Dimanche, 1er mai, notre pays va se joindre comme par le passé, au reste de la communauté internationale pour célébrer la fête du travail. Le 25 avril à Limbe (région du Sud-Ouest), le ministère du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss), Grégoire Owona, a lancé les activités de la 130è édition placée sous le thème : «Responsabilité sociale des entreprises et des syndicats pour le travail décent».
Placée Mais en réalité, combien parmi les fêtards qui feront du vacarme dans la rue sont-ils vraiment des travailleurs ? Je dis très peu. Et le bât blesse lorsque je m'imagine dans quelle misère opèrent les employés dans la plupart des entreprises, ou de ce qui en tient lieu. A l'éternel prétexte de la crise économique et par conséquent, de la rareté de l'emploi, les patrons, je veux dire les esclavagistes des temps nouveaux, font voir de toutes les couleurs à leurs "esclaves", pendant qu'a contrario, ces maîtres vivent dans une opulence ostentatoire. Combien d'années des compatriotes passent-ils au sein des sociétés privées et parapubliques (ou même dans l'administration) en qualité de temporaires?
C'est-à-dire sans matricule, sans rémunération convenable et stable, mais en proie à des licenciements abusifs et obligés de s'en remettre aux humeurs des dictateurs de patron. Combien de frustrations des employés pourtant méritants, vivent-ils au quotidien au sein de leurs lieux de travail ? Plus triste encore, l'employé, sur une simple humeur du chef, peut à tout moment, être mis à la porte, sans surtout la moindre possibilité de se plaindre.
Et, sur ces faits, arrive inévitablement le jour tant attendu. Le 1er mai. Le patron que l'on aperçoit qu'à travers des ordres fermes, se montre soudainement gentil et affable. On oublie, le temps d'une journée, toutes les indigences cumulées pendant douze mois, du fait d'employeur véreux et inhumain. Peu importe, chacun a reçu un t-shirt, un pagne et/ou une casquette aux couleurs de l'entreprise. Le directeur général a prévu à boire et à manger quelque part. On s'entasse comme on peut dans des camions, des cars, des taxis, des motos…
On fait du tapage partout et parfois jusqu' à des heures indues. On est content. Même si madame et les enfants n’ont rien à manger à la maison pour défaut d'argent, dû aux nombreux mois de salaires de catéchistes impayés. Même si les enfants ne vont pas à l'école… Demandez en guise de curiosité à un employé ou son employeur, ce que signifie "fête du travail", il vous répondra : "C'est notre jour de fête, nous devons aller au défilé, boire, manger et danser".
Même les syndicats, supposés être les protecteurs des intérêts des travailleurs, sont devenus pour la plupart, des adversaires rangés des employés, en donnant la triste impression d'être des défenseurs des intérêts des employeurs. Les délégués du personnel quant à eux, ne sont plus que de simples agents de propagande et des défenseurs des privilèges des chefs.
On n'est plus surpris de voir lors d'un conseil de discipline, un délégué du personnel défendant la cause de l'entreprise, plutôt que celle de son collègue asservi. La raison est toute simple, il faut sauver son emploi, ses prérogatives et surtout ses avantages. Pis encore, le respect des conventions collectives est plus ou moins facultatif.
J'ai donc au final, cette conviction. Si les ouvriers, mieux, les martyrs qui avaient versé de leur sang à Chicago (aux États-Unis) en 1886, pour revendiquer et donner un sens à ce jour historique, pouvaient par extraordinaire renaître, ils mourraient de nouveau. Et cette fois, pour de bon. Et comme sous notre ciel, les 1er mai se suivent et se ressemblent forcément, on se dit, à l'an prochain.