Le principe de succession dans le canton Bele ou Bell est claire dessus ; chaque chef doit présenter son remplaçant lorsqu’il est encore vivant. C’est bien ce qui s’est passé avec Doo la Makongo, Alexandre Duala Manga et René Duala Manga Bell qui ont désigné leur successeur respectif avant le grand voyage. Mais ce que vous allez comprendre, c’est que dans chacune de ces successions, les successeurs ne sont pas les premiers nés comme ça toujours été pendant un temps.
Le principe n’est pourtant pas illégitime, mais pour celles des familles qui espèrent être à la tête du canton, ça pose toujours un grand problème même quand le successeur est connu d’avance. Pourtant selon la tradition lorsqu’un chef écarte de la succession l’un de ses fils, cela se répercute aussi sur ses descendants.
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Tout a commencé au niveau du plateau Joss où Doo la Makongo vivait avec sa grande famille. Son premier fils qui selon le principe de droit d’aînesse qui était pressenti aux yeux de tous comme celui qui devait succéder à son père avait un comportement très barbare. Pour Doo la Makongo il n’avait pas l’étoffe d’un guide.
Par contre son deuxième fils Bele Bele était plus posé que son grand frère et c’est en lui que Doo la Makongo avait posé son estime. Alors pour éviter d’être influencé par le comportement de son frère aîné, Doo la Makongo demande à Bele Bele de former un groupuscule composé d’hommes, de femmes et enfants puis de traverser le fleuve Wouri pour aller créer son propre patrimoine.
C’est ainsi que quelques années plus tard Bele Bele va être à la tête du canton Bona Bele dont il est le dépositaire, l’actuel quartier de Bonaberi. Doo la Makongo qui croulait déjà sur le poids de l’âge, envoya un messager chercher son fils Bele Bele pour qu’il vient s’asseoir sur le trône qui lui revenait de droit.
Mais ce dernier était déjà à la tête d’un royaume important qui s’étendait à partir de la ville Kumba jusqu’à Bimbia. Pour ne pas décevoir son père, il envoya plutôt son fils Bebe Bele. Doo la Makongo respecta le choix de Bele Bele et intronisa Bebe Bele à la tête du royaume Doo. Puis il y a eu Loba’a Bebe ensuite Ndumb’a Lobe signataire du traité germano-camerounais en 1884 et enfin arriva Rudolphe Duala Manga Bell qui a été intronisé par Lock Priso.
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A la mort de Rudolph Duala Manga Bell par pendaison par les autorités allemandes, le trône est resté longtemps vacant. Son premier fils Alexandre Douala Manga Bell qui avait été désigné pour prendre la succession n’était pas présent. Mais ce qu’il faut dire par rapport à son absence, c’est que dés l’âge de quatre ans et demi il a été envoyé en Allemagne faire des études. Lorsque la guerre éclate il se retrouve en France où il termine donc ses études. Politicien de première heure, il va s’opposer farouchement contre les travaux forcés et les droits des noirs dans toutes les colonies en tant que député de l’assemblée nationale française entre 1945 et 1957.
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Il ne reviendra au Cameroun qu’après la fin de la deuxième guerre mondiale. A son arrivée au Cameroun, il trouve Lobe Manga Henri, le frère de son père assis sur le trône. Voulant donc revendiquer ce qui lui revient de droit, il fait face à une rude opposition. Or selon la tradition, seul le successeur légitime doit prendre place du chef mort. Mais certains de ses oncles ne voulaient rien entendre. Ajouter à cela la confiscation des biens de son père par l’administration française à cause de ses prises positions sur leur façon d’administrer.
Ce n’est que trente deux ans plus tard qu’il va retrouver son trône et le reste de son héritage. Alexandre Duala Manga Bell avait deux enfants, un garçon du nom de José Manga Manuel et une fille nommée Andrea Tuke Ekedi, qu’il a eu avec Andrea née Berroa une cubaine. Avec son fils José le courant ne passait pas du tout, surtout que celui menait une vie de débauche qui ne l’enchantait pas.
Il était fatigué de payer à tous les coups les dettes qu’il prenait dans les lieux de plaisir en France. Une situation qui l’emmena à couper tout lien avec lui. Dans la nuit 15 septembre 1947, José Manuel Manga se pointe donc à la résidence de son père au lieu dit Parc de prince de Bali. Selon les historiens il était saoul, et son père n’aimait pas le voir dans cette situation. Une vive discussion éclata entre les deux hommes et Alexandra Duala Manga Bell abattu son fils de deux coups de fusils. Plus tard il va se remarier avec une foulbé du nom d’Adda Mary Fatoumata Bouli, mais ils n’auront pas d’enfant.
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N’ayant plus d’héritier, Alexandre Duala Manga Bell demande à son frère Eithel Duala Manga Bell d’être son successeur. Mais celui refuse et propose à son tour son fils René Duala Manga Bell. En 1947 Alexandre Duala Manga Bell désigne donc son neveu comme son futur successeur. Lorsqu’il meurt en 1966, le canton prend acte du testament.
A la mort de son oncle, le prince René Duala Manga Bell, huitième génération des Bele accède au trône du canton qui englobe les familles Bonadouma, Bonadoumbe et Bonapriso. Avant de venir prendre les rênes du canton, le prince travaillait comme journaliste à la radio télévision française. Il est considéré comme celui qui a œuvré pour le développement de la culture Sawa.
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Lorsque le prince décède dans sa résidence au quartier Bali le 6 novembre 2012, son successeur était déjà connu en la personne de Jean Yves Eboumbou Duala Manga. Pourtant ce trône ne lui revenait pas de droit, mais seulement lorsque le fils aîné, son frère Alexandre Ndumbe Duala Manga renonce lui aussi a dirigé, le prince fait de lui son successeur légitime comme le veut la tradition. Alors chers letchois dans vos cultures respectives une personne peut renoncer à être chef ?