Samuel Minkio Bamba et René Jam Afane ont toujours été présentés comme les auteurs de l’hymne national du Cameroun. Une affirmation pas du tout partagée par une minorité qui estime que, certains faits auraient été montés de toutes pièces pour valoriser d’autres personnes. Entre dits et non dits, today sur auletch, on vous invite à découvrir l’histoire d’un chant de ralliement devenu un hymne national.

Tout a commencé à Foulassi. La mission presbytérienne baptiste américaine, l’une des premières obédiences au Cameroun, cherche une localité pour construire une école de formation des instituteurs. Le choix se portera d’abord sur Elat dans la ville d’Ebolowa, avant de finalement opter pour le petit village de Foulassi dans le département du Dja-et-Lobo, vers Sangmelima.

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Cette école avait pour mission principale de former des cadres enseignants employés ensuite par la mission. Les élèves passaient deux années de formation avant d’obtenir le diplôme de moniteur indigène. C’est ainsi qu’en janvier 1926, le pasteur canadien, Camille Chazeaud fonde l’école normale de Foulassi. Une institution qui accueillera la toute première promotion d’élèves à l’origine de l’hymne national du Cameroun, mais qui est également connue pour avoir eu comme pensionnaire l’un des leaders de l’indépendance du Camerou,n Ruben Um Nyobe.

La création de l’hymne national

A l’approche de la fin de leur cycle de formation, soit un an avant, les élèves de la première promotion de l’école normale de Foulassi veulent marquer leur passage dans cette institution par un chant de ralliement. Un chant pour promouvoir l’espoir et le vivre ensemble entre les communautés du pays. Dans cette liste de vingt neuf apprenants, il y a avait donc :

1- Angounou Ntyam André, 2- Beau Ngouah David, 3- Bopelet René, 4- Bougha Bouguen Alex, 5- Efanden Bekoe, 6- Etame Charles, 7- Foh Elom Joseph, 8- Handy Matoi Joseph, 9- Jam Afane René, 10- Malonga Samuel, 11- Mayadi Henri, 12- Mbida Jacob, 13- Minkio mi Bamba Samuel, 14- Missengue Adrien, 15- Monezo’o Aka’a, 16- Mpile Mpfoum Louis, 17- Ndongo Nzie Alexis, 18- Nkomo Banga Michel, 19- Nkumu Meru’u Ernest, 20- Nyate Nko’o Moïse, 21- Obam Bitom Philippe, 22- Obam Engozo’o Engelbert, 23- Pouasset Nzouango Lionel, 24- She Onana Paul, 25- Tchega Mbogol Joseph, 26- Tsaga Gigui Bikanda M, 27- Yogo Yogo Roger, 28- Ndongo Minko Laurent, 29- Tegal Ngobol Joseph.

Pour élaboration de ce chant de ralliement, on mit sur pied un comité avec à sa tête deux représentants de chaque groupe ethnique. C’est ainsi que Jam Afane qui était considérait comme l’un des meilleurs de la promotion en langue française, fut chargé de la création du texte. Quant à Minkio mi Bamba et de Nyatte Nko’o, ils étaient chargés de la composition musicale. Le texte écrit par Jam Afane, soit vingt vers a été unanimement accepté.

La polémique

Il aurait fallu attendre vingt neuf ans plus tard pour voir ce chant de ralliement devenu populaire sur toute l’étendue du Cameroun, être adopté par l’Assemblée Législative comme hymne de l’Etat sous-tutelle du Cameroun. Dans les dossiers d’archives, il ressort que le premier ministre André Marie Mbida qui représentait le gouvernement camerounais avait déposé un projet loi au bureau de l’Alcam pour la création de l’hymne officiel de l’Etat sous tutelle du Cameroun. C’est ainsi que le projet est envoyé à la commission des affaires administratives le 15 octobre 1957, pour un examen de fond.

En adoptant le chant de ralliement comme hymne de l’Etat sous tutelle du Cameroun, l’Assemblée Législative va attribuer la création du chant à la promotion de 1928-1929 dont font partie les auteurs qui sont : Douala Valentin, Ekwalla Essaka, Massouke Bouegne, Minkio Bamba. Désignant feu Ekwalla Essaka comme l’auteur de la musique et Minkio bamba comme le parolier. Une position rejetée par les historiens qui démontrent preuve à l’appui que ce n’est pas la promotion de 1928-1929 qui est l’auteure de l’hymne national comme on a voulu nous faire croire, mais plutôt celle de 1926-1928 .

Dans « Les icônes de la musique camerounaise », un ouvrage publié il y a quelques mois par Arol Ketchemen, cet auteur fait encore une autre révélation. Il affirme clairement que le véritable auteur de la chanson de l’hymne national est Nyatte Nko’o. En tant que major de sa promotion, il avait été chargé de composer la musique. Mais son nom fut banni de cette épopée à cause de son appartenance au parti nationaliste (UPC). Si l’histoire n’a reconnu que Samuel Minkio Bamba et René Jam Afane comme les seuls vrais auteurs de ce chant, il est temps par devoir de mémoire d’honorer celle de Nyatte Nko’o et d’en savoir davantage sur ce flou entretenu depuis plusieurs années.