L’abbé Simon-Pierre Tonyè sera inhumé ce mercredi à Matomb, son village natal. Un repos que nous espérons éternel pour ce destin brisé. Dans le texte que nous vous proposons, Vincent Sosthène Fouda, qui l’a bien connu, livre un témoignage poignant, amère et émouvant de la descente aux enfers de ce génie.
Cette nuit, dans le silence de ma demeure, j’ai retrouvé une correspondance de Simon-Pierre Tonyé, il me sollicitait alors afin de jouer d’intermédiaire dans le conflit qui l’opposait à son promotionnaire, son frère et son ami Jean-Bosco Ntep alors évêque d’Eséka. La correspondance date du 25 octobre 2001. J’avais sollicité l’Abbé Lucien Ndounga afin qu’ensemble nous puissions faire ce travail en vain.
« Je voudrais dire d’abord que j’ai aimé passionnément la vie sur cette terre. C’est Dieu qui nous l’a donnée, pas seulement en attendant mieux Je n’ai jamais aimé qu’on la présente comme «vallée de larmes », bien qu’elle le soit pour certains plus que pour d’autres.
Je reconnais que j’ai eu beaucoup de chances Une bonne santé (jusqu’ici du moins), un bon tempérament, plutôt optimiste, une bonne facilité d’adaptation aux circonstances et aux charges qui m’ont été confiées. De nombreux parents et amis, des personnes qui ont été lumière pour moi, d’autres (quelquefois les mêmes) pour qui j’ai été lumière également et qui ont bien voulu me le dire, où me le faire comprendre. »
Il a été prêtre, il a été le premier chancelier de l’Eglise catholique au Cameroun et c’était pour le compte de l’archidiocèse de Douala (c’est sous son règne que la signature de Mgr Simon Tonyé fut falsifiée par l’Abbé Tonyé Bakot qui deviendra et de ce fait même Mgr Victor Tonyé Bakot !). Il a été envoyé aux études à Strasbourg où il a soutenu deux doctorats en histoire et en théologie.
Il est revenu au Cameroun et a été broyé par son frère et son ami, son camarade Jean-Bosco Ntep. Parce que je suis de cette Eglise je me dois de témoigner pour lui, pour Simon-Pierre Tonyé qui est mort dans l’indigence totale. J’ai horreur de la misère et je dois dire que j’ai rencontré rarement une telle misère. Il aurait pu être enseignant à l’Université d’Etat au Cameroun à défaut d’enseigner dans un séminaire catholique ou dans une université de cette institution.
Sa correspondance s’achève ainsi « Il y a une chose dont je n’ai jamais douté et je voudrais en témoigner une dernière fois, c’est de la miséricorde divine. J’ai été, nous avons tous été un jour ou l’autre, nous sommes tous plus ou moins les fils prodigues de l’Évangile. Dieu nous attend sans cesse, sa porte est toujours ouverte. Ça je l’ai toujours su ! Au fond, il y a une seule chose à laquelle il faille croire absolument : Dieu nous aime chacun, chacune. En son fils Jésus Il nous sauve chacun, chacune. »
J’ai appris hier que c’est ce mardi que ta dépouille va arriver à Matomb ton village natal, je me dois par amitié d’écrire ces quelques mots parce que je crois à l’amitié et à la miséricorde. Je sais que désormais tu es dans la félicité du Seigneur avec Barthélémy Nyom, ton frère, Joseph Nlend, ton autre camarade de ce groupe de cinq de 1979 !
Requiescat In Pace servus bonus et fidelis. Vos autem stetit temptare merentur crucem tuam tibi et nunc coronam gloriae.
Vincent Sosthène Fouda