Calixthe Beyala est actuellement au Cameroun où elle a pris part récemment au Salon du livre de Yaoundé. Approchée par la presse locale pour savoir les raisons pour lesquelles elle n’a pas produit de roman depuis 2014 – son dernier roman Le Christ selon l’Afrique date de 2014 -, l’écrivaine a répondu sans ambages que le manque d’amour entre camerounais en est la cause principale.
«En ce moment, j’écris, mais il me manque de la lumière, parce que j’ai l’impression qu’il manque de la lumière au Cameroun en ce moment. J’ai découvert que dans ce pays, les gens ne s’aiment pas, se jalousent beaucoup, que l’argent est devenu le centre d’intérêt de toute une génération qui fonctionne par la ruse et non par l’amour. On ne partage plus l’amour, et un auteur a besoin d’une bonne dose d’amour pour écrire. Même en plein chaos, le romancier a pour fil conducteur la lumière.
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Au Cameroun, l’auteur que je suis cherche la lumière. J’ai découvert qu’on prononçait le mot « Dieu » sans avoir une densité christique à l’amour. L’auteur que je suis s’interroge sur ce que nous devenons, parce qu’il est très facile de critiquer la politique, mais le problème vient de nos cellules familiales. Il y a une véritable crise morale que nous traversons.
Et l’écrivain que je suis, ne sait que faire, car je ne pourrais offrir à mes lecteurs un univers où il n’y a pas de beauté. Je parle d’amour, de tolérance. Une infime part de toutes ces valeurs humanistes doit certainement exister quelque part, mais j’ai du mal à utiliser cette exceptionnalité comme une généralité.
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Je peux me tromper, je n’ai pas la science infuse, mais n’oubliez pas que l’auteur est une éponge sensible, fragile, qui absorbe tout, qui est le témoin d’une société. Vais-je écrire 500 pages sur le mensonge, la dépravation, la ruse, les interdits, la méchanceté, la jalousie ? Un auteur n’est que le témoin de son temps».