Issue d'une famille dont les membres militent pour le RDPC et dont plusieurs sont des cadres de l'Administration publique, Aissatou Bouba Dalil, a choisi le RDPC et a du prendre d'autres décisions pour éviter que les conséquences de son choix ne touchent à sa famille.
"Depuis trois ans et ma décision de m'engager politiquement et publiquement en faveur du changement dans la paix et par les urnes au Cameroun, je n'avais jamais parlé des miens, en particulier de ma fratrie et surtout de ma maman d'amour, pour les préserver des conséquences de mon engagement que j'ai tenu à assumer SEULE, tant le sujet est sensible de part l'extrême irritabilité du régime de Ydé dès qu'il s'agit du MRC !
L'occasion m'est donnée de vous dire quelques mots sur cette brave dame à la probité morale unanimement reconnue, qui m'a portée 9 mois en son sein et m'a transmise l'amour des lettres et l'aisance avec laquelle je m'exprime en français, parce que maman a été professeur de français avant d'être Proviseure des lycées de Tsinga et Mballa 2, puis inspectrice académique.
Partout où elle est passée, elle a laissé l'agréable souvenir d'une dame acharnée de travail, rigoureuse et intransigeante sur les valeurs, l'une des rares à n'avoir jamais vendu de places à aucun parent. Très croyante, les parents qui se présentaient à elle avec un problème d'inscription étaient surpris de se voir retourner l'enveloppe qu'ils avaient déjà préparée, car maman leur répondait : "reprenez votre enveloppe et allez acheter les fournitures scolaires à votre enfant, je vais l'inscrire". La fibre maternelle jusqu'au lycée avec ses élèves et son personnel, vous n'entendrez que des éloges à son endroit, et je suis d'autant plus heureuse que cette photo soit révélée par un de ses anciens élèves au lycée de Mballa 2, qui plus est communicant du RDPC, quelques jours après avoir tenu des propos d'une rare violence en appelant l'Armée à renverser le Président du MRC alors vainqueur d'une élection présidentielle. Ces propos auraient profondément attristé maman qui a toujours prôné des valeurs de tolérance et de vivre ensemble, et l'a toujours enseigné à ses élèves.
Je me souviens encore de ces amis, connaissances, collègues, qui se sont toujours posé la question de savoir pourquoi Mme Dalil n'avait jamais été nommée ministre au Cameroun, au vu de la reconnaissance unanime dont elle jouissait partout où elle a travaillé, dont la gestion était unanimement saluée aux lycées de Tsinga et Mballa 2, mais la réponse est simple : maman était certainement trop " droite" et trop sérieuse pour accepter de se corrompre. Sa réputation, elle ne l'a devait qu'à son travail et uniquement à son travail.
Valeurs de justice aussi car, lorsqu'une de ses élèves déclarait une grossesse au lycée, elle prenait le temps de longuement s'entretenir avec elle puis, à l'approche de l'accouchement, la mettait elle, mais aussi le lycéen futur papa, en congés de maternité et paternité, afin que tous les deux aillent, ensemble, accueillir leur nouveau-né. Plus question donc de laisser la jeune fille assumer seule les conséquences d'un acte amoureux et charnel consenti par deux personnes, une façon de responsabiliser aussi le jeune papa.
Une dame d'un très grand cœur maman, car nous ses enfants, n'avons jamais vécu seuls avec elle. Elle a toujours recueilli à la maison les enfants de ses soeurs qui n'avaient pas eu la chance de réussir comme elle, cousines qui vivaient avec nous, pour leur donner une chance aussi de vivre dans un environnement propice aux études et à une bonne éducation. Beaucoup de cousines ont considérablement amélioré leur niveau de langue française avec nous, et reviennent toutes saluer la mater lorsqu'elles sont de passage en ville, toujours disponible pour aider à faire un devoir, une dissertation, expliquer un texte littéraire… Maman est aujourd'hui considérée comme notre Matriarche à tous, car je ne compte plus les couples en crise qui venaient la solliciter pour une médiation, et c'est souvent avec pédagogie et patience qu'elle arrivait à dénouer certaines situations parfois compliquées.
Voilà un peu ce que j'ai hérité de maman, sa droiture et sa rigueur, sa détestation des choses fausses, sa douceur aussi (si si, loin de la politique), me rendent si fière d'être sa petite fille chérie.
C'est vrai que mon choix politique n'était pas facile à avaler pour une maman qui a tout fait pour nous préserver du monde impitoyable de la politique, mais une maman, au final, ne veut que le bonheur de son enfant :)
Que Dieu nous prête vie, longue vie pour que maman puisse voir la Libération de notre cher Cameroun, et j'ai toujours dit que lorsque le Président KAMTO arrivera au pouvoir, c'est avec maman que j'irai le féliciter".