur par ce versement dans une situation de conte, narrative à la boli bolingo, comme ces chanteurs de Zouglou du début des années 2000.
L’autre chose qui m’a plongé et interpelé c’est que la situation décrite est une que j’ai déjà vécue. Ici Mr léo est le petit frère de Kemayo tout comme je fûs le neveu autrefois. De plus j’ai moi-même en tant que homme déjà commis cette erreur.
La performance dans la composition
La voie de Mr léo est particulière, avec ce côté cassé, sémi-grave et semi- aigue mais surtout porteuse de vibrations émotives. Il surfe très aisément sur la musique de ce morceau en suivant la bass dans les couplets et les guitares et les instrus mis en fond dans le pré-refrain et le refrain.
J’ai beaucoup aimé les deuxièmes voies figurent dans le sont car elles accompagnent bien la voix principale en trempant l’ouie dans une ambiance croustillante et fondue.
Prenez la peine d’écouter le morceau avec un casque et vous me direz.
La partie la plus accrocheuse c’est pré-refrain où il dit « Une fois devenue deux fois, deux fois devenues trois fois… ». La montée est très soul. Mais cela doit aussi son explication à la composition de l’instrumentale.
Parlons du beat monté par Salatiel
C’est soft, c’est dansant, c’est balaise, c’est un mélange duquel ressortent plusieurs effets. A l’introduction le jeu de bass et l’entrée progressive des claps et des guitares électrique donne un soupçon de mélancolie et de matinée Africaine.
La couleur devient plus explicite car à l’entrée des percussions, le jeu de bass change et on se retrouve dans du "Gospel naija " à la Agatha moses. J’ai été frappé par la façon dont la bass a été jouée ici. Au début vous remarquez une séquance très souvent jouée dans des morceaux qui ont eu du succès.
Les deux premières notes de cette ligne de bass sont similaires à celle qu’on retrouve dans "Sexual healing " de Marvin Gaye, dans " Dance with mama "de Nas, dans "Je me tire" de Maître Guims dans "Coming home "de P. diddy , dans " Maintenant ou jamais " de Dry pour ne citer que ceux-là. Mais salatiel m’a surpris parce que les deux notes qui suivent baissent d’un ton alors que dans les autres morceaux la séquence continue de façon identique.
J’ai beaucoup aimé la partie où il laisse expression à la musique dans 4 mesures avant le troisième couplet faisant parler les flutes et la guitare électro.
Les cloches de fond qu’on écoute dans le couplet font un effet interpellateur d’esprit comme dans le makossa qui se jouait dans les clubs dans les années 90.
Mais mon respect c’est surtout la transposition effectuée dans le pré refrain. On dirait que je suis dans la pleine chaleur d’un spectacle live
Pour ce qui est de la vidéo
Elle est assez explicite et représentatives du morceau. Nous vivons là surement la situation d’un foyer dans la ville de Buea en pleine matinée d’un samedi. Le sol en basalte montre bien que nous sommes dans une ville volcanique.
L’effet incandescent qui ressort de l’image, ainsi que la verdure et les voix des oiseaux au début transmettent un effet de belle vie nature. Les clichés les acteurs représentent bien la culture et le milieu, rien qui extrapole. Bref c’est validé, c’est dans la boîte.
Conclusion
J’ai ya mo « Kemayo » et je trouve c’est un morceau bien produit et d’une performance à saluer. Mr Léo et Salatiel n’ont pas manqué de respect à mon ouïe, ils ont levé le niveau, prenez le temps d’écouter.
Je pourrais écouter « Kemayo » dans un an ou dans trois avec le même plaisir, ce n’est pas le Vrac. Je ne peux que les inviter à d’aller de l’avant et à vous je conseille à tous de déguster avec soin cette dernière œuvre de Mr léo.
Ci-dessous la vidéo de Léo...