Premier artiste du pays à signer chez Universal Music, le phénomène du hip-hop kamer, 20 ans tout juste, prépare un concert événement dans sa ville natale. Étapes suivantes : une nouvelle tournée européenne et la sortie d’un album.
Dans sa robe tout aussi flamboyante que sa coiffure, Chantal Biya apprécie la soirée. Nous sommes le 4 mars 2017, au Palais des congrès de Yaoundé.
Enchantée par le titre Do le dab, du jeune rappeur Ténor – nommé dans les catégories « révélation de l’année » et « chanson populaire » des Canal 2’Or –, la première dame place son visage dans le pli du coude tout en pointant ses deux bras parallèles vers le ciel dans la direction opposée… Un « dab » dans les règles de l’art. Et un buzz national. Ténor ne descend pas de son nuage.
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Né le 11 avril 1998 d’un père Ewondo et d’une mère bulue, Thierry Mengoumou Ayia, alias Ténor (acronyme de « toucher l’excellence dans la négritude ordinaire du rap ») obtient son certificat d’études à l’école Saint-Vincent-Pallotti de Nkol Eton, à Yaoundé, où il poursuit sa scolarité au collège de la Retraite, puis dans celui du Père-Monti. C’est au tout début de ses études secondaires qu’il envisage de se consacrer au hip-hop. « Je chante depuis tout petit mais, à 12 ans, j’ai commencé à écouter du rap français : Booba, La Fouine… », se souvient Ténor. Bon sang ne saurait mentir : avec un grand-père (et homonyme) musicien et un frère (Ghislain Laroche) dans le milieu, il a de qui tenir.
Le jeune Ténor s’exerce, écoute ses aînés camerounais, comme Krotal ou Négrisme. « En classe de cinquième, je m’y suis mis à fond, malgré les moqueries. Et à partir de la seconde, ça a commencé à marcher », raconte-t-il. En 2014, alors qu’il étudie au lycée technique d’Edéa, il sort son premier titre, Camerounais.
L’année suivante, il enchaîne avec le clip Alelouyah, financé par sa mère. « Elle n’avait pas beaucoup de moyens, mais elle m’a beaucoup aidé et m’a lancé. Le rap, c’est une manière pour moi de mettre en lumière ma culture betie, de la valoriser, explique le jeune homme. C’est pour cela que je joue sur des sonorités dites traditionnelles. »
Rappeur, producteur et entrepreneur
En 2016, Ténor signe avec le label War Machine et sort les titres Do le dab, Nathalie (en référence à Nathalie Koah, ex-petite amie de Samuel Eto’o études en terminale pour se consacrer à la musique. En mai 2017, il quitte War Machine et, le mois de novembre suivant, il signe pour deux albums avec Universal Music Africa. Premier artiste camerounais à intégrer la branche africaine de la maison de disques établie à Abidjan, Ténor y rejoint notamment les Ivoiriens DJ Arafat, auquel il s’est associé sur le titre Chicoter les tympans, et Kif No Beat, avec lequel il prépare une collaboration. En décembre, lors de la cinquième édition des Balafon Music Awards organisés par Radio Balafon à Yaoundé, il remporte trois prix: ceux de la révélation, de l’artiste et du clip de l’année.
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Sur les traces de Booba
Un succès qui ne s’est pas démenti en 2018. Après une première brève tournée européenne en février et en mars, Ténor a sorti son premier EP en mai, Nnom Ngui. Il prépare un concert événement au Palais des sports de Yaoundé, le 18 août, une nouvelle tournée en Europe et un premier album, dont la sortie est prévue pour fn 2018 début 2019.
Son objectif ? Suivre les traces de Booba pour construire sa carrière. Avec un label au sein duquel il produit déjà quatre artistes et une marque de vêtements streetwear, qu’il vient de lancer, Ténor se voit en rappeur, en producteur et en entrepreneur. Surtout, il veut participer à la création d’une véritable industrie musicale camerounaise et croire en un univers hip-hop où les artistes pourront enfin vivre de leur métier et de leurs droits d’auteur.