Tout petit on aimait bien dire, l’histoire est la connaissance du passé basée sur les écrits. Alors qui mieux qu’un historien pour nous ramener dans le passé. Pour Ekwé Mardochée Roger, historien camerounais, auteur de plusieurs œuvres et originaire du canton Bassa, ses ancêtres sont à l’origine de la ville de Douala. Après la mésentente qu’il y aurait eu au niveau de Ngog-Lituba, qui est une énorme roche, une montagne pourvue d’un orifice à son sommet, qui se trouve à la rive droite de la rivière Lihoua, se situant sur les limites des localités de Babimbi et de Bafia. Elle est considérée comme le berceau du peuple Bassa, voire même de toutes les tribus bantoues du Cameroun.
Le peuple Bassa après son départ de Ngog-Lituba arrive au niveau du fleuve Sanaga. Il est situé dans la zone de Song-Mbengue. Au moment de traverser le fleuve, il y a un groupe qui décide de rester. Aujourd’hui, c’est eux qui forment les villages de Song-Mbengue, Ndoghem, Longas, Ndog-Gwanga et autres. Mais ceux qui traversent, vont poursuivre leur migration jusqu’au niveau d’un cours d’eau qu’on surnomme Tondé. De là, ils vont rejoindre le fleuve Nkam, qu’ils vont appeler « Lep u Wouri » qui veut dire « rivière entière ».
Suivant instinctivement les cours d’eaux, ils vont une nouvelle fois se séparer. Ceux qui vont rester vont former les villages de Ndogbakeng, Ndogkama et Dibeng. Une autre partie du groupe va aller créer les villages de Yabassi, Bong-Nkeng et autres. C’est sous un tronc d’arbre que les autres membres du groupe vont continuer leur migration sous les ordres du patriarche Saa. Pendant la traversée, une partie du groupe va être emportée par les eaux, après que le tronc d’arbre se soit retourné. Le petit groupe qui va réussir à s’agripper sur l’embarcation de fortune, va continuer le voyage jusqu’à atteindre les rives du fleuve de l’actuel Wouri.
Arrivées sur la terre ferme, les familles vont se disperser dans le but d’occuper les espaces vides. C’est ainsi qu’un groupe va s’installer sur l’actuel quartier Deido et Akwa Nord qu’on appelait avant le plateau Ndogkeng, puis un autre va aller sur l’actuel quartier de Banaku qui se faisait appeler le plateau Ndogsoul et le dernier groupe va occuper l’actuel Bonanjo qu’il surnommait le plateau Bitelbè. Il faut noter que chaque plateau est sous l’autorité d’un patriarche. Notons au passage que le patriarche Saa qui était à la tête du plateau bitelbè va traverser encore la rive droite du fleuve en compagnie de son beau-frère un certain Longué Ndong Ngaa pour atterrir dans l’actuel Bonaberi. Ils vont créer deux villages, Bonamatumbé pour le premier et Sidiko pour le deuxième.
Pour l’historien, le peuple Bassa va accueillir à partir de 1600 deux familles venues du Congo. Ils vont d’abord commencer leur migration depuis l’Ile de Manoka, avant d’arriver sur les berges du Wouri. Il y aura d’abord la famille de Bodjongo conduite par son fils Mapoka et la famille d’Ewalé conduite par son fils Moulobè.
C’est ainsi que ses deux familles vont se fondre dans le groupe Bassa, ce qui va être à l’origine des mariages inter-tribaux. Les berges de l’actuel Wouri sont un véritable centre commercial, pour echanger les Bassa vont faire appel aux familles de Bonambèdi de locution Kingala. C’est ainsi que cette langue va devenir populaire sur la côte et plus tard imposé à toute les communautés.
Pour Mathias Victorien Ntep, qui cite une personne ressource de cette histoire. Les Bassa qui vivent sur les berges du Wouri avec les fils Mbedi, trouvent le comportement de ces derniers très inapproprié. D’abord au niveau sanitaire, puis leur caractère jugé barbare. Fatigués de devoir toujours supporter leur manière de vivre, les Bassa vont s’exclamer en disant Di wa (ha) la, c’est-à-dire nous en avons marre de tout ça.
Les Bassa vont alors s’éloigner progressivement de la famille d’Ewalé fils Mbedi, pour se retrouver finalement vers l’intérieur de la côte. C’est ainsi que serait née l’appellation du peuple Douala et plus tard le nom de la ville de Douala. Les Bassa quant à eux ont préféré rester en arrière, mais ces deux groupes sont unis par des liens de sang, ceci par des mariages qui ont eu lieu entre les deux communautés. Ce qui a même donné un groupe qu’on appelle les Bassa de Douala (Ndokoti, Makepe, Logbaba et d’autres groupes).