Le récit que vous allez lire est celui d'un homme de 35 ans, marqué par une enfance atypique, empreinte de courage, de résilience, et surtout d'amour. Ce témoignage poignant nous rappelle que la famille va au-delà des liens de sang, et que le véritable amour parental se construit dans les gestes et les sacrifices du quotidien.

"Je suis né d'une mère célibataire. Ma mère m'a eu au lycée, alors qu'elle n'avait même pas 17 ans. À cette époque, quand une fille tombait enceinte, c’était la honte. Mon grand-père a fait enfermer mon géniteur pendant trois jours. Dès qu’il a été libéré, il a disparu. Je n'ai jamais connu mon père biologique.

Ma mère s'est mariée quand elle avait 23 ans, et à ce moment-là, j'avais environ six ou sept ans. L'homme qu'elle a épousé avait une trentaine d’années. Au début, il ne savait pas que j’étais le fils de ma mère, mais croyait que j’étais son petit frère. Ce mensonge a duré jusqu'à ce qu'il finisse par deviner la vérité. Un jour, il a dit à ma mère que je lui ressemblais beaucoup. Ma mère, émue, lui a avoué que j’étais son fils.

Je me souviens de cette scène comme si c’était hier. C'était la première fois que je voyais un homme pleurer. Il a demandé à ma mère pourquoi elle lui avait caché cela. Elle a expliqué que sa famille et la société ne l’auraient jamais accepté. À ce moment-là, elle était déjà enceinte de lui.

Quelques semaines plus tard, il est venu chez mon grand-père et a déclaré qu’un enfant ne devait pas grandir loin de sa mère. C’est ainsi que j’ai rejoint la maison où vivaient ma mère et ma petite sœur. Ma mère a ensuite eu cinq autres enfants avec lui.

Cet homme que j’appelle aujourd'hui "papa" n’a jamais fait de différence entre moi et mes frères et sœurs. Il m’a toujours traité comme son propre fils, même lorsque d'autres membres de sa famille tentaient de créer des distinctions. Il disait à qui voulait l’entendre : "J’ai choisi ma femme, et je n’abandonnerai pas ce qu’elle a apporté avec elle."

Il a pris en charge mon éducation, m’a appris la vie et m’a guidé dans mes moments d’égarement. Quand je faisais une bêtise, il me corrigeait, tout comme il le faisait avec mes frères et sœurs. Ma mère ne s'est jamais interposée. Pour lui, nous étions tous égaux. Il m’a appris à devenir un homme, m’a montré comment parler aux femmes et m’a accompagné dans toutes les étapes importantes de ma vie.

Aujourd’hui, je suis marié et je réalise la profondeur des sacrifices qu’il a faits pour moi. Grâce à lui, j’ai compris que la paternité ne se limite pas au lien biologique. Il est mon père à part entière. Quand on lui demande combien il a d’enfants, il répond toujours : "J’en ai six". Je suis inclus dans ce nombre, sans distinction.

Je me sens si profondément lié à lui que je considère son village comme le mien. Le jour où je partirai, c’est là-bas que je veux être enterré. Je suis accepté par toute sa famille comme son fils aîné, et personne ne me voit comme "l'enfant de sa femme". C’est devenu mon ami, mon complice. Chaque dimanche, on se retrouve pour discuter de tout et de rien, autour d’un bouillon, comme de vrais amis.

Je partage ce témoignage pour rappeler que, dans ce monde, il existe des personnes qui ne condamnent pas les enfants nés hors mariage. L'amour et l'acceptation transcendent les liens de sang."

Ce récit a été en premier partagé sur la page de Tata Nadia