Opinions of Tuesday, 12 June 2018

Auteur: Michel Mombio

'Abel Elimby Lobe est un médiocre'

Il est constant que, par sa récente sortie contre les Bamiléké, le lavandier Abel Elimby Lobe veut se positionner comme une élite douala, pour se faire élire. Seulement, n’est pas élite qui veut, mais qui peut. Demandons-nous déjà qui mérite ce titre. Vilfredo Pareto en donne une définition opérationnelle. Pour bien comprendre ce sociologue, il convient sans doute de préciser que de son avis, les faits sociaux doivent être analysés sans passion, sans leur porter des jugements de valeur. La politique étant un fait social, elle doit donc être examinée sans état d’âme.

Pour évaluer l’élite, Pareto procède par une notation allant de 1 à 10. Ainsi écrit-il : "À l'habile escroc qui trompe les gens et sait échapper aux peines du code pénal, nous attribuerons 8, 9 ou 10, suivant le nombre de dupes qu'il aura su prendre dans ses filets, et l'argent qu'il aura su leur soutirer. Au petit escroc qui dérobe un service de table à son traiteur et se fait prendre par les gendarmes, nous donnerons 1" ; ou encore " À la femme politique,..., qui a su capter les bonnes grâces d'un homme puissant, et qui joue un rôle dans le gouvernement qu'il exerce de la chose publique, nous donnerons une note telle que 8 ou 9. À la gourgandine qui ne fait que satisfaire les sens de ces hommes, et n'a aucune action sur la chose publique, nous donnerons 0."

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En somme, pour le sociologue italien, est élite celui qui excelle dans son domaine de compétence, quel qu’il soit. En suivant sa critériologie, examinons un petit échantillonnage de l’élite Sawa, en nous basant sur leur parcours. 1. Manu Dibango, parce qu’il excelle dans la musique, reçoit la note de 10 ; 2. Laurent Esso : en ce qu’il est magistrat hors échelle et ministre d’État, reçoit la note de 9 ; 3. Jean Jacques Ékindi, parce qu’il est polytechnicien et ancien député, reçoit la note de 8. Pour ne s’arrêter que sur ces trois-là, on convient qu’ils font partie de la crème de l’élite Sawa et par conséquent, sont fondés à parler dans (et éventuellement pour) cette communauté. De cette posture précisément, ils sont assez intelligents pour savoir que toute charge grossière contre une tribu donnée, est forcément contre-productive.

Prêtres cathodiques

Qu’en est-il du fort en thème Elimby Lobe ? Parce qu’il ne brille pas particulièrement dans son domaine de compétence, parce qu’il n’est à ce jour qu’un obscur conseiller municipal, cet impénitent bavard reçoit la note de 2. Selon l’approche parétienne, c’est donc un authentique médiocre. Jusqu’à preuve du contraire, c’est un banal élu qui, par ses outrances verbales, veut se faire voir. Le conseil municipal relève en effet de la strate muscinale du cursus politique normal. Par conséquent, Elimby Lobe est discrédité pour parler au nom des Sawa en général, et des doualas en particulier. Ses vitupérations n’engagent alors que son insignifiante personne. C’est un produit d’une mauvaise sélection des médias.

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Faut-il le dire, le journaliste, (politique surtout), est un acteur politique. En effet, c’est lui qui sélectionne le personnel politique à présenter au public. Ce dernier, par la presse, est influencé dans ses choix politiques. La télévision, par sa magie, donne un visage, de la visibilité et aussi de la crédibilité (bien souvent surfaite !) aux politiciens qui passent sur les plateaux. Hélas, par paresse ou par manque de moyens, on assiste dans notre pays à un navrant casting qui consiste à inviter les mêmes personnes dont la vacuité de certains n’a d’égale que leur suffisance.
Abel Elimby Lobe fait partie de cette curie de prêtres cathodiques qui prétendent nous convertir à leurs bêtises, par le prêche dominical de la bonne parole politique. Ils le font d'autant plus volontiers, que cela ne leur coûte rien d'autre que le prix du taxi. Ses vitupérations et autres éructations dominicales ne font en réalité illusion que pour les incultes de la chose politique. Sa litanie de saint païen ne trompe que les naïfs : il n’a en réalité aucune vision pour ce pays.

En somme, par sa mauvaise sélection des acteurs politiques, la presse, la télé en tête, contribue à appauvrir le champ politique camerounais.