Culture of Thursday, 23 June 2016

Source: cameroon-info.net

Que vaut la musique camerounaise ?

Fête de la musique Fête de la musique

Le Cameroun, comme le reste de la communauté internationale, a célébré le 21 juin 2016, la 35e édition de la fête internationale de la musique.

L’apothéose de la célébration, dont le thème appelait réfléchir sur la place de l’instrument traditionnel face à la modernisation, s’est déroulée à l’esplanade du Musée national. Le Ministère des Arts et de la Culture y a organisé un concert géant avec plusieurs artistes pour clôturer cette «faites la musique», ainsi que l’appellent désormais les mélomanes.

Mais au pays de Manu Dibango, Richard Bona, Sam Mbende, Prince Eyango et les autres, le débat reste axé sur l’orientation prise par le 4e art depuis près de trois décennies. De nombreux Camerounais pensent que la musique a perdu de sa valeur.

«Quand on écoute les jeunes d’aujourd’hui, on se demande où va notre musique. Tout tourne autour du sexe, sans véritable message», regrette Philippe Metomo. Ce septuagénaire, mélomane de la première heure, affirme que «la production musicale de l’heure est orientée vers l’obscénité. La musique chez nous est morte avec la disparition des géants comme Eboa Lotin», dit-il.

Une thèse que soutient l’universitaire Hubert Mono Ndjana. Le philosophe, auteur de l’ouvrage intitulé «Les Chansons de Sodome et Gomorrhe», ne manque pas, à chaque fois qu’il en a l’occasion, de fustiger le caractère pornographique prise par la musique camerounaise ces dernières années. Symbole de cette situation, le contenu des chansons les plus écoutées: «J’ai envie de faire, le ventre et le bas-ventre, coller la petite, le piment dans la sauce, etc.» Des messages essentiellement déviants, s’offusque le professeur titulaire des universités.

Tout n’est pourtant pas noir. À côté des icônes mondialement reconnues, certains artistes de la jeune génération essayent de maintenir la flamme allumée. Invité à Canal 2 International il y a quelque mois, Sam Mbende se réjouissait de ce que «chantent encore bien avec de vrais messages». Le Président du Conseil d’administration de la Cameroon Music Corporation avait notamment cité Charlotte Dipanda, Dynastie le Tigre, Lab’l. Une liste sans doute non exhaustive, mais pas très longue.