Opinions of Monday, 4 December 2017

Auteur: camer.be

Activisme: quel est le poids politique réel du SDF?

La crise anglophone est devenu le fonds de commerce des dirigeants du SDF La crise anglophone est devenu le fonds de commerce des dirigeants du SDF

Au moment où John Fru Ndi fait face à de jeunes cadres de son parti, déterminés à l’éjecter de son fauteuil de chairman, la bataille électorale annoncée en 2018 au Cameroun pourrait minorer davantage le terrain politique du SDF.

Le 26 novembre dernier, le président national du Social Democratic Front (SDF), Ni John Fru Ndi, le président du consortium de la société civile anglophone, Me Agbor Balla et le président de l’Anglophone dialogue forum, Me Simon Munzu, ont tenu une réunion de concertation sur la crise dite anglophone. Ce qui apparait de prime une action citoyenne n’est en réalité qu’une stratégie visant à caresser les sécessionnistes dans le sens du poil.

A l’issue de leurs travaux, ils ont envoyé un certain nombre de messages à l’endroit du pouvoir pour « réfléchir sur le besoin urgent d'un dialogue national, franc et inclusif ». Cette sortie médiatique intervenait à la suite de l’acte de blocage des travaux de l’Assemblée nationale par un groupe de députés Sdf en mal de sensation. Alors qu’on croyait que les choses sont revenues à la normale pour reprise des travaux de l’actuelle session devant aboutir à l’adoption du budget de l’Etat, les députés du Sdf, avec à l’heure tête, le président de leur groupe parlementaire, en empêchant le Premier ministre, Philémon Yang de prendre la parole. Dès lors, l’on peut s’interroger pour mieux appréhender le poids actuel du Sdf considéré comme la première force d’opposition au Cameroun depuis deux décennies.

Au-delà des spectacles ignobles entretenus par les députés Sdf à l’Assemblée nationale, à la vérité, le parti de John Fru Ndi n’est que l’ombre de lui-même. Ce leader charismatique au point levé, haranguer des foules des années 90, à qui on prêtait des pouvoirs surnaturels, a perdu de sa ferveur. La représentation de son parti politique au sein des instances nationales s’est fortement réduite au fil des mandats électoraux. Le bilan actuel n’est pas des plus reluisants : le Sdf est passé de 43 sièges à l’Assemblée nationale en 1997, à 18 sièges en l’élection de 2013, après 2002 (22 sièges) et le creux de la vague en 2007 avec 16 sièges seulement.

Même le score réalisé par le chairman à l’élection présidentiel est fortement allé decrescendo : 35,9% des voix en 1992, 17,40% en 2004 et 10,71% en 2011, après le boycott en 1997. Au niveau des collectivités territoriales décentralisées, depuis les élections municipales de 2013, le Sdf contrôle seulement 22 communes que compte le Cameroun, après s’être passé de 61 en 1996, 36 en 2002 et 22 communes encore en 2007. Pour les 14 sénateurs que le Sdf détient dans les régions de l’Ouest et de l’Adamaoua, il n’est pas exagéré de dire que la résultante du « coup de pouce » accordé par le RDPC dont les listes avaient été annulées par ELECAM dans ces deux régions.

Le mauvais bilan en chiffres du Sdf est aussi à mettre au passif des nombreux départs en cascade que le parti a connu depuis une décennie. Le dernier départ en date est celui de Elimby Lobe. Bien avant, des pères fondateurs et des têtes pensantes dont été chassés du parti. Des jeunes loups comme le vice-président et député Joshua Osih mettre à rude épreuve l’autoritarisme du président national.

Englué dans des luttes intestines et dans des stratégies politiques hasardeuses, le Sdf se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins dans ses fiefs traditionnels. En dehors du RDPC présent dans la bataille depuis des années, le MRC est également déterminé à marcher sur ses plates-bandes politiques en lui arrachant un électorat qui n’est plus potentiellement acquis. Cela étant, la crise anglophone est devenu le fonds de commerce des dirigeants du Sdf qui par ailleurs, s’activent pour faire le jeu des sécessionnistes.