Considéré comme un objet qui aurait des pouvoirs mystérieux, l’« Hilun hi kôba » est un instrument de musique traditionnel qu’on trouve chez les Bassa du Cameroun. Il n’est utilisé que lors de grandes cérémonies et seules les personnes initiées à sa manipulation peuvent l’utiliser. Today, on vous emmène à la découverte d’un instrument de musique pas comme les autres.

L’« Hilun hi kôba » n’est vraiment pas un instrument de musique comme tous les autres. Dans la tradition Bantu, l’usage des instruments musicaux diffère du type d’événement que l’on veut célébrer. Cela peut être une naissance, un mariage, un deuil ou d’autres rites mystiques. Chaque rite se singularise donc des uns et des autres, par le cérémonial qui est fait, les chants et les instruments de musique qui sont utilisés pour la circonstance. Mais tout le monde n’a pas le privilège de les utiliser sans toutefois avoir au préalable une reconnaissance ancestrale. Parfois, il faut de longues années d’initiation pour y arriver. C’est le cas de l’« Hilun hi kôba ».

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L’instrument de musique

L’« Hilun hi kôba » qui signifie La corde de la forêt est utilisé en pays Bassa depuis la période précoloniale. C’est un instrument de musique dont les cordes sont frappées manuellement ou mécaniquement, à mains nues ou à l’aide de marteaux, mailloches ou baguettes. Reconnu pour avoir un certain type de pouvoir, il est utilisé dans la célébration de certains rites magico-spirituels. Il était joué par des personnes qui avaient passé toutes les étapes prédéfinies de l’initiation. Les étapes pouvaient durer entre sept et vingt-cinq ans. Une longévité qui permettait à l’apprenant de maîtriser les accords, en même temps décourageait ceux qui auraient voulu suivre la formation.

Son histoire

D’après le récit historique d’Isabelle Adiang, l’« Hilun hi kôba » est un objet qui vient des esprits marins. Elle raconte que, un groupe de femmes s’était rendu à une partie de pêche à la rivière. Au cours de laquelle, l’une attrapa dans son filet, un esprit qui jouait des notes du Hilun. Ramené sur la terre ferme, l’esprit aurait disparu en laissant son instrument. Une des femmes du groupe se saisit de cette guitare. Mais avant de la remettre aux hommes, elle aurait repris la mélodie que jouait le génie. La femme serait la première personne à avoir joué de cet instrument de musique après le génie .

Les héritiers de l’«Hilun hi kôba »

C’est ainsi que les hommes vont décider de transmettre ses notes de musiques de génération en génération. Et si pendant la formation un initié ne parvenait pas à jouer convenablement la mélodie, il arrivait qu’il trouve la mort. Il se pourrait que certaines personnes aient perdues leur vie dans telle circonstance. Isabelle Adiang, précédemment cité, est l’une des rares femmes qui a appris à jouer de cette harpe fourchue, avec Mongo Mbea, tous deux apprentis de feu Joseph Mandeng. Elle a fait de cette guitare traditionnelle, son instrument de prédilection avec lequel, elle s’est construite non seulement une carrière d’artiste, mais aussi une image à travers le monde. Son engagement pour la valorisation de cet instrument lui a valu une reconnaissance les Ministères de la Recherche Scientifique et de la Culture.

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Connu sous le nom d’artiste Emiza prod, Isabelle Adiang a composé des chansons en se servant du rythme de l’« Hilun hi kôba ». L’Hilun, n’est pas seulement un instrument, mais ce sont aussi les notes de musique qui sont jouées. La Camerindienne a ouvert une plateforme d’apprentissage de cet air musical particulier en Inde. Sa vision est de démystifier, tous les fantasmes qui ont été construits autour du Hilun. Ce qui l’a emmené a œuvré pour que cet outil soit labélisé par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), afin qu’il soit connu de tous.

Le Hilun serait-il l’ancêtre de la guitare moderne comme certains le pensent ? Tout reste encore à le prouver, les frères Escudier écrivent en 1854 : « On ne sait rien de certain sur l’origine de cet instrument ( guitare). On pense généralement qu’il est aussi ancien que la harpe, et que les Maures l’ont apporté en Espagne, d’où il s’est ensuite répandu au Portugal et en Italie ». Selon vous quel serait l’ancêtre de la guitare ?