Opinions of Thursday, 22 June 2023

Auteur: Arol Ketch

Abandonné par sa femme, malade et sans un sous: voici les derniers moments de vie de Fochivé

Jean Fochivé était le patron de la police de Ahidjo et Biya Jean Fochivé était le patron de la police de Ahidjo et Biya

Quelques mois après son limogeage, le terrible Jean Fochivé est devenu cultivateur. L'homme était en train de perdre progressivement sa santé et n'avait presque rien.


"Aussitôt après la publication du décret nommant M. Luc Loé en remplacement de Jean Fochivé, le général Angouang... s’amena en compagnie d’un colonel de gendarmerie et sa patrouille et encerclèrent l’immeuble de la Délégation à la Sûreté nationale, et qui plus est, en l’absence de mon oncle, comme si ce dernier avait commis un quelconque méfait”, écrit Frédéric Fenkam.

« Figurez-vous qu’il n’avait même plus de téléphone, plus de voiture, plus rien, parce qu’il était fini, complètement lessivé » . Il révèle à son neveu : “Chez moi à Foumban, j’ai dû payer près de dix années d’arriérés de consommation d’électricité. Pourquoi ne payais-tu pas tes factures, me demaneras-tu ? Eh bien, parce que l’on ne me les présentais jamais !”.

Monsieur Fochivé entamait une deuxième traversée du désert après celle de 1984, quand il avait été démis de ses fonctions au Cener. A l’époque, il se retira pendant cinq ans dans son exploitation agricole de Foumbot, la plantation Coc de plus de 3.000 hectares qu’il avait rachetée à des expatriés français. “Je vendais les tomates que je cultivais, le café que je récoltais, les boeufs que j’élevais et la pouzzolane que je creusais dans la carrière de ma plantation”.

Cette fois, à son départ du gouvernement la lassitude l’envahit ; il n’avait pas le coeur à lutter. Il ne quitta pas Yaoundé pour le village. “Il va passer une année à côté de son poste récepteur à attendre la lecture d’un hypothétique décret émanant de quelqu’un pour qui il sacrifia son âme au diable”, écrit son biographe. Philosophe, il dira “Quand le roi vous chasse au palais, il faut attendre avant de partir, qu’il vous ait demandé de quitter sa cour. Toute précipitation serait signe de mécontentement et vous serez traité d’opposant au régime...”.

Au début d’avril 1997 pourtant, les appels se multiplient dans son entourage pour qu’il quitte Yaoundé, suite à la libération de l’officier Mbia Méka, ex-commandant du Gso, (Corps d’élite, aux méthodes musclées, dédié à la lutte contre le grand banditisme) qu’il avait fait arrêter et qui avait promis de l’assassiner.

Un exil en France ne le tente guère faute de ressources, car il s’avoue sans le sou. “Je sais que tu dois être surpris de m’entendre dire cela. Personne du reste ne pourrait le croire. Mais, franchement, je n’ai pas mis de l’argent de côté.

J’ai passé toute ma vie à me battre pour que les autres demeurent au pouvoir sans jamais penser un seul instant à ce que je deviendrais si un jour l’on me laissait tomber comme cela semble être le cas aujourd’hui. Tout ce que j’ai comme fortune se limite à ma plantation de la Coc à Foumbot, une exploitation de café que j’avais acquise à des expatriés grâce à mon ex-épouse Denise.

Tu comprends donc que si dans de telles conditions, je décidais d’aller vivre en France, je mourrai de soucis et de misère. En ce moment, je suis en train de frapper à toutes les portes pour trouver une affaire juteuse où je pourrais gagner de l’argent en investissant des petites épargnes.”